“Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte”, Karl Marx
Dissertation : “Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte”, Karl Marx. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Aepll • 3 Novembre 2024 • Dissertation • 1 938 Mots (8 Pages) • 3 Vues
Exposé : “Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte”, Karl Marx
Dans son ouvrage "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte," rédigé en 1852, Karl Marx, philosophe et théoricien politique, principalement connu pour son œuvre majeure Le Capital, dans laquelle il développe sa théorie économique critique du capitalisme, nous propose ici une analyse approfondie des événements politiques du XIXe siècle.
En se concentrant sur le coup d'État orchestré par Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851, Marx applique une approche matérialiste et historique, caractéristique de sa pensée, pour révéler les dynamiques sociales et les aspirations révolutionnaires qui ont caractérisé cette période. À travers son analyse, Marx explore les liens complexes entre les forces politiques, les aspirations populaires et les conditions socio-économiques, offrant ainsi une perspective sur la nature du pouvoir politique.
Nous allons ainsi nous demander pendant cette présentation: comment Karl Marx, à travers son approche analytique dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, nous pousse-t-il à décrypter les dynamiques sociales et les aspirations révolutionnaires en France au XIXe siècle menant au coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte ?
Nous verrons dans une première partie en quoi Marx caractérise la répétition historique comme un principe logique.Nous verrons ensuite l'analyse qu'il fait des prémices et de l'instauration du coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte. Finalement, nous verrons l’analyse sur les dynamiques politiques et Métamorphoses du Pouvoir que Marx met en avant dans son ouvrage.
Nous allons maintenant voir en quoi Marx caractérise la répétition historique comme un principe logique, en se concentrant tout d’abord sur la comparaison entre les évènements de 1799 et 1851.
Le 18 Brumaire de l'an VIII, donc le 9 novembre 1799, Napoléon Bonaparte renverse le Directoire et accède au poste de Premier Consul. Plus tard, le 2 décembre 1804, il est sacré Empereur de France. En moins d'un demi-siècle, un événement similaire semble se dérouler : le 2 décembre 1851, son neveu Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III, reproduit ces événements. La récurrence historique se manifeste alors de manière inévitable en tant que principe logique.
Cette observation va pousser le philosophe à nourrir sa réflexion et à s'interroger sur la question : pourquoi les êtres humains semblent-ils destinés à reproduire des mêmes épisodes de leur propre histoire ? Que dévoile ce phénomène sur la nature du pouvoir politique ?
Nous allons maintenant nous pencher sur les interrogations que va émettre Marx.
Il va répondre à ses interrogations, en se basant sur ce que George W. F Hegel va dire dans son ouvrage “Leçons sur la philosophie de l’histoire”( 1822-1830). Ainsi, en reprenant les dires du philosophe allemand, Marx va introduire son ouvrage avec le constat suivant :
“ La Révolution de 1789-1814 se drapait tour à tour en République romaine ou en Empire romain, et la Révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt la tradition révolutionnaire de 1793-1795” .
Ainsi, selon l'auteur, les hommes ne sont pas les artisans de leur propre histoire, et que les événements et leurs actes prennent forme dans des circonstances qui leurs sont “ immédiatement données et héritées”. De cette manière, “la tradition de toutes les générations disparues pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants” Toutefois, Marx réinterprète la théorie hégélienne en élaborant avec ses propres conjectures. Selon lui, le processus de répétition ne se déroule pas de manière neutre : un événement ne se reproduit pas à l'identique dans des conditions identiques. Au contraire, la reproduction d'un événement prend la forme d'une imitation de la tradition.
Ainsi, Le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte est considéré selon Marx comme une farce, une sorte de travestissement du présent.
Dans cette seconde partie, nous allons nous concentrer sur l’analyse des prémices et de l’instauration du coup d’État de Louis Bonaparte.
Nous allons tout d’abord voir en quoi Marx voit la IIème République comme “une ligne descendante”.
