La philosophie comme étonnement, Métaphysique, Aristote
Commentaire de texte : La philosophie comme étonnement, Métaphysique, Aristote. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gabyleonetout • 9 Février 2022 • Commentaire de texte • 2 361 Mots (10 Pages) • 851 Vues
L’étonnement, Aristote - explication
Explication de texte – La philosophie comme étonnement, Métaphysique, Aristote
Avant de répondre aux questions, il est nécessaire de revenir sur deux points. L’étonnement, d’abord, est une émotion causée par quelque chose qui se trouve devant nous (une chose, un évènement etc.) et que l’on ne comprend pas. Être étonné, c’est se trouve face à une réalité inconnue, difficile à expliquer ou a comprendre. Puisqu’il s’agit d’une émotion, l’étonnement est donc directement lié à la sensibilité. Or, nous avons vu avec Platon que la sensibilité était source d’erreur, d’illusion et qu’il fallait s’en détacher. Pour autant, même si la connaissance, le savoir dépendent d’une prise de recul vis-à-vis de la sensibilité, elle reste, en tant que premier contact avec le monde, un point de départ nécessaire et inévitable de la pensée. C’est justement l’étonnement, en tant qu’émotion ressentie face au monde, qui marque le début de la connaissance.
De plus, on avait également vu, plus tôt dans le cours que la philosophie se distinguait du mythe. Ici, pourtant Aristote affirme qu’« aimer les mythes est, en quelque manière se montrer philosophe ». Il faut comprendre, ici, qu’Aristote accorde justement une grande place (bien plus grande que celle accordée par Platon) à la sensibilité. Ainsi, les mythes, les fables, qui sont des images, parce qu’ils suscitent l’étonnement constituent comme un premier éveil de la connaissance, peuvent, s’ils ne sont pas pris pour des vérités absolus, inviter à la réflexion. D’ailleurs, même Platon se sert d’image pour illustrer sa pensée. L’Allégorie de la Caverne constitue comme nous l’avons vu, l’illustration d’un propos. Autrement dit, elle ne fait pas seulement appel à la raison, mais aussi à la sensibilité, puisqu’elle permet de voir, ce qui est dit.
1. Thème : Quel est le thème du texte ?
Méthode : le thème du texte c’est son sujet principal, ce dont il traite. Un texte peut par exemple traiter de politique, de morale, de science etc. Recherche le thème du texte, c’est rechercher dans quel domaine de la philosophie il s’inscrit. (nb : certains textes peuvent ainsi avoir plusieurs thèmes)
Dans ce texte, c’est la philosophie en elle-même qui est prise pour thème. Plus précisément, Aristote s’interroge sur ce qu’elle est en tant que discipline. Le texte s’inscrit donc dans le grand thème de l’épistémologie (l’étude d’une discipline/d’une science, de son histoire) de la philosophie
2. Problématique : Quel est le problème que l’auteur cherche à résoudre? Quelles sont les questions auxquelles le texte répond ?
Méthode : la problématique c’est le problème que le philosophe cherche à résoudre, le problème auquel il décide d’apporter une réponse. Ce problème peut-être formulé comme une question, mais ce n’est pas toujours le cas. Identifier la problématique, c’est cerner les enjeux, les questions sous-entendues par un texte. Elle(s) n’est(ne sont) pas toujours écrite(s) mais c’est à elle(s) que le texte apporte une réponse.
Aristote cherche à définir la nature de la philosophie, à identifier ce qu’elle est. La problématique, formulée sous la forme d’une question, pourrait donc être celle-ci : « qu’est-ce que la philosophie ? ». Pour résoudre ce problème, le texte répond, sans les formuler à trois questions : qu'est-ce que philosopher ? Comment les hommes en vinrent-ils à philosopher ? Pourquoi philosopher ?
3. Thèse de l’auteur : Quel lien Aristote établit-il entre l'étonnement et l'ignorance ?
Méthode : une fois que le thème et la problématique ont été trouvés, il faut identifier quelle est la thèse de l’auteur. Il ne s’agit plus de savoir sur quoi le texte porte, mais bien ce que l’auteur dit. La thèse, c’est la solution que l’auteur propose pour résoudre la problématique, la réponse qu’il apporte à la question principale. Identifier la thèse, ce n’est pas résumer le texte : c’est comprendre la réponse apportée et pourquoi (pour quelles raison, selon quels arguments) elle est apportée.
Thèse : Le lien qu’Aristote établit entre l'étonnement et l’ignorance constitue la thèse du texte. Selon Aristote, l'étonnement – c’est à dire le moment où l’on se trouve face à quelque chose d’inconnu - est un moment décisif parce qu’il place l’homme face à l’obstacle de son ignorance. Il prend alors conscience de son ignorance et cette reconnaissance le pousse à chercher à la dépasser, pour atteindre la connaissance. Étonnement et ignorance sont liés puisque selon Aristote, au travers du moment de la reconnaissance, ces deux états initient le mouvement même de la réflexion. Liés, l’étonnement et la reconnaissance de l’ignorance constitue la condition essentielle de la pensée et de la philosophie.
Développement: Pour Aristote, comme pour Platon « la philosophie commence avec l’étonnement ». L’étonnement, c’est une émotion qui arrête le cours normal de notre pensée, qui « ébranle l'âme tout entière ». L’étonnement, c’est les questions que l’on se pose lorsqu’on est confronté à quelque chose d’inconnu, de difficile à comprendre ou à expliquer. L’étonnement, c’est un obstacle à franchir. Face à cet obstacle, il y a alors deux attitude possible. La première consiste à ignorer l’obstacle, ou à le chasser sans essayer de le comprendre. En fait, cette consiste à ne rien faire, à rester étourdi, ébloui « comme un lapin dans les phares » face à ce qu’on ne comprend pas. C’est l’attitude du sot, selon le mot d’Héraclite. Le « sot au moindre mot paraît renversé », il subit l’étonnement, qui le bouleverse, mais ne le dépasse pas. Il le considère comme hors de lui, inaccessible.
La seconde attitude, au contraire, consiste à comprendre que l’obstacle, le problème qui se pose, ne vient pas de l’extérieur, mais se situe en nous. Il s’agit d’une prise de conscience, déclenchée par l’étonnement : je comprends que c’est mon ignorance qui crée l’inconnu, le problème qui se présente. Avouer et assumer sa propre ignorance, c’est déjà commencer à chercher comment la dépasser. Selon Aristote, c’est le seul moyen pour ouvrir le chemin de la pensée – et de la philosophie. On retrouve ici l’empreinte des paroles de Socrate « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».
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