Le rôle de l'Etat est-il d'assurer le bonheur des citoyens ?
Dissertation : Le rôle de l'Etat est-il d'assurer le bonheur des citoyens ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ana999 • 28 Mai 2022 • Dissertation • 3 214 Mots (13 Pages) • 2 086 Vues
Baccalauréat blanc 2 - AVRIL 2022 - CORRIGE
1er sujet : Le rôle de l'Etat est-il d'assurer le bonheur des citoyens ?
Eléments d’analyse pour l’introduction : - on interroge principalement le rôle, la fonction de l’État (A quoi sert l’État?)
- Etat conçu comme instance concentrant un pouvoir important : ce pouvoir comprend-il la prérogative du bonheur ? Quelle extension de ce pouvoir ? S’il se préoccupe du bonheur des gens, l’État est-il dans son rôle ou l’outrepasse-t-il ?
- Bonheur conçu comme état de satisfaction global. Individuel ou collectif.
- « assurer le bonheur » : on interroge une part active prise par l’État, comme si le citoyen pouvait/devait s’en remettre à lui pour la question du bonheur. Une telle passivité concorde-t-elle avec l’enjeu de l’élaboration du bonheur ? Ne la contredit-elle pas ? Assurer/assurance = idée de prise en charge assez totale, avoir la responsabilité, répondre juridiquement/financièrement de (penser, pour aider l’analyse, à l’assurance au sens courant du terme, des biens, des personnes...)
- Caractère évident de l’impossibilité de détacher complètement la question du bonheur et l’État, peut-être même idée que l’État instauré pour que les citoyens gagnent en bonheur. Ne signifie pas néanmoins que lE. Ait à l’ « assurer ». Si ce n’est pas un rôle de ce type, quel autre rôle ? Quelle(s) nuance(s) pourra-t-on établir ? Rendre possible, autoriser, par exemple, c’est participer à , mais plus lointainement qu’assurer…
Un plan possible :
I. L’instauration de l’État peut être pensée comme une amélioration, un progrès favorisant le bonheur individuel et collectif.
1. Le citoyen renvoie à l’organisation collective des conditions de vie : quel que soit le degré d’implication de l’État (2 grands concurrents, l’État libéral/providence), le citoyen s’en réfère à l’État dans un certain nombre de domaines importants de l’existence : impôts = organisation collective de la richesse, des moyens ; éducation nationale = organisation collective de l’éducation, de la formation des esprits, de la culture. De même pour le travail, la santé… L’État instaure un cadre légal et des structures institutionnelles qui constituent un cadre au sein duquel l’individu est toujours déjà inscrit dans ses choix personnels (ceux qui dessineront son accomplissement personnel). A ce titre, l’État concentre un grand pouvoir d’action sur les trajectoires individuelles.
2. Fait théoriquement sortir d’une situation (l’état de nature) qui condamne le bonheur ou la condition du bonheur = la garantie de rester en vie. Sortie de la lutte pour la vie = élément 1er nécessaire qui précède et fonde toute question du bonheur (assurer la survie, puis se préoccuper de vivre et bien vivre). S’observe a contrario : dans les situations de disparition de l’État, résurgence d’une violence caractéristique de l’état de nature (pays en guerre, d’une certaine façon, banlieues, lorsque par ex. les forces de polices n’y pénètrent plus…).
II. Néanmoins, l’instauration de l’État ne vise pas immédiatement (directement) le « bonheur » des citoyens.
1. L’État est avant tout une structure visant la stabilité (sécurité, forme d’ « ordre »): il est la concentration du pouvoir dont l’usage individuel hors toute règle peut tourner toujours à la violence de tous contre tous (Hobbes) donc il détient le « monopole de la violence physique légitime » (Weber). On sait que cette concentration importante du pouvoir peut jouer à la faveur ou détriment du citoyen (débordements de la violence d’État, violence des oppositions policières aux revendications de la rue…). Peut-être est-ce au nom du bonheur collectif, mais conflit possible avec les quêtes individuelles/particulières exprimées dans les revendications de la société civile.
2. L’État démocratique (l’État le plus parfait selon Rousseau) fonde sa légitimité sur le respect de la volonté générale, qui n’est pas nécessairement le « bonheur » individuel. Cette « volonté générale » ne peut être purement et simplement assimilée à ce qui nous rend heureux : elle est ce que doit/devrait vouloir le citoyen, et que s’efforce de vouloir l’homme naturel que nous sommes aussi en même temps. De plus, cette volonté générale est théorique : les choix politiques réels s’en approchent au mieux, dans le meilleur des cas (distinction idéal/réel). Nous ne nous éprouvons pas toujours comme citoyen et sans doute est-ce là aussi un bien (risque d’une atténuation de la particularité individuelle qui fonde la quête du bonheur).
III. L’État ne doit pas « assurer » par lui-même le bonheur du citoyen, mais rendre simplement possible et accessible cet état heureux que pourrait condamner l’absence d’État.
1.Il y a un risque à ce que l’État considère le bonheur du citoyen comme une chose qu’il doit pleinement assurer : effacement de la limite entre privé et public, définition par l’État de ce qui doit constituer la satisfaction, la réalisation heureuse du citoyen, la vérité de l’État doit devenir vérité individuelle = éléments caractéristiques d’une idéologie (propre des Etats totalitaires).
2. L’engagement de l’État, y compris démocratique= « tyrannie douce », désengagement du citoyen, qui ne se préoccupe plus que de ses petites satisfactions individuelles (son bonheur, et celui de ses proches) favorisées/assurées par l’État tutélaire. Perte de vue la liberté une fois l’égalité des droits obtenue + perte de vue d’une certaine ambition dans la déf. du bonheur. ( correspond finalement à la pensée libérale, car argument en faveur d’un engagement minimal de l’Etat. Attention : Etre prudent : présenter sans s’engager soi même en tant qu’élève! Garder une neutralité analytique.
3. La vraie question n’est pas de savoir si l’État doit assurer le bonheur du citoyen, mais quel dosage savant d’intervention et de libre initiative il doit laisser au citoyen. Pas de formule théorique absolue, solution nécessairement pratique dont la recherche marque le plus ou moins d’État (Etat plutôt libéral ou providence). Un juste milieu bien complexe à déterminer. On observe simplement que l’État libéral pur génère de la souffrance, que l’État providence à son paroxysme devient totalitaire, que le désengagement de l’État après une période d’intervention est douloureuse et ne livre plus tous les moyens d’édification de la vie heureuse.
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