Les Hommes peuvent-ils se passer de travailler ?

« Les Hommes peuvent-ils se passer de travailler ? »

Le travail peut faire émerger deux sentiments contradictoire. Tantôt, nous pouvons le trouver asservissant, tantôt nous pouvons le trouvons épanouissant.

Cependant, originellement perçu comme un châtiment divin (Adam, expulsé du paradis, condamné à travailler), le mot vient du latin « tripalium » qui désigne un instrument de torture permettant de punir les esclaves. La question se pose alors : les hommes peuvent-ils se passer de travailler ?

Se demander si les Hommes peuvent se passer de travailler, ça n’est pas se demander si les Hommes doivent se passer de travailler, mais si les Hommes peuvent se passer de travailler, c’est à dire s’il est possible mais surtout s’il paraît légitime que les Hommes se passent de travailler.

Spontanément, on aurait tendance à penser que les Hommes ne peuvent pas se passer de travailler car il permet à chacun de se forger et de subvenir à ses besoins.

Toutefois, le travail permet-il réellement à chacun de s’épanouir ? S’en passer, ne serait-ce pas également s’éviter des contraintes, voire ressentir une sensation de liberté ?

Autrement dit, faut-il penser que le travail est libérateur, ou au contraire faut-il penser que le travail est aliénant ?

Dans un premier temps, il semble que les Hommes ne peuvent pas se passer de travailler car il permet de s’épanouir, de développer ses qualités et de subvenir à ses besoins.

Tout d’abord, le travail permet de modifier la nature et de se modifier soi-même.

En effet, le travail humain se distingue du travail animal qui est instinctif et mécanique.

Contrairement à l’animal, l’Homme effectue son travail de façon consciente. Dès lors, l’Homme par son travail s’arrache à son existence immédiate.

Il fait un effort volontaire et conscient qui lui permet de s’extérioriser et de transformer le monde.

Par exemple, en construisant des villes, des routes, des monuments, l’Homme s’extériorise et créé un monde nouveau, artificiel, qui s’oppose au monde naturel.

Le travail est donc libérateur et formateur, comme le souligne Hegel dans La Dialectique du maître et de l’esclave.

Il explique entre autres que le maître qui ne travaille pas perd peu à peu son autonomie et qu’à l’inverse, l’esclave, qui travaille, transforme les choses et se transforme lui-même. Ainsi, de façon paradoxale, l’esclave devient le « maitre du maitre » car même si son travail est pénible et laborieux, il se forme, s’éduque et transforme le monde.

En effet, tout ce que le maître possède est produit par l’esclave. Le maître n’est donc pas un être indépendant, mais plutôt dépendant de l’esclavage.

Ensuite, le travail peut également être un moyen de trouver sa place dans la société, de s’humaniser, et d’obtenir de la reconnaissance.

En effet, l’Homme est un être social, un « animal politique destiné à vivre en société » selon la formule d’Aristote.

Ainsi, le chômeur ne souffre pas seulement d’un déficit financier, mais aussi et surtout d’un sentiment d’exclusion de la société, celui d’être inutile à son fonctionnement.

Par exemple, Voltaire dans Candide présente le travail comme une source de bonheur. Dans la petite communauté formée par les personnages à la fin du conte, chacun s’accomplit dans sa tâche. La fameuse citation finale, « Il faut cultiver notre jardin », souligne la nécessité du travail dans le bonheur et l’accomplissement de l’Homme lui permettant de s’insérer dans la société, ainsi que de vivre en paix et en harmonie.

Finalement, le travail, de par son rapport à l’argent, peut aussi permettre à un individu de s’extraire d’une situation précaire mais aussi et surtout de se forger.

Par exemple, dans le film de Gabriele Muccino « A la recherche du bonheur », qui relate une histoire vraie, Chris Gardner, le protagoniste, va très rapidement se retrouver dans une situation financière délicate. A la rue et désormais seul responsable de son fils, il se démène pour décrocher un travail jusqu’au jour où il se découvre passionné pour le monde de la finance.

En effet, le rapport que nous avons à notre travail permet d’en modifier notre perception et ainsi permettre d’y attribuer une facette positive, voire attractive. En outre, un travail qui serait réalisé de façon animale, instinctive (dû à la nécessité de subvenir à ses besoins), à laquelle on y rajouterait une perspective humaine consistant à l’effectuer de façon consciente et volontaire, peut nous amener à nous surpasser et sortir de certaines situations indésirables. D’ailleurs, le jeune réalisateur Xavier Dolan a dit, lors de sa remise de prix, « Je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais ».

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