La théorie du complot, une question éthique

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Dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans nos conversations quotidiennes, les théories du complot font l’objet de nombreuses conversations et débats enflammés. De quoi s’agit-il en réalité ? On peut définir une théorie du complot comme « la formulation d’une explication de l’origine d’un événement inquiétant ou traumatisant (politique, social, écologique, économique, etc.), posée comme une alternative à l’explication reconnue ou évidente, diffusée par les médias officiels, privilégiant la piste d’une machination organisée par des individus ou un petit groupe d’individus animés d’intentions fondamentalement malveillantes, agissant dans l’ombre et dissimulant leur implication »^[1].

Le conspirationnisme est donc indissociable du statut des croyances dans nos sociétés contemporaines soumises à la mondialisation, aux revendications identitaires et au radicalisme religieux. Ainsi, ce processus mental expérimenté par les individus qui adhèrent à une thèse qu’ils considèrent comme vérité, indépendamment des faits^[2] permet aux hommes de répondre à un besoin fondamental : croire. « Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient plus en rien, c’est qu’ils sont prêts à croire en tout »^[3] comme le rappelle G.-K. Chesterton. Depuis que les hommes ne se satisfont plus de l’offre religieuse traditionnelle et des idéologies modernes, ils cherchent à s’inventer de nouveaux objets de croyance.

Ainsi, les animaux sociaux que nous sommes, plus crédules que rationnels, sont menacés de tomber dans la crédulité^[4] c’est-à-dire dans un état de volonté de croire en une ou plusieurs personnes ou choses en l'absence de preuves ou de connaissances raisonnables. En effet, nous sommes prêts à croire ce qui satisfait nos attentes et nos désirs, compatibles avec notre vision du monde. Les théories du complot existent parce qu’elles exercent cette fonction psychosociale de nourriture psychique. Elles permettent de comprendre et d’expliquer la marche du monde en la simplifiant à l’extrême, faisant fi de tout esprit critique, par la diabolisation d’un ennemi unique tels que les Juifs, les Francs-maçons, les musulmans ou encore les extraterrestres, répondant ainsi au besoin de sécurité et en supprimant, de ce fait, la peur et l’anxiété liées au sentiment que les événements sont inexplicables. L’enjeu étant d’affaiblir l’adversaire en perçant à jour ses projets et ses stratégies malveillantes pour se défendre contre la menace et réenchanter le monde dans lequel nous vivons. Les théories du complot produisent chez les individus deux illusions rassurantes. Elles permettent, d’une part, d’expliquer l’inexplicable et, d’autre part, de maîtriser l’immaîtrisable. Les récits conspirationnistes éclairent et rassurent les hommes vivant dans une société complexe et chaotique. Ils permettent de satisfaire, d’une part, le besoin de transparence et d’intelligibilité du monde et, d’autre part, de donner du sens aux événements. [pic 3]

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