Des mains de maçons
Dissertation : Des mains de maçons. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tituche • 25 Novembre 2022 • Dissertation • 1 798 Mots (8 Pages) • 270 Vues
Des mains de maçon
VM et vous tous mes FF en vos grades et qualités.
De Darwin à Engels, beaucoup de scientifiques et de penseurs s’accordent sur l’importance de la main dans la construction du genre humain. Le quadrupède, en devenant bipède, n’a plus considéré ses mains comme des organes ayant une fonction de déambulation mais de préhension. Il a mis sa main au service de son cerveau et inconsciemment en a saisi toute l’importance, il y a déjà 40 000, ans en la peignant sur les parois des grottes puis, au fil des siècles, en valorisant le travail manuel : le fait main, le cousu main, etc. L’homme en est même venu à la décorer de vernis, bagues ou tatouages ou même à créer des bijoux à son effigie (la main de Fatima par exemple).
5 doigts (nombre sacré révélant la quintessence de l’Être), et des proportions correspondant au nombre d’or qui servirent à la construction des pyramides et des cathédrales. Déjà deux bonnes raisons, pour le franc-maçon que je suis, de s’intéresser à cet organe. Mais ce qui m’a le plus interpellé c’est la place de cette main dans notre rituel. J’aimerais vous en parler ce soir et ce au travers de trois interrogations :
Quelle est la symbolique de la main en FM ?
La main est-elle un outil comme tant d’autres ?
Pourquoi cette dualité des mains ?
Si la main est un symbole, cherchons ce qui se cache derrière ce symbole…
La main est un organe avec une forte polytechnicité. Au-delà de la simple fonction de préhension, elle nous sert à travailler, à saisir le ciseau, prendre en main le maillet et éprouver, par le toucher, le poli de la pierre. Une ode au travail qui ne peut nier qu’elle est aussi un outil de liberté pour nos FF artistes qu’ils soient magiciens ou musiciens.
La main est également un vecteur de communication : pour les sourds et muets avec le langage des signes, pour les aveugles avec le braille. Quand elles tremblent ou bien au travers d’une simple poignée de main, elles sont également révélatrices de nos émotions et sentiments. La transmission est le propre de toute société initiatique et c’est le rituel qui va permettre l’initiation et donc cette transmission. L’écriture en est un vecteur privilégié mais, en loge, une autre dimension intervient : celle d’une performance située dans un espace-temps sacré où nos pratiques gestuelles, sont porteuses de sens. Tels les maçons opératifs taillant leur pierre sous le regard des apprentis. D’où l’exemplarité dont doivent faire preuve les maitres dans ce langage des mains.
Globalement, la main favorise le développement intellectuel. L’enfant progresse au fur et à mesure qu’il opte pour la position verticale et qu’il réserve ses mains à la découverte du monde. De même que le bébé qui jette ses jouets pour explorer la profondeur et la distance, nous avons décidé de mourir afin de renaître et nous sommes partis, en un tour de main, sur le chemin de notre Moi.
D’ailleurs, bon nombre d’expressions mettent la main en scène. Le but ici n’est pas d’en faire l’étalage mais d’en montrer la connotation avec nos vertus maçonniques : Travail (mettre la main à la pâte), Fraternité (tendre la main), Générosité (avoir le cœur sur la main), prendre son Courage à deux mains, etc. Et si il y avait des jeux de mains c’étaient des jeux de vilains, par vilains comprenez paysans, les aristocrates réglant leurs problèmes à l’épée.
La main est le symbole de l’engagement du FM.
Le récipiendaire qui prête serment au-dessus des trois grandes lumières le fait paume droite ouverte. Avec cette mise à nu symbolique de sa conscience, il montre qu’il n’a rien à cacher à ses FF. Plus tard, il votera à main levée. Et c’est d’ailleurs avec ses mains que l’initié va effectuer ses premiers travaux de maçon.
La main est symbole de reconnaissance.
De l’acclamation qui réunit les mains et tout ce qui est épars, au signe de mise à l’ordre, à l’attouchement ou bien la palpation, la main est signe de ralliement. Lors de nos tenues, la main est actrice d’autant plus qu’elle est gantée de blanc et ressort sur les tenues sombres. La gestuelle en est d’autant mieux perçue et importante. Cette main gantée, synonyme de pureté, immaculée car vierge du sang d’Hiram. Cette main dégantée lors de la chaine d’union, afin de mieux transmettre et recevoir, qui devient la seule partie mise à nu avec le visage. La montrer c’est donc se montrer un peu soi-même. Rappelons que l’initié est admis les mains nues et qu’il ne recevra ses gants qu’à la fin de ses voyages initiatiques.
La main est symbole du divin.
Que cela soit par imposition des mains amenant la guérison ou bien par le signe de bénédiction, la main crée un pont entre le profane et le sacré. « Il a mis un sceau dans la main de tout homme afin que tous puissent connaître son œuvre » nous livre l’Ancien Testament. Il nous faut comprendre le divin qui œuvre en nous grâce à ces portes que sont nos mains. Il nous faut les rechercher, ces guides spirituels qui vont nous accompagner dans notre cheminement telles celles du maitre des cérémonies et de l’expert qui soutiennent le récipiendaire dans ses premiers voyages. Mais si sur le plafond de la chapelle Sixtine réalisé par Michel-Ange, le doigt de Dieu transmet bien l’étincelle de vie à Adam, les deux doigts ne se touchent pas. Ils ne font que se frôler. Le peintre a su représenter charnellement la liberté humaine qui seule décide d'achever, ou non, en elle, l’œuvre commencée par Le Grand Architecte.
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