La souffrance
Dissertation : La souffrance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar peaullynne • 26 Mai 2019 • Dissertation • 1 625 Mots (7 Pages) • 1 650 Vues
DUPONT DISSERTATION PHILOSOPHIE TS2
PAULINE
La souffrance est un état de douleur, physique ou psychologique. La réponse au sujet peut varier selon que l'on considère la souffrance physique ou la souffrance morale.
Le sens commun voudrait que l'on rejette toute souffrance et qu'elle apparaisse toujours comme négative et nuisible. Il faudra donc chercher dans quels cas et pourquoi il peut en être autrement. Ce qui est utile nous apporte un bénéfice, est avantageux. Encore faut-il se demander à qui la souffrance serait utile : à soi-même, à la société ? Et dans l'immédiat ou à long terme ? Serait-ce une utilité sur un plan individuel ou collectif, moral, artistique etc ? Il faut s'étonner de ce qu'une souffrance puisse être utile. La souffrance n'est-elle pas ce qui nous effraie, ce que nous rejetons et tentons d'éviter ? Pourtant, la souffrance, en tant qu'obstacle, est également ce qui nous permet de progresser et de dépasser certaines étapes. Comment ce qui nous semble négatif par essence peut-il être utile et apporter un bien ? Quel serait alors le sens de la souffrance ?
La souffrance est ce qui nous rend malheureux : quelle utilité aurait-elle, puisqu'elle fait de la vie un fardeau ? Pour Epicure, l'homme doit chercher à éradique la souffrance, qui est pour lui la source de tout mal. Il s'agit pour lui de la souffrance aussi bien physique que morale. Le but de l'homme est le bonheur, une forme de sérénité, qui ne peut passer que par l'absence de souffrance. Dans cette perspective, non seulement la souffrance n'est jamais utile, mais elle doit aussi être fuie. « Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelles et de troubles de l'âme » (Lettre à Ménécée). Parvenir à éloigner la souffrance est une sagesse qui conduit au bonheur d'une vie vertueuse. La philosophie est une discipline ou un art qui procure la santé de l'âme. Jeune ou vieux, on a toujours intérêt à la pratiquer. Procurant la santé de l'âme, elle procure le bonheur, et il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour y avoir droit. L'homme âgé méditera sur le temps passé et les biens qui lui ont été accordés. L'homme jeune apprendra le courage et l'intrépidité face à l'avenir. La philosophie enseigne un bonheur qui ne se trouve pas dans les jouissances de la vie matérielle ou la consommation effrénée des biens. Elle éveille la raison, qui permet de bien juger et de choisir entre ce qu'il convient de poursuivre et ce qu'il faut préférer abandonner. Rejetant les vaines opinions, elle guérit les troubles de l'âme. Appréciant et mesurant les justes valeurs de la vie, elle permet d'accéder à la sagesse. L'homme sage est celui qui se tient dans une juste appréciation des dieux : êtres immortels et bienveillants, ils ne sont pas à craindre car ils ne se soucient pas de nos bas sentiments humains; il ne redoute pas la mort, car il sait que la vie n'est pas désirable au point de la vouloir éternelle et que sa durée limitée nous incite à en profiter autant qu'il est raisonnablement possible. La sagesse que vise le philosophe saisit le sens de la vie : un mal extrême ne dure pas longtemps et ne cause que des peines légères, tandis que le souverain bien est à la portée de tous. Guérissant ainsi tous les troubles de l'âme, la philosophie nous permet de vivre comme des dieux parmi les hommes. Si la crainte est ce qui s'oppose en tout premier lieu à la vie philosophique, il ne faudra pas pour s'en délivrer, se mettre en quête d'opinions vaines ou de théories sans raison, mais d'une doctrine qui engendre l'absence de trouble : "car il n'y a rien dans la vie de redoutable pour celui qui a compris correctement qu'il n'y a rien de redoutable dans le fait de ne pas vivre".
La souffrance peut-elle être réellement éradiquée ? N'est-ce pas justement le propre de l'humain que de souffrir ? Ce qui serait justement l'utilité de la souffrance.
D'une manière évidente, c'est le cas de la souffrance physique : sans la sensation désagréable de chaleur lorsque nous approchons la main du feu, nous ne l'éviterions pas et nous brûlerions. Et de même que la souffrance physique nous met en garde, la souffrance morale est ce qui nous conduit à réfléchir sur notre existence.
Il faut connaître la souffrance pour reconnaître l'absence de souffrance. Le bonheur que décrit Epicure semblerait bien fade, sans le contraste de la douleur. C'est bien cette alternance de souffrance et de plaisir qui donne un sens à l'existence, qui plus encore, nous donne la conscience d'exister. L'utilité de la souffrance est donc aussi de prendre conscience du bonheur. Dans une perspective plus pessimiste, telle que celle de Schopenhauer, c'est ce qui nous permet d'échapper à l'ennui. Pour lui, la vie oscille comme un pendule de la souffrance à l'ennui. Or l'ennui est une privation du vouloir vivre, tandis que la souffrance est au contraire un mouvement qui conduit au désir de vivre : « Vouloir, s'efforcer, voilà tout leur être ; c'est comme une soif impérissable. Or tout vouloir a pour principe un besoin, un manque, donc une douleur; c'est par nature, nécessairement, qu'ils doivent devenir la proie de la douleur. Mais que la volonté vienne à manquer d'objet, qu'une prompte satisfaction vienne à lui enlever tout motif de désirer, et les voilà tombés dans l'ennui ; leur nature, leur existence, leur pèse d'un poids intolérable. » Le Monde comme volonté et comme représentation exister, c'est souffrir. L'existence humaine est faite d'épreuves de toutes sortes, que ne rachètent pas, selon Schopenhauer, les rares moments de bonheur. Et lorsqu'elle n'est pas terrible, terrifiante, elle est alors "lamentable" par le non-sens que peut manifester l'ennui du quotidien et la médiocrité de la condition humaine. Schopenhauer nous donne une vision pessimiste de l'existence humaine. L'humanité est déterminée par le vouloir vivre et les désirs nous enchaînent à la vie. Pour échapper à cette douleur, il faudrait parvenir à renoncer au désir de vivre, et ainsi rompre la chaîne qui nous empêche de saisir la vérité de notre condition. Il faudrait s'élever à une hauteur de vue que la plupart des esprits ne peuvent atteindre.
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