L' estime de soi : N’y a-t-il que le présent qui soit digne d’estime ?
Dissertation : L' estime de soi : N’y a-t-il que le présent qui soit digne d’estime ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar asma.elma4 • 21 Février 2022 • Dissertation • 1 829 Mots (8 Pages) • 723 Vues
DISSERTATION DE PHILOSOPHIE
Sujet : N’y a-t-il que le présent qui soit digne d’estime ?
Saint-Augustin disait en son époque que « Dieu précède tous les temps », Confessions IV. En effet, on dit de Dieu qu’Il est l’omniscient, l’omnipotent il est éternel et n’est donc pas soumis à l’épreuve du temps, être atemporel par excellence. Le temps est défini par Platon comme étant l’image, la représentation, « mobile », c’est-à-dire changeante et mouvante de l’éternité. En d’autres termes il s’agit de la dimension du réel qui rend possible et compréhensible le changement. Qu’en est-t-il alors de l’homme, être temporel, qui est quant à lui confronté au temps et soumis à plusieurs phases de changement durant sa vie. Il nait, puis change à travers ses différents âges et enfin meurt et ne devient qu’un souvenir. Exister, du latin existire signifie se trouver projeter dans le temps, dans l’espace, dans le monde, le fait de persister à travers le changement. Le temps considéré comme un moment, un instant, est souvent perçu comme un changement continuel et irréversible où le présent devient passé. C’est une donnée à laquelle on ne peut se soustraire et qui nous invite à nous interroger sur la finitude et l’existence de l’homme. Ainsi si on réfléchit sur la structure et le concept de temps, l’homme qui existe à travers le temps, ne peut vivre ni le passé qui n’est plus, ni le futur qui n’est pas encore. Seul le présent est, mais on ne peut ni le capturer ni l’arrêter. Dans ce contexte, est-il sage de penser que seul le présent vaut la peine d’être vécu ? Peut-on faire table rase du passé et négliger l’avenir pour se consacrer seulement au présent ? Dans quelle mesure, est-il légitime de penser que la seule prise en compte du présent, intervalle entre le passé et le futur, suffit pour l’existence humaine ? Pour répondre à cette interrogation, il est tout d’abord nécessaire de montrer en quoi le présent mérite d’être vécu et bien être pris en compte ce qui est d’autant plus valable dans une société contemporaine régit par le temps, toutefois il est important de souligner dans un second temps que le présent à lui seul ne peut suffire et qu’il faut inclure le passé et l’avenir pour que l’homme puisse se sentir exister.
Tout d’abord, il semblerait que seul le présent a l’intérêt d’être pleinement vécu dans la vie de l’être temporel qu’est l’homme. En effet, Schopenhauer dans ses Aphorismes nous affirme que : « Nous devrions toujours nous rappeler que le jour d’aujourd’hui ne vient qu’une seule fois et plus jamais ». Ainsi, la majorité des philosophes comme Schopenhauer, pensent qu’il faut vivre sa vie pleinement en estimant le présent et cela jusqu’à la fin de sa vie. Ainsi, partant de ce postulat le moment présent et les actions qui le marque, semblent représenter le temps réel qui peut d’un point de vue religieux apporter des preuves sur terres comme l’affirment les religions monothéistes. En outre, de ce point de vue, la vie sur terre est vécue comme une épreuve où l’homme doit vivre et consacrer chaque moment de sa vie présente pour assurer sa destination future dans un au-delà qui lui sera assuré au travers de ses actions entreprises dans le présent. C’est ainsi que pour Saint Augustin également seul le présent observe une certaine réalité, à la différence du passé qui n’est plus et du futur qui n’est pas encore.
Comme disait Hegel, « le temps est pure inquiétude de la vie ». Il est « l’être pour la mort » (Heidegger) une finalité certaine mais indéterminée. L’homme existe et a un rapport au monde, aux autres et à la mort et celle des autres. Cet être temporel est le seul être à se soucier de son devenir et de sa condition mortelle et ainsi vivre dans l’inquiétude de cette fin. Le Dasein, « l’être-là », mis en avant par Heidegger représente cette réalité singulière de l’homme à vivre dans l’angoisse. La question de l’être ne se pose que dans une perspective temporelle pour Heidegger. Ainsi, partant de ce constat, la mort rend la vie ainsi que toutes les actions de l’homme vaines et dénuées de raison. Or Camus nous disait que l’homme, comparé à Sisyphe, trouve son bonheur dans l’action du moment présent et non le résultat, ce qui peut ainsi le rendre heureux et donner un certain sens à sa vie. C’est dans cette logique qu’Epicure souhaite délivrer l’homme de ce futur incertain et de l’angoisse permanent de la mort qui l’empêche véritablement de profiter de la vie. Il nous explique ainsi que « Le plus terrifiant des maux, la mort n’est rien par rapport à nous, puisque, quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, nous ne sommes plus. Elle n’est donc en rapport ni avec les vivants ni avec les morts, puisque pour les uns, elle n’est pas et que les autres ne sont plus. Elle n’est que privation de sensation ». La pensée de l’épicurisme voudrait ainsi que l’homme profite de l’instant présent, « Carpe Diem » (Horace), pour un bonheur garantit et remède à la peur et au malheur. L’homme alors capture tout ce qu’il peut du présent pour se détacher de ces troubles et éviter ainsi la souffrance. Seul alors le présent mérite d’être vécu pour lui.
Par ailleurs, le temps acquiert une dimension tragique du fait qu’il est irréversible et irrémédiable.
...