Le Rouge et le Noir, Stendhal
Commentaire de texte : Le Rouge et le Noir, Stendhal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bibard_n • 3 Octobre 2019 • Commentaire de texte • 1 043 Mots (5 Pages) • 6 936 Vues
Explication linéaire
Intro :
Cet extrait se situe dans le chapitre II de la partie II du roman Le Rouge et le Noir écrit par Stendhal. Dans cette extrait qui commence à « [...] On se mit à table. » et va jusqu’à « [...] plus noble que lui. » l’histoire entre Julien et Mme de Rênal est terminée. Julien arrive dans la capitale et est convié à un repas dans la résidence des de la Mole après avoir quitter le séminaire de Besançon sur les conseils de l’abbé Pirard. Dans ce passage, Julien fait la découverte de cette noblesse parisienne dont il avait tant rêvé. C’est aussi à ce moment-là qu’il rencontre Mathilde pour la première fois Mathilde, la fille du marquis.
Cet extrait se compose de trois mouvements :
- le premier qui va de « On se mit à table » à « une grande froideur d’âme », dans lequel Julien pose de premiers regards dépréciatifs sur Mathilde.
- le deuxième, de « Par la suite » à « quelque action méchante » où Julien observe silencieusement.
- Et enfin le dernier qui va de « Vers la fin du repas » à « plus noble que lui », dans lequel un retournement de situation se produit.
Tout au long de cette explication linéaire je vais répondre à cette question : En quoi cette scène de première rencontre entre Julien et Mathilde s’avère-t-elle décevante tant elle est éloignée du topos de la rencontre amoureuse ?
1er mouvement :
Le passage s’ouvre sur le pronom personnel «on». Il désigne toute la tablée, la marquis, son épouse, leurs deux enfants, et Julien. C’est un moment important puisque c’est le premier repas pris en famille chez le Marquis de La Mole, et Julien ne connaît pas encore tous les codes qu’exigent cette société. Par le biais du « on », (il y a énallage, c’est-à-dire substitution, on aurait pu dire « ils » ou surtout « nous », comme si on était toujours dans les pensées de Julien qui se poursuivent et qu’on inclut le lecteur : « et moi je dois être souliers, apparemment comme inférieur»). Ensuite, Julien est sortit de ses pensées par la Marquise qui dit un mot «sévère» (adjectif) tout en «élevant la voix» (complément circonstanciel de manière ). Ainsi, le lecteur est plongé dans le point de vu interne à Julien. Tout comme ce personnage on ne discerne pas les paroles exact qui sont prononcées, on entend un brouhaha en toile de fond. Il s’agit d’une ambiance plutôt froide ( la description en est dépréciative) : la Marquise infantilise les personnes autour d’elles (et Julien par la même occasion). Il est réduit à cette place d’enfant. «Presque en même temps», Julien aperçoit Mathilde pour la première fois : le complément circonstanciel de temps implique une sorte de simultanéité entre cette description et le moment de la rencontre avec celle qui sera sa conquête à venir. Voici donc venu le moment du topos de la rencontre amoureuse, sauf que l’esprit de Julien est confus (beaucoup d’information a la fois) et que le cadre est peu propice à la rencontre amoureuse. Julien pose les yeux sur Mathilde : «il aperçut» bien évidemment on pense à la célèbre citation «ce fut comme une apparition» (Flaubert 1889). Il aperçoit, observe. Cette première rencontre passe par le regard, le contact avec les yeux ce qui est à la naissance de la rencontre amoureuse. Nous sommes en plein topos de la rencontre amoureuse comme avec Mme de Rênal puis on casse les attentes du lecteur. Toujours dans cette narration omnisciente avec une restriction de champ sur le personnage de Julien, Mathilde est dépeinte comme «une jeune personne» : description physique tout d’abord. Il s’agit d’une périphrase (une tournure, locution qui permet de nommer différemment) qui décrit Mathilde par son âge plus par la citation: «extrêmement blonde et fort bien faite» dans laquelle les adjectifs mélioratifs sont accentués par des adverbes d’intensité. Comme Julien le lecteur ne voit que l’apparence de Mathilde. Elle vient «s’asseoir vis à vis de lui» : la locution prépositionnelle insiste sur l’aspect d’égalité des deux personnages. Cette égalité, symbolique qui va se poursuivre tout au long du roman. En effet, Mathilde est le miroir féminin de Julien : ils sont très intelligents et ils veulent se le prouver l’un à l’autre. De plus, Mathilde et Julien sont très orgueilleux et ont une vision très romanesque, romantique de l’amour. On imagine alors que Mathilde lui plaît, mais à ce moment, Stendhal quitte le topos de la rencontre amoureuse car Julien se montre tout à fait désintéressé ce qui est en contradiction avec la description précédemment faite. En effet, Mathilde « ne lui plut point» : phrase déclarative et négative est inattendue. Cela marque un point de rupture avec les attentes du lecteur. On est habitué au coup de foudre, nous sommes déçu. «Il la regarda attentivement» : Julien va cependant plus loin dans les détails mais l’adverbe «cependant» apporte tout de suite une opposition, du déplaisir.Les contradictions se succèdent dans les pensées de Julien : «il pense qu’il n’avait jamais vu des yeux aussi beaux»: c’est une hyperbole. La récurrence de la conjonction de coordination «mais» renforce la construction en opposition de ce texte. Ce mouvement s’achève par le groupe nominal «une grande froideur d’âme» : le narrateur exploite le cliché poétique des yeux comme fenêtre de l’âme pour mieux le détourner, cette expression est péjorative.
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