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La belle vie

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Par   •  9 Décembre 2015  •  Cours  •  539 Mots (3 Pages)  •  869 Vues

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La vie (au sens biologique, comme au sens du vécu existentiel de tout homme) peut- elle (et jusqu'où) être comparée à un théâtre représentant la cruauté ? La métaphore du théâtre devait retenir l'attention : vivre, est-ce jouer une comédie, une farce, une tragédie, un drame, une pièce de l'absurde, un happening ? Y sommes-nous acteurs, spectateurs ou auteurs ? Y a- t-il un texte que les hommes jouent, ou bien improvisent-ils ? La vie est un théâtre, l'expression est trop connue, et trop d'auteurs (Calderón, Shakesperare, Rotrou, Corneille, Pirandello, Woody Allen avec La Rose pourpre du Caire, etc.) l'ont exploitée, il en a été tellement question à propos de l'esthétique baroque, pour que là-dessus les candidats n'eussent rien à dire.

Mais le spectacle formé et fourni par la vie, disait le libellé, serait la cruauté. D'aucuns eurent raison de se souvenir d'Antonin Artaud (Le Théâtre de la cruauté, manifestes de 1932- 1933 recueillis dans Le Théâtre et son double). Mais l'on pouvait faire l'économie de cette référence, et directement se demander ce qu'est la cruauté. Ce n'est pas le mal, le malheur, la violence, l'injustice, etc. Ni l'absurde. Ni, comme on l'a trouvé, la contingence ! Encore moins la tristesse, le spleen, la déception, la mélancolie, le «mal-être» (sic). Ni n'importe quelle souffrance, quand on en est la victime; ni tout à fait la méchanceté quand on l'inflige à autrui. L'étymologie latine du mot, cruor, cruoris, le sang qui coule, la proximité de cruel avec cru (qui a la même origine et dont le sens premier est : saignant), indiquaient la seule acception qu'il fallait retenir : penchant à faire souffrir autrui, à le faire souffrir intentionnellement, et même, étymologiquement, dans sa chair, ou, à défaut, moralement. La cruauté, c'est d'abord ce penchant cruel, donc le caractère de cet homme cruel (la cruauté de Louis XI), puis, en second lieu, le caractère de ce qui fait souffrir (la cruauté de ma détention), et enfin l'action elle-même de l'homme cruel (j'ai subi bien des cruautés).

Le sujet portait donc sur la vie en tant que (possible) théâtre (cruel) exhibant devant un public (peut-être lui aussi cruel) des acteurs (les hommes) jouant (ou pas) à tourmenter (cruellement) les victimes (consentantes ou pas) de leur cruauté. Les correcteurs ont essuyé des pages et des pages sur tous les malheurs et toutes les misères de l'existence qui n'avaient, hélas pour les candidats, aucun rapport exact avec la cruauté. Or les exemples littéraires de cruauté stricto sensu abondaient pourtant, disant par exemple le goût de beaucoup pour les exécutions capitales, la perversité de certains bourreaux, la minutie presque sadique de certaines vengeances, la fascination pour le sang que ressentent certains êtres. Les exemples pullulaient : Un Roi sans divertissement, Les Diaboliques, les romans de Sade, Là-bas de Huysmans (avec l'histoire de Gilles de Rais), le cinéma d'horreur, le roman noir, certaines tragédies de Shakespeare comme Macbeth, celles, si sanglantes, de Sénèque, Britannicus de Racine avec le «monstre naissant» Néron, certains poèmes de Baudelaire («Le Mauvais vitrier», «Assommons les pauvres», «L'Héautontimorouménos») faisaient ici merveilleusement l'affaire

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