Marx 18 brumaire histoire et langage d'emprunt
Commentaire de texte : Marx 18 brumaire histoire et langage d'emprunt. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar TARSKY • 29 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 4 296 Mots (18 Pages) • 442 Vues
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Expliquez le texte suivant:
“Les hommes font leur propre histoire, mais il ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu’ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises. La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils appellent craintivement les esprits du passé à leur rescousse, qu’ils empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour jouer une nouvelle scène de l’Histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage d’emprunt. C’est ainsi que Luther pris le masque de l’apôtre Paul, que la révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l’Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à1795. C’est ainsi que le débutant, qui a appris une nouvelle langue la retraduit toujours dans sa langue maternelle, mais il ne se sera approprié l’esprit de cette nouvelle langue, et ne sera en mesure de s’en servir pour créer librement, que lorsqu’il saura se mouvoir dans celle-ci en oubliant en elle sa langue d’origine.”
Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
La question : qui fait l’histoire ? peut paraître complètement surfaite. L’histoire cela s’apprend, cela se connaît parce que c’est toujours déjà là, déjà fait. L’histoire nous fait, ou nous en sommes les héritiers . Ainsi, lorsqu’on dit je suis français, on dit sa naissance ou son lieu d’habitation, par quoi on reçoit une langue certes, mais aussi une histoire et une géographie. Et on ajoute, mieux vaut la connaître, pour se connaître ; pour aussi entretenir l’esprit critique ou l’unité de la nation (ou l’identité citoyenne). Mais, justement tous ces « ou », toutes ces hésitations quand on veut dire l’évidence non philosophique de l’histoire montre la nécessité de penser ce qui fait l’histoire. Et, justement, savoir que cette évidence prit en Grèce, comme ailleurs en Palestine ou Egypte, voire en Chine ou en Inde ; le nom de destin ou l’origine d’une narration s’appelant mythe jusqu’à la providence en pays chrétien. D’où, l’importance historique de déclarer à un premier niveau : les hommes font leur histoire et que les hommes en toute liberté ou indépendance à l’égard des dieux ou de Dieu , comme Sartre nous en proclamera, la condamnation. Mais, alors pourquoi cette soudaine complexité marxiste de Marx ? « mais il ne la font pas de leur propre mouvement » ?
Serait-ce le retour du destin ou des destinées, voire pire d’un affreux mécanisme fatal de forces soi-disant naturelles ou tellurique, en réalité d’un dieu plus inhumain ?! Comme Raymond Aron, en ironisera de manière voltairienne, les nouveaux Dieux et Opiums des intellectuels structurallo-dialecticien. Il y a là, on le voit, un enjeu sur le concept même de l’histoire laïcisée, ou sur les postulats théoriques du matérialisme historique qui sont, ici, exposés dans une brièveté dont la précision n’a d’égale que le caractère de préliminaire à un enjeu d’histoire immédiate( ce que Hegel appelle « histoire originale ») , ou de journalisme pour une revue aux Etats-Unis( ?), à savoir ce qui nous concerne en propre la naissance de la France républicaine, bientôt bonapartiste. Il conviendra donc, d’être attentif au mouvement spéculatif de mise en place d’une conceptualisation bientôt mise en œuvre, par Marx, mais aussi au destin de devenir une théorie faisant école. On ne pourra échapper donc à une sorte de scolastique implicite, dont le caractère minutieux et par moment ouvert ne devra pas trop faire que le mort saisisse le vif ou que nous soyons encombrés en notre cerveau pensant par « des générations mortes », qui, certains le savent aussi sont des générations de morts, paraît-il, plus particulièrement, ici, par les vertus assassines de cette scolastique là.
