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L'immatérialisme de Berkeley

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Par   •  15 Avril 2018  •  Dissertation  •  956 Mots (4 Pages)  •  855 Vues

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L'immatérialisme de Berkeley

Nous avons vu avec Platon une doctrine dualiste (en tout cas il existe une telle interprétation de Platon ; mais elle n'est pas obligatoire). D'après cette dernière l'âme et le corps appartiennent à des ordres différents et seul le corps est matériel.

Il existe au moins deux autres positions concernant cette question : Le matérialisme défend l'idée que tout ce qui existe est matériel. Ainsi l'âme de Platon ne pourrait pas exister. Cela ne signifie cependant pas que l'esprit (ou l'âme) n'existe pas. Mais cela signifie qu'il doit être autre chose que ce que Platon décrit.

L'immatérialisme défend l'idée que tout ce qui existe est immatériel. Ainsi le corps de Platon ne pourrait pas exister. Cela ne signifie cependant pas que le corps n'existe pas. Mais cela signifie qu'il doit être autre chose que ce que Platon décrit. C'est cette dernière idée que nous allons voir maintenant.

1. Les objets

Pour aborder la question, il faut se demander ce qu'est un objet. Car le corps est objet (un objet spécial, puisqu'il est intimement lié à une personne, mais un objet néanmoins). Si l'on considère une cerise, et qu'on décide de lui retirer une à une ses caractéristiques sensibles (celles qui sont perceptible par l'intermédiaire des sens) à quel résultat aboutissons-nous ?

Une cerise est une petite boule rouge, lisse, molle, ayant un certain parfum, une certaine saveur sucrée, etc. Si on lui retire sa couleur rouge, elle reste une petite boule lisse, molle, etc. Mais si on lui retire toutes ses caractéristiques sensibles, que reste-t-il de la cerise ? D'après Berkeley : rien du tout.

Autrement dit, un objet est une collection de sensations qui se présentent ensemble avec suffisamment de régularité pour que nous l'ayons identifié et que nous lui ayons donné un nom.

Faites un cadre avec vos doigts, et regardez dans n'importe quelle direction. Toute l'image, le champ visuel, qui apparaît dans le cadre que vous faites, est une collection particulière de sensations. Il n'y a pas de différence entre cela et n'importe quel objet pour Berkeley, si ce n'est que cette collection, que vous avez isolée dans ce cadre, ne risque pas de se représenter facilement dans votre expérience. C'est pourquoi on ne lui donne pas de nom, et qu'on ne considère pas en général que ce soit un objet. A la place, on distingue plusieurs objets à l'intérieur de ce cadre, car ces sous collections, par contre, on les retrouve souvent.

Ex : L'image représente votre champ visuel. Le cadre noir est le cadre que vous faites avec vos doigts. Il serait correct de dire qu'avec ce cadre vous avez isolé un objet, car vous avez isolé une collection de sensations (il y a du vert, du rouge, de la taupe, des lignes droites, des courbes, etc.). Mais il est bien plus pratique de diviser cette objet en objets plus habituels : un morceau de chaise, un morceau de sac, un morceau de bureau, un morceau de sol, etc.... En voyant ce cadre, vous ne direz donc pas en général que vous voyez un objet, mais plusieurs.

2. Où sont les sensations ?

La deuxième étape de l'argumentation de Berkeley consiste à situer les sensations ?

Habituellement, on considère que les objets sont hors de nous. Mais en revanche on situe les sensations dans l'esprit. Autrement dit, elles ne sont pas classées parmi les choses matérielles, mais au contraire parmi les choses immatérielles.

Un crayon est hors de moi, quelque part dans l'espace autour de moi. Mais il existe une image de ce crayon dans mon esprit qui correspond aux sensations que j'ai lorsque je regarde le crayon. Il n'y a qu'à penser aux sensations de douleur : elles sont en nous, elles ne sont pas des objets extérieurs à nous, ni quelque chose que nous percevons des objets. Lorsqu'une sensation correspond à quelque chose que nous percevons des objets, ce n'est pas différent : la couleur rouge est (sans doute) sur l'objet, mais la sensation de couleur rouge, est dans notre esprit... Puisque Berkeley a remarqué que les objets peuvent être réduits à des paquets de sensations, pourquoi continuer à supposer qu'il y a quelque chose de plus, en dehors de l'esprit, qui serait le crayon hors de moi ? On pourrait répondre : parce que nous voyons tous les mêmes objets. Cela prouve bien qu'ils sont là indépendamment de nous. Mais Berkeley retourne cet argument contre nous. Imaginons un monde dans lequel personne ne percevrait les mêmes choses. L'un ne voit que des couleurs, comme dans un kaléidoscope, l'autre ne perçoit que des sons, un troisième seulement des formes avec le toucher, etc. Dans un tel monde, pourrions-nous nous mettre d'accord pour dire qu'il y a des objets ? En quoi consisteraient ces objets, à quoi ressembleraient-ils ? Berkeley nous dit donc que ce n'est pas (1) parce qu'il y a des objets que nous percevons tous la même chose. Il dit au contraire (2) qu'il y a des objets parce que nous percevons tous la même chose...

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