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Faut-il désirer l'impossible?

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Par   •  14 Novembre 2016  •  Dissertation  •  1 490 Mots (6 Pages)  •  1 690 Vues

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Faut-il désirer l’impossible?

Désirer, c’est selon une étymologie semble-t-il fausse mais très belle, tourner les yeux vers un astre enfui, une étoile perdue. Désirer, c’est tout à la fois ressentir la privation de ce que l’on n’a pas , de ce que l’on n’est pas et tendre vers le désirable qui nous apparaît seul susceptible de nous donner satisfaction. Mais que l’objet incessamment se refuse et nous voici indéfiniment à sa poursuite.

Faut-il alors au désir mettre des bornes. Ne désirer que ce qu’il nous est possible d’atteindre? Ou peut-on exiger que l ‘impossible soit notre fin, et donc accepter de n’en avoir jamais fini ? Tout l’enjeu du problème étant de l’ordre d’une réflexion éthique, réflexion à mener sur la conduite de notre vie. Avant même pourtant de nous interroger sur cette exigence, il convient de comprendre en quoi l’impossible, non seulement ce qui n’est pas réel mais ce qui ne saurait être réalisé, ce qui n’est pas possible, peut-être objet de désir.

I L’impossible comme objet de désir.

Désirer l’impossible, c’est ne tendre vers aucun objet réel ou accessible, c’est donc n’être attiré par aucun d’eux.

L’impossible doit alors être compris comme le fruit de notre imagination, comme objet irréel tout intérieur à l’homme qui le fixe comme sa fin.

C’est que les frontières du réel et de ce qu’il permet sont trop étroites pour certains hommes, ceux animés d’une passion sans borne. Les exemples là ne manquent pas . L’on peut songer au Don Juan de l’opéra de Mozart, qui multiplie les conquêtes, amoureux qu’il est de la femme qui n’existe pas, qui n’est aucune femme ; Don Juan dont la collection de conquêtes ne peut qu’être poursuivie à l’infini.

L’on peut aussi penser à ce peintre Frenhorfer, personnage d’une nouvelle de Balzac intitulée Le chef d’oeuvre inconnu et qui voulant à toute force faire atteindre à la représentation d’une jeune fille la perfection ne cesse de reprendre et retoucher son tableau jusqu’à faire disparaître tout motif, sinon un pied…

Mais au-delà n’est ce pas la tendance propre au désir que d’être désir de l’impossible. Si rien ne nous satisfait que ce que nous n’avons pas, si sitôt obtenue telle chose que nous désirions nous aspirons à autre chose, alors jamais le possible lui-même ne pourra nous satisfaire. Que ce possible soit ce qui est permis par les normes sociales, ou par le réel, c’est incessamment au delà que le désir nous fait tendre.

On peut bien concevoir que le passionné y trouve son compte, que la dynamique de son existence s’alimente à l’inaccessible. Mais cela recèle une contradiction. Si c’est l’inaccessible qui seul peut apporter à l’homme qui le désire le bonheur du même coup il l’en prive.

Pourquoi alors continuer à le désirer? N’est-ce-pas que celui qui désire l’impossible est dans l’illusion? Il prend ses désirs pour la réalité dit-on familièrement. Ce désir n’est pas raisonnable, il ne se conforme pas au principe de réalité.

Faut-il alors désirer l’impossible? Ne faut-il pas plutôt apercevoir que si l’objet incessamment se refuse, la faute n’en est pas à la réalité, mais au sujet désirant lui-même qui enfermé dans son désir ne tient plus aucun compte du réel. Sa caricature pourrait être ceux qui au mépris des lois de la nature cherchent avec des billes et des ressorts à réaliser le mouvement perpétuel. Désirer l’impossible se révèle alors une erreur dans la conduite de sa vie. Mieux vaut faire sienne cette maxime qu’écrivit Kafka dans son Journal, « dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde ». Il nous faut alors mettre des bornes au désir si notre fin est, comme le sujet désirant l’indique mais dans la contradiction, le bonheur.

II Mettre des bornes au désir

C’est là la leçon des sagesses antiques. De l’épicurisme notamment . Le désir de l’impossible est un désir vain , illimité, il faut y renoncer. Et par une classification des désirs et un calcul des plaisirs le philosophe nous invite à adopter une attitude raisonnable qui met à notre portée le bonheur comme plaisir stable, la raison se définissant ici comme capacité à comprendre et à agir pour ne désirer que ce qui est nécessaire et ainsi nous donner la norme et la mesure d’une vie heureuse.

Reste que ce projet peut être critiqué.

D’une part réduire son désir au strict nécessaire c’est se borner aux frontières du Jardin et refuser le risque du monde et de l’histoire.

D’autre part, c’est bel et bien un idéal de sagesse que propose Epicure, comme dans un autre registre le proposent aussi les Stoïciens.

Or, paradoxalement n’est-ce pas là désirer l’impossible que de se vouloir semblable

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