Ce texte n’est pas, du point de vue démonstratif, un texte philosophique ou mathématique, pas même une texte de sciences de la nature. Le double « c’est ainsi », quoiqu’il introduise deux énoncés d’exemplification à titre de confirmation du général par le singulier, introduit d’abord une succession de faits récurrents, puis une thèse générale sur le langage. Le second n’est pas historique, il introduit une analogie de la relation à la langue étrangère et à son apprentissage pour s’y mouvoir comme dans un monde nouveau intellectuellement( ou idéologiquement), on prend l’ancienne langue avant de comprendre et d’user tout en inventant de nouvelles tournures de la nouvelle.
Il convient, donc, d’être attentif au type de généralités énoncées par l’auteur en attaque du texte et de son travail historique. Si l’expression : « les hommes font leur histoire » pose un sujet acteur générique, en révocation de la substance impersonnelle ou personnalisée infinie ou indéfinie, la nuance en contradiction ou opposition suivante, indique un problème en même, temps qu’une relation à un « programme de recherche », selon l’expression de Lakatos( répondant au naufrage relativiste et sceptique de Feyerabend et de sa notion de paradigme emprunté à Kuhn), ou d’un ensemble de concepts, principes et énoncés légaux ou classificatoires, selon l’épistémologie française (ou disons systémique) dans la diversité des faits et événements, au moins en période révolutionnaire.
A savoir que les individus selon de expressions empruntées soit à l’Idéologie allemande soit à la préface de la contribution à l’économie politique, sont toujours pris dans des rapports sociaux, essentiellement de productions et doivent produire leur conditions d’existences dans des conditions déterminées ; mais comme le souligne l’Idéologie allemande déjà, il n’y a là, contrairement à ce que les hégéliens de gauche avaient reçus de Hegel nul « Gattung »( comme chez Feuerbach), nulle conscience de soi ( comme chez Bruno Bauer) ou nul esprit écrasant les hommes de son empire transcendant ou essentialiste éternel( comme ils le doivent tous à Hegel), fusse-t-il l’éternel humain de Feuerbach, et de sa sensibilité à l’ici et au maintenant de l’arbre perçu- c’est ce qu’il objecte à Hegel se voulant matérialiste, mais il oublie que l’arbre ne serait pas sans être produit par des hommes dans des conditions géographico-historique, ajoutera Marx ; donc, il n’y a rien de spirituellement destinal ou temporellement dévorant les petits dieux que nous serions , mais une exigence de déterminer conceptuellement le temps de l’historicité selon les strates archéologiques des nos conditions matérielles d’existences, en rapport à nos outils et à nos semblables tels qu’ils sont empiriquement co-présents. Tel est ce qu’on peut ,ici, comprendre en s’appuyant sur le travail à propos de la notion de commencement, déjà fort travaillé par Hegel en sa circularité du progrès et de la régression, et telle que l’aborde l’Idéologie Allemande,( 1)Feuerbach), on commence toujours simplement par les individus empiriquement là, et non par un fantôme d’esprit absolu écrasant l’homme, comme un fétiche dégénéré. Marx recoure, alors, au bon sens individualiste de Stirner contre l’essentialisme de Feuerbach ; quoique là aussi le caractère empirique de l’individu, fasse que le Moi ne doit pas être essentialisé, en sa propriété soi-disant unique, c’est la limite du Fichtéanisme( d’après la rectification qu’ Althusser a tenté) de Marx que d’en venir, comme pour l’arbre de Feuerbach, à l’idée que même l’individu moderne est produit par son histoire. Mais, dans cet article de travail d’histoire ou de chronique du 19° siècle, en tant que période du social ou de la société civile-bourgeoise, il insiste sur la visibilité de la structure( base ou super) dans l’événement et les faits qui l’encadrent, et non dans un avènement définitif ; il s’agit plutôt comme d’une modélisation ou une crise physiologique qui exacerbe le symptôme ; à savoir que leur mouvement n’est pas volontaire ni de leur propre initiative ; et que cela signifie que les conditions d’une histoire sont toujours « déjà-là », selon une tradition. Il apparaît donc que les morts ou les traditions pèsent même en période de révolution ou de rupture et donc d’innovation .
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