Les œuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres ?
Fiche : Les œuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Caroline Drn • 1 Octobre 2016 • Fiche • 1 827 Mots (8 Pages) • 2 028 Vues
Les œuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres ?
L'art : désigne la technique, la recherche du beau, la création artistique, le savoir faire. En tant que pratique, c'est le fait pour l'artisan qu'un talent le rende apte à créer la beauté. Si l'art est une technique, il suppose l'apprentissage de règles et procédés ainsi qu'une habileté. «Le hasard aime l'art, l'art aime le hasard» a dit Aristote, qui voyait la technê comme la liberté de l'homme. L'artisan est le rival de la nature car il intervient et modifie les formes et la contingence.
L'art comme manifestation anthropologique universelle
La mise en art de notre expérience du monde se fait à partir de 3 opérations : perception auditive, perception visuelle, narration. 3 mondes de l'art son possibles :
→ Le monde des sons : on accède à l'art de sons dès qu'une expérience sonore devient auto-suffisante. Il faut entrer dans un univers rempli de sons causés par d'autres sons, faisant naître des rythmes, durées, mesures, silences, notes. La musique comme art nous fait accéder à un monde réduit au sonore, indépendant des choses, un monde d'événements purs. Schopenhower écrit dans Le monde comme volonté et comme représentation : «la musique n'existe que dans le temps». Pour lui, là est la supériorité de la musique sur les autres arts : monde d'émotions pures, délivré de tous soucis de représentation.
→ Le monde des images : on entre dans ce monde quand on veut représenter des choses qui ne changent plus. Dès l'enfance, se représenter qqch en image (dessin, peinture), c'est vouloir fixer par des contours la figure des choses. Le but est que l'image se mette à exister par et pour elle-même dans un monde visuel, comme si dans ce monde le temps n'avait pas de prise. Comprendre une image c'est réussir à voir une diversité de traits/couleurs formant un tout. Accéder à l'art des images c'est pouvoir considérer une image comme une réalité à part entière.
→ Le monde des récits : nous ne sommes pas seulement passifs face au monde mais acteurs. Le récit du conte, mythe qui commence avec l'idée qu'il y a des actes et des êtres qui agissent avec des raisons d'agir. Depuis très longtemps, les enfants se racontent des histoires pour parler du monde à travers les actes des personnages qui sont les sujets de leurs actions. On raconte ce qui arrive à des sujets pour pouvoir le devenir pour nos actions. L'identité personnelle se constitue en se racontant. Tout l'art du cinéma, roman, théâtre correspond à ce besoin d'imaginer que des personnes construisent leur destin et s'identifier à eux.
Le désir de créer des œuvres peut être un prolongement de ces expériences enfantines. Psychologiquement, le lien entre art/jeu est primordial : être capable de jouer c'est pouvoir faire semblant, inventer, créer. Le moment du jeu est une invention libre. Les récréations sont des moments pdt lesquels nous réinventons nos manières de voir et faire. Et Freud, dans Essais de psychanalyse appliquée, rapproche le poète et l'enfant qui joue : «le poète fait comme l'enfant qui joue, il se crée un monde imaginaire qu'il prend très au sérieux». Pour Winnicott, psychanalyste anglais, le jeu tout comme l'art et la religion correspondent à un besoin psycho d'expériences intermédiaires entre l'impossibilité d'accepter la réalité et son acceptation. Pourtant l'art n'est pas slmt un jeu d'enfant car la création artistique réunit les deux rapports essentiels au monde : jeu et travail.
La singularité dans l'oeuvre d'art
Selon Lévi-Strauss, dans Mythologiques, l’œuvre joue un rôle de témoignage et de trace : "les hommes ne diffèrent et même n'existent que par leurs œuvres... elles seules apportent l'évidence qu'au cours des temps quelque chose s'est réellement passé.". Au sein de la culture, ce que l'on appelle les Beaux Arts sont reconnus pour leur dimension technique, expressive, historique, religieuse, sociale, esthétique. Arendt dit que "toute discussion sur la culture doit prendre comme point de départ le phénomène de l'art". Pour elle, parmi les œuvres humaines, l’œuvre d'art a une dimension exceptionnelle, est bcp plus durable que tous les autres produits du travail et résiste mieux à l'épreuve du temps. Les œuvres d'art fondent le monde culturel, expriment toute la distance des hommes par rapport à leurs besoins biologiques. Elles résistent le mieux au processus de consommation et de disparition. Mais les œuvre d'art sont "des choses qui existent
indépendamment de toute référence utilitaire ni fonctionnelle et dont la qualité demeure toujours semblable à elle-même". Une œuvre d'art ne sert donc à rien , mais par là sa valeur persiste. S'il existe une histoire des arts, dans l'art il n'y pas de progrès artistique. Dans Le savant et le politique, Weber compare l'art et la science : "le travail scientifique est solidaire d'un progrès" et "dans le domaine de l'art au contraire il n'en existe pas".
L'expérience du beau s'oppose au cour de la vie ordinaire, parfois on a du mal à y faire face. Cette expérience peut être un choc émotionnel et intellectuel. Kant a une hypothèse dans Critique de la faculté de juger. Il dit que si les goûts diffèrent selon les époques et les cultures, il existe en tout homme une sorte de sens esthétique, une aptitude à la contemplation du beau : "le jugement esthétique est simplement contemplatif". Le goût du beau s'exprime librement et a une dimension intellectuelle : elle met en mouvement le "libre jeu de nos facultés" (les sens, la pensée et l'imagination). Selon lui, on ne peut pas prouver le beau, il n'y a pas de science de la beauté ni de raisonnement. On doit seulement éprouver. Quand on dit "c'est beau!!!" on utilise un mot pour décrire une disposition de notre esprit face à cet objet. Pour Kant, "il ne peut y avoir nulle règle objective du goût qui détermine par concept ce qui est beau [...] c'est le
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