Les représentations du monde
Cours : Les représentations du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sarah Guerre • 8 Décembre 2021 • Cours • 2 469 Mots (10 Pages) • 1 436 Vues
Séquence 2 : Les représentations du Monde
Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation (1818)
« Le monde est ma représentation - c’est une vérité qui vaut pour tout être vivant et connaissant, encore que seul l’Homme puisse la porter à la conscience réfléchie et abstraite. Il se rend à la certitude et l’évidence que ce qui est connu par lui n’est ni le soleil ni la terre mais que ce n’est jamais qu’un œil voyant un soleil, une main touchant une terre, que le monde environnant n’existe qu’à titre de représentation, c’est à dire seulement en rapport avec quelque chose d’autre : avec ce qui se représente, à savoir l’Homme lui-même. »
En quoi ce texte-là remet-il en cause nos connaissances ?
Le philosophe SCHOPENHAUER soutient dans son principal ouvrage que « Le monde est ma représentation », et pas « notre représentation ». Il nous invite à penser de façon directe quelque chose qui n’est pas immédiat et qui va contre la doxa. D’une manière générale, nous croyons vivre dans la réalité, au contact du monde sans médiation particulière. Le philosophe nous explique qu’entre l’homme et le monde s’interpose la représentation, qui est dépendante de la conscience humaine et de la pensée qui la caractérise. Avant de vivre dans le monde réel, chaque humain vit d’abord dans un système de représentations que sont esprit a organisé.
Cela pose le problème de la véritable nature du monde et de la réalité. Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, nous ne les saisissons qu’à travers des représentations. Les représentations peuvent être sensibles à la manière des images, à la manière des idées ou des pensées, à la manière des croyances, à la manière de l’opinion.
En soutenant que le monde est ma représentation, le philosophe (Schopenhauer) nous invite à penser le caractère particulier et déterminant des représentations qui constituent l’univers mental des individus. Il y aurait autant de représentations que d’hommes et de femmes. Il s’agit d’une position relativiste, qui consiste à faire dépendre toute vision du monde, toute conception de l’individu, de ses goûts, de ses valeurs, de ses désirs et de ses idées. Le relativisme pose problème philosophiquement ; il laisse penser que tout jugement, que toute représentation, ne dépend que de soi. À cela, on peut opposer l’existence de représentations collectives/communes, déterminées par la culture, c’est à dire par le pouvoir des institutions qui organisent la société. Dans cette perspective, chaque société, chaque époque pourrait produire son propre système de représentations. Il existe donc également un relativisme culturel, en plus du relativisme individuel. Par exemple, les Celtes, les Égyptiens, etc... ont leur propre système de représentations.
Dans l’histoire, des représentations se succèdent sans forcément faire disparaître les plus anciennes (par exemple : les modes vestimentaires peuvent reprendre des goûts, des styles, qui ont déjà existé) pour déterminer une nouvelle sensibilité et de nouvelles pratiques.
Si le monde est « ma » représentation ou s’il est lié à une représentation collective, il se pose un double problème : celui de la connaissance d’une part, « que peut-on connaître réellement ? » , et d’autre part, celui de la vérité, « la vérité est-elle accessible ? ». Par exemple, la justice peut se comprendre comme une représentation ; mais dans ce cas, elle n’aurait pas de valeur universelle et serait relative. C’est ce que soutient Pascal, dans les Pensées, « Plaisante justice qu’une rivière borne ; vérité de ce côté-ci des Pyrénées, erreur au-delà ». Le droit ne définit pas l’essence ou la nature de la justice mais uniquement ses conditions d’application. Ce système de fonctionnements (juridiques) est dépendant des représentations sociales et culturelles. C’est la philosophie qui interroge la nature du droit et de la justice ; Pascal pointe ici sa relativité, en se moquant de ceux qui s’imaginent avoir compris ce qui est juste.
Claude Lévi-Strauss, anthropologue et ethnologue, Règle universelle, « L’interdiction de l’inceste » ; le principe central est l’interdiction de relations sexuelles à l’intérieur de la famille nucléaire et « l’interdiction du mariage » dans la même famille.
Claude Lévi-Strauss pense avoir découvert l’unique règle universelle sur laquelle l’organisation sociale est garantie, l’interdit de l’inceste et l’exogamie. Cela distinguerait l’humanité des autres espèces naturelles parce que la règle structure la représentation par sa dimension symbolique.
Claude Lévi-Strauss dégage un interdit universel, et cela voudrait dire qu’il existerait au moins une représentation universelle. On assiste à une variation de la représentation. L’interdit de l’inceste comme l’interdiction du mariage à l’intérieur de la famille nucléaire permet de dégager une représentation, qui aurait, d’après l’ethnologue, une signification universelle et anthropologique. Universelle, car toutes les sociétés, toutes les cultures se structurent autour de cet interdit majeur, même s’il existe des variations (souvent portées sur la question de savoir à quel degrés d’éloignement peut on se marier avec un cousin par exemple). Anthropologique, car cet interdit est une règle sociale, et pas une loi naturelle.
À partir de là, on peut constater que tout ce qui ne concerne pas l’interdit de l’inceste est soumis aux variations culturelles et historiques.
Est-il possible d’unifier les représentations en distinguant les grandes périodes de l’histoire ?
On peut repérer dans l’histoire de l’humanité trois grands types de représentations liés à des époques possédant un certain nombre de caractéristiques.
Le premier type de représentation est le cosmocentrisme. C’est une manière particulière de penser, de concevoir et de se représenter le rapport de l’homme au monde. Dans ce cas de figure, le référent est le cosmos, il représente les forces de la Nature. Le terme « Cosmos » grec, équivaut au « Mundus » des latins. Le terme « Cosmos » renvoie à un certain ordre, est pensé comme une Nature esthétique, ordonnée, gouvernée par une harmonie, où chaque chose a une place, et où toutes les choses sont à leur place. Le cosmocentrisme est le mode de représentation de l’Antiquité, de toute la pensée antique. On le retrouve, défini
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