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Naît on libre ou doit on le devenir ?

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Par   •  17 Février 2019  •  Dissertation  •  2 390 Mots (10 Pages)  •  3 749 Vues

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« L’Homme naît libre et partout il est dans les fers » C’est la célèbre citation de Rousseau qui ouvre le Contrat social. Et cette phrase pose de fait la question d’une liberté acquise dès la naissance par l’homme ou d’une liberté qui doit être acquise pour rompre nos fers. S’oppose alors en miroir deux conceptions du destin humain, voir de la vie humaine. La liberté se poserait soit en un principe absolu qui est posé dans notre existence avant tout le reste, ou alors elle serait de l’ordre d’une illusion qui nous amène à nous poser la question : Naît-on libre ? ou doit-on le devenir ? Cette interrogation semble nous proposer de réfléchir en deux temps, d’abord sur la faculté innée de liberté qu’aurait l’homme et comment la liberté s’impose à nous comme un principe, c’est à dire comme un commencement et un commandement qui précède même notre conscience, puis sur la difficulté à être libre dans un monde qui nous limite où cette liberté serait une illusion qu’il nous appartient de faire advenir réellement. Cela pose en filigrane la question de la liberté en tant que notre condition ou en tant que notre destination. J’essaierai donc dans une dernière partie de réunir dans le même miroir ces deux idées qui semblent s’opposer.

L’homme serait dès sa naissance un être libre, une hypothèse qui déjà en 1789 est affirmée par la déclaration des droits de l’homme, qui définit les Hommes comme naissant libres. Mais au delà d’un statut juridique et social, l’Homme enfant, nourrisson, témoigne-t-il des signes de liberté? Françoise Dolto une pédiatre et psychanalyste française s’est spécialisé dans la psychanalyse des enfants. Elle a montré que les enfants déjà tout petit expérimentent leur volonté face à ce qui les entoure pour pouvoir se construire. C’est la période dite du « NON ». C’est aussi l’exemple de l’Homme qui se pose en s’opposant c’est à dire qui se construit par la Détermination Négative (le pouvoir de nier), symbole de désobéissance, considéré comme une manifestation de la liberté humaine. Donc l’enfant avant même de savoir vraiment parler ou même de pouvoir concevoir le concept ou l’idée de liberté, la met pourtant en pratique avec acharnement pour exprimer son existence autonome dans le monde, période ou l’enfant petit à petit est capable de dire « je » et de se poser comme sujet originel. Il explore donc sa liberté sans avoir eu besoin de la penser, elle se pose alors comme faisant partie de lui et lui permet de se construire.

L’homme dès l’enfance disposerait donc d'une liberté de choix qui lui permettrait toujours d'agir ou de refuser d’agir. Serait il donc par ses choix le seul à déterminer sa vie? Il serait donc pleinement responsable depuis toujours de ce qu’il fait. Pour Sartre l’Homme est un néant et pour être il doit le choisir. Descartes considère lui que « la liberté de notre volonté se connait sans preuve par la seule expérience que nous en avons » en choisissant depuis notre enfance nos goûts, nos croyances, nos valeurs et nos désirs. L’homme serait donc ce qu’il fait. Le choix fait partie de sa nature même et à la fois elle la détermine.

La question des choix libres de l’Homme ( son libre arbitre ) poussé à son paroxysme se révèle aussi dans les actes gratuits dont sont capable les êtres humains, car pouvoir se déterminer à agir sans cause apparente, ne serait-ce pas la liberté maximale? Ce sont des actes motivés par rien et nécessités pour rien.L’homme est donc capable d’actes absurdes, hasardeux et purement capricieux . Par exemple dans le roman de André Gide Les caves du Vatican le personnage de Lafcadio décide de se prouver sa liberté absolue en commettant un crime sans motif: Il jette un viel homme par la porte d’un train. Descartes explique nos actes à travers le libre arbitre, pour lui rien ne nous contraint, rien ne nous force, aucune idée ne s’impose à nous sans notre consentement, nous sommes donc responsable de ce que nous pensons et de ce que nous faisons.Par conséquent l’erreur est l’effet d’un mauvais usage de mon libre arbitre et tout usage qui en est fait à pour but de nous prouver à nous même que nous sommes bien nés libres. Nous usons de cette qualité sans autre motivation que d’utiliser notre « super pouvoir », expression d’une faculté typiquement humaine, le libre arbitre.

Une faculté de liberté intrinsèque qui va au delà d’explications raisonnables sur les actes de l’homme depuis sa naissance. Dans son poème qui commence par ces mots « Homme libre toujours tu chériras la mer » Baudelaire fait un parallèle entre l’Homme et l’océan. Tout deux semblent dotés d’une profondeur insondable et d’une volonté qui semble s’exercer à travers une liberté inhérente à leur condition. Deux forces de la nature, difficile, voir impossible, à expliquer. Cependant à la fin de son poème Baudelaire émet un doute quand cette profondeur , l’abîme de leur conscience, semble déterminée par leur goût pour « le carnage et la mort ». Alors cette Liberté absolue serait elle illusoire? Serait-elle entravée par des déterminismes cachés derrière cette profondeur difficilement accessible? Spinoza nous dit « La liberté est tout simplement le nom de l’ignorance où nous nous trouvons des causes qui nous déterminent ». Invoquerions-nous trop facilement notre volonté propre lorsque nous ignorons les causes de phénomènes ? Dans ce cas, comme l’océan soumis aux forces déterminantes du vent, de la lune, des courants et de la gravité, l’Homme serait soumis à des forces extérieures de part sa condition d’être humain. Spinoza disait déjà que l’Homme n’était pas une exception de la nature , « L’homme n’est pas un empire dans un empire », c’est à dire qu’il n’est pas un îlot de liberté dans un océan de nécessité. Il aurait alors la nécessité de devenir libre car cette liberté ne lui aurait jamais été acquise.



L’Homme ne détiendrait donc pas la liberté de manière innée. Ne lui étant pas acquise il devrait donc l’obtenir et devenir libre? En effet nous allons voir que l’Homme, dès ses premiers instants est soumis à tout un tas de dèterminismes qui ne nient pas la liberté, mais qui la rend peut être illusoire et qui en tous cas oblige à sa recherche.

Le premier déterminisme que l’Homme rencontre est le déterminisme physique, c’est à dire que nous sommes déterminés par la nature. La nature nous impose des contraintes du début à la fin de notre vie, des contraintes qui se traduisent par : la faim, le sommeil, la douleur, la maladie et même dans une certaine mesure le besoin sexuel. Pour se libérer de ce déterminisme et donc devenir un

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