Marx va en effet insister dans son ouvrage sur le déclin de la deuxième république. Il va mettre cela en contraste avec la Révolution de 1789, où il met en avant les caractéristiques de cette révolution qui lui permettent selon lui d'avoir une logique "ascendante". En effet, au cours de celle-ci, les intérêts prolétariens parviennent à prendre le devant de la scène, quand dans celle de 1848 le schéma inverse se dessine. Selon lui, le prolétariat se retrouve rapidement relégué en arrière-plan du mouvement révolutionnaire.
Ainsi, Marx va mettre en avant dans son texte 3 grandes périodes où successivement, les divers intérêts de classes s'unissent puis entrent en conflit, augmentant à chaque fois la probabilité de l'accession au pouvoir de Bonaparte.
La Révolution de février 1848 met fin à la Monarchie de Juillet qui avait porté Louis-Philippe au pouvoir. La première phase, le « gouvernement provisoire », de février à mai 1848, voit chaque segment de la société française (élites financières, « bourgeoisie républicaine », « petite bourgeoisie sociale-démocrate », « classe ouvrière et prolétarienne ») chercher à influencer la nouvelle direction.
La seconde phase, de mai 1848 à mai 1849, voit la « constitution de la République bourgeoise » succéder logiquement à la « monarchie bourgeoise ». Elle est marquée par le recul du prolétariat parisien écrasé lors des soulèvements de juin 1848, et par
la montée puis la décadence de la bourgeoisie républicaine. Celle-ci perd progressivement le contrôle de l'Assemblée nationale, face à la concurrence de Louis-Napoléon Bonaparte, élu Président de la République le 10 décembre 1848, par suffrage universel.
La troisième grande phase, de mai 1849 à décembre 1851 selon Marx, est caractérisée par l'hégémonie du « parti de l'ordre », une coalition variée de la grande bourgeoisie comprenant propriétaires, industriels et aristocratie financière. Principalement représenté par les royalistes, ce groupe remporte la majorité parlementaire et obtient divers ministères. Pendant cette période, « les royalistes prirent simplement Bonaparte pour leur dupe » (p. 85), aliénant ainsi les classes populaires qu'ils répriment. L'opposition croissante entre Bonaparte et le corps législatif, fortement impopulaire, permet à ce dernier d'organiser son coup d'État, sous le regard impuissant de la société française.
Ainsi, nous allons voir comment Karl Marx voit l’ascension de Napoléon Bonaparte. Marx considère l'avènement au pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte comme une énigme véritable : comment une nation de 36 millions d'habitants peut-elle être prise au dépourvu et capturée sans résistance par ce qu'il appelle "trois chevaliers d'industrie" ? Comment un héritier à la "longue vie aventureuse de vagabond" parvient-il à s'imposer si facilement ? Bien que l'auteur adopte souvent un ton plutôt péjoratif envers Bonaparte, il cherche à se distinguer de la critique morale de Victor Hugo dans "Napoléon Le Petit" (1852). L'auteur "démontre comment la lutte des classes en France a créé les circonstances et les conditions rendant possible qu'un personnage médiocre et grotesque joue le rôle de héros".
Selon Marx, il existe une correspondance fondamentale entre cet individu, dont la vie est orientée vers l'enrichissement personnel, et une vaste partie de la population, aspirant simplement à "exploiter une mine d'or en Californie". De manière similaire, Bonaparte incarne les "paysans parcellaires", la catégorie la plus nombreuse de la société française. Cette classe rurale, peu organisée, opère dans un mode de production basé sur la propriété privée, ce qui entraîne l'isolement et le repli individuel. Dans le contexte de l'ascension de la bourgeoisie au pouvoir, cette "classe moyenne" nécessite un pouvoir exécutif fort pour se défendre contre les classes dominantes.Cependant, bien que Bonaparte demeure avant tout le garant de l'ordre bourgeois. Le coup d'État survient dans un contexte de crise économique et politique, où la division au sein de la bourgeoisie contraint cette classe à temporairement céder le pouvoir afin de préserver sa puissance matérielle. « La bourgeoisie affirmait sans équivoque qu’elle aspirait à se défaire de sa propre domination politique pour se libérer des tracas et des dangers qui accompagnent la domination » .
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