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L’hypothèse de l’inconscient nous rend-elle étrangers à nous-mêmes ?

Dissertation : L’hypothèse de l’inconscient nous rend-elle étrangers à nous-mêmes ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Juin 2020  •  Dissertation  •  2 512 Mots (11 Pages)  •  700 Vues

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Oscar Lasne                                                                                            TS5

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        Lorsque vient le sujet de l’inconscient en philosophie, on peut étudier l’effet que ce dernier a sur nous, en tant qu’homme. On peut émettre une hypothèse selon laquelle l’inconscient nous éloignerait de nous-mêmes, mais la thèse opposée peut aussi être avancée. En effet, la thèse selon laquelle l’inconscient ne nous rend pas étrangers à nous-mêmes semble également pouvoir être soutenue, ce qui nous mène au problème suivant : l’hypothèse de l’inconscient nous rend-elle étrangers à nous-mêmes ? Le sujet de l’inconscient intéresse beaucoup les philosophes de toutes les époques, car leurs points de vue  divergent sur ce vaste sujet. Quoi qu’il en soit, on ne peut accéder que très peu à cet inconscient, ce qui nourrit les débats et les différentes hypothèses. Malgré le fait que nous ne puissions accéder à notre inconscient, ne peut-on pas penser que celui-ci nous reste tout de même étranger de par la restriction que nous avons dans notre découverte de l’inconscient ?

        Avant de se demander si l’inconscient nous éloigne de nous-mêmes, il semble essentiel de définir l’inconscient, à ne pas confondre avec l’inconscience. L’inconscience définirait par exemple le sommeil, c’est-à-dire un état psychique dans lequel le sujet perd la conscience de son environnement extérieur, alors que l’inconscient est un terme plus général, définissant tout ce qui n’est pas conscient. Qu’entend-t’on donc par là ? On parle d’inconscient à propos de toutes les pensées qui ne sont pas actuellement conscientes et qui ne sont pas disponibles à volonté. Un exemple courant de pensée inconsciente est celui d’un cours d’eau proche du sujet, à force d’entendre le bruit de ce cours d’eau, le sujet ne s’en rend plus compte. Il entend le bruit, donc devrait le percevoir, mais il faut un élément déclencheur pour que celui-ci se rende compte du bruit à nouveau, ou que le bruit s’arrête par exemple. Durant le lapse de temps pendant lequel il n’avait plus conscience de ce bruit, la pensée en était inconsciente. Mais alors si nous n’en sommes pas conscient, alors logiquement nous ne savons rien de notre propre inconscient. Si nous n’en savons rien on peut supposément affirmer qu’il est étranger à nous-mêmes.

        Que signifierait cette formulation ? On peut interpréter le terme « étranger » comme une sorte d’éloignement, d’inconnu ou d’incertain, mais le terme posant réellement question est la notion de « nous-mêmes ». On peut voir à travers cette formulation, le corps humain, mais il semble que ce terme soit trop large, alors peut-on penser à notre conscience, et c’est de ce postulat que l’on part si l’on veut suivre la thèse selon laquelle l’inconscient nous rend bel-et-bien étrangers à nous même. L’inconscient ne représente certainement pas une sorte d’opposé de la conscience, car comme énoncé précédemment certaines pensées inconscientes sont tout de même disponibles dans le cas où un élément déclencheur (humain ou non, d’ailleurs) intervient ; mais elles ne le sont pas disposition à volonté. On pourrait alors se représenter les différents états de conscience sur une ligne, avec une limite entre les différentes états conscients et inconscients. Cette limite peut sembler floue, à l’image de la représentation que l’on se fait de l’inconscient.

        Cette hypothèse de limite entre la conscience et l’inconscient, déterminant si ce dernier nous rend étrangers à nous-mêmes ou non, peut être entendue. Si l’on considère strictement nous-mêmes est uniquement notre conscience, alors oui, l’inconscient nous rend étrangers à nous-mêmes. Car partant de ce postulat, toute pensée dont nous ne sommes pas conscient, même pendant un lapse de temps limité, est en quelque sorte extérieure à nous-mêmes, elle ne ferait pas partie de nous. Cela peut également sembler étrange mais soutenable de penser que certaines actions sont étrangères à nous-mêmes en considérant l’inconscient comme extérieur à notre personne. Là vient un sens que l’on peut trouver au terme « étranger », un sens selon lequel ledit objet est tant présent qu’absent, et on peut ici faire le lien entre la définition suivante et l’inconscient. L’inconscient est présent car il est dans la continuité de la conscience, et il est bien présent car nous disposons de pensées inconscientes telles que la respiration par exemple, dont nous ne nous rendons pas compte constamment. En même temps, l’inconscient semble absent car on ne le perçoit pas. On peut par ailleurs s’interroger de savoir si il est correct de s’identifier seulement à notre conscience, ce qui remettrait en question la thèse énoncée.

        Il y a en effet, de nombreux philosophes rejetant cette hypothèse pour la raison même que selon eux, nous ne pouvons pas nous identifier à notre conscience seulement. C’est le cas de Bergson, qui dit dans L’évolution créatrice, que nous sommes « la condensation de l’histoire que nous avons vécue depuis notre naissance », impliquant en quelque sorte le principe d’expérience, et l’apprentissage que nous en tirons. Il explique ensuite cette affirmation en disant cela : « nous ne pensons qu’avec une partie de notre passé, mais c’est avec notre passé tout entier que nous désirons, nous voulons, nous agissons. »  Ce que Bergson veut dire dans cet extrait est que même si nos pensées et ne sont dirigés que par une partie de notre passé, c’est à dire que notre conscience ne s’identifie elle-même qu’à certains morceaux de notre histoire, ce n’est pas le cas de notre inconscient. Notre inconscient s’exprime dans nos désirs et dans nos actions comme le dit également Freud via la psychanalyse, et il semble logique de dire que nos agissements nous appartiennent. La preuve en est que, si je commets une maladresse et brise un objet, ce n’était pas volontaire certes, sûrement loin de moi était l’idée consciente de casser un objet, et j’aurais également des difficultés à admettre que mon inconscient en est la cause, mais ma conscience est pourtant capable d’affirmer que c’est moi-même qui ait cassé l’objet, donc si ce n’est pas l’oeuvre de ma conscience, mais que c’est tout de même moi, alors c’est mon inconscient.

        Freud explique alors dans son ouvrage Introduction à la psychanalyse que notre esprit pourrait être assimilé à plusieurs pièces d’un appartement. Voici l’analogie qu’il fait : « Nous assimilons le système de l’inconscient à une grande antichambre, […] à cette antichambre est attenante une pièce plus étroite, une sorte de salon, dans lequel séjourne notre conscience ». On retrouve ici ce que décrit également Bergson, avec l’antichambre, grande, qui s’apparente à notre inconscient qui se sert de notre passé tout entier, et le salon, petit, qui est notre conscience  et notre préconscience, ne prenant en compte que certains morceaux de notre histoire. Freud ajoute néanmoins un élément clé, il s’agit du gardien. Le gardien est une censure des pensées inconscientes souhaitant aller dans le salon, et Freud précise que cette censure peut à la fois s’appliquer avant que ces pensées passent le seuil de la porte, et s’appliquer après. Celles qui sont constamment renvoyées par la censure sont refoulées, et celles qui passent ne viennent pas automatiquement à l’esprit d’un individu, mais elles sont disponibles à la conscience, Freud nomme cet état la préconscience. En quoi cela fait donc que nous ne sommes pas étrangers à nous-mêmes dans l’hypothèse de l’inconscient ?

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