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Commentaire "Mignonne, allons voir si la rose,...", Ronsard

Discours : Commentaire "Mignonne, allons voir si la rose,...", Ronsard. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2020  •  Discours  •  1 990 Mots (8 Pages)  •  3 108 Vues

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         Le caractère fugace de la vie, chanté par Horace, qui prônait le « Carpe Diem » durant l’Antiquité a inspiré une multitude d’artistes, de tout temps et en tout genre. C’est le cas, plus particulièrement, de Pierre de Ronsard, poète humaniste et figure majeure de la Renaissance, période historique marquée par les grandes découvertes et redécouvertes, notamment des textes antiques. À l’image de son ami et maître Joachim de Bellay, Ronsard a pris part au courant poétique de la Pléiade, cette appellation faisant écho aux 7 muses antiques et traduisant ainsi une volonté de donner à la langue française tout le prestige qu’ont pu avoir à leur époque, les langues grecques et latines, d’en faire une langue de culture. C’est dans ce contexte que Ronsard compose en 1552, le recueil des Amours, dans lequel s’y peut lire l’ode rédigée en trois sizains, en octosyllabes, aux rimes plates et embrassées, intitulée « Mignonne, allons voir si la rose... ». Ce poème fait référence à la rencontre de l’auteur avec Cassandre Salviati, dont il tombe éperdument amoureux et essaie de charmer en lui conseillant de profiter de sa jeunesse tant qu’elle est encore. Ainsi, comment le poète mêle-t-il séduction et vanité ? Si Ronsard amorce l’ode en douceur essayant d’attendrir sa belle, il n’en reste pas moins qu’il la met en garde contre les ravages du temps tout en l’encourageant à le suivre et profiter de sa jeune existence.

        Le poète tente d’enchanter sa bien-aimée à travers mots doux et compliments, induisant un thème répété tout au long du poème.

        D’une part, Ronsard flatte Cassandre usant de termes simples, innocents mais élogieux. En effet, par l’emploi répété du diminutif affectueux « Mignonne » (v.1), il crée une atmosphère innocente et simple, se place au-dessus d’elle tout en restant bienveillant et, à l’aide du verbe à l’impératif « allons voir » (v.1), il crée un mouvement à deux, comme s’il la prenait par la main, l’emmenait avec lui dans le récit de son amour dans un registre lyrique. Il garde aussi une forme de respect à travers l’emploi du terme religieux « vesprée »(v.4), qui donne à cet amour un côté plus pur, viable aux yeux de la religion, et du vouvoiement : « vôtre »(v.6), « vous »(v.13), « voyez »(v.7) ce qui rend tout de même le ton plus intime, comme s’il était juste à côté de sa belle et lui susurrait à l’oreille. De la même façon, avec la comparaison au vers 6 « Et son teint au vôtre pareil », Ronsard, en inversant l’élément comparé et l’outil de comparaison, rapproche le teint de la rose à celui de Cassandre comme s’ils ne faisaient qu’un dans la même expression, Cassandre ayant le visage frais d’une rose à peine éclose et inversement. En outre, placer l’adjectif de comparaison « pareil » à la fin du vers permet de clore la strophe et la rime embrassée avec « soleil » (v.3) et ainsi de doubler la comparaison de la femme qui a la fraîcheur de la rose ainsi que l’éclat du soleil.

        D’autre part, Ronsard se sert du topos de la femme-fleur qu’il développe au cours de l’ode. En effet, par l’utilisation du champ lexical de la nature avec « rose »(v.1),

« déclose »(v.2), « Nature »(v.10), « fleur »(v.11), « verte »(v.15) le poète induit une métaphore filée qu’il explicite au début en décrivant la rose dont il est question. L’emploi d’un adjectif de couleur « pourprée »(v.5) et « de pourpre »(v.3) lui confère également une connotation qui évoque le rouge de l’amour, de la passion. De plus, les rimes riches des vers 4 et 5, « vesprée » et « pourprée », ajoutées au pluriel « Les plis » donne un aspect complexe, multiple à la fleur qui n’en est que plus majestueuse. Il personnifie également la plante, dans le cadre de la métaphore filée, en lui faisant porter une « robe »(v.3 et 5) à l’identique de celle que Cassandre pourrait porter, il les mélange ainsi, unissant la rose et sa belle en une seule et même image, existence.

        En somme, le poète flatte sa bien-aimée et l’assimile à une fleur dans un premier désir de séduction et de retenir son attention. Dans la continuité de cette idée, le poète va se servir de cette oreille désormais réceptive pour la mettre en garde face au destin de cette fleur.

         L’auteur profite de l’attention recueillie de la belle charmée pour l’avertir face au temps qui passe et lui rappeler la cruauté de la vie en usant du « Memento mori ».

        D’un côté, Ronsard se lamente devant la beauté déchue de la rose et tente d’émouvoir sa bien-aimée. En effet, le poète marque le second sizain d’une assonance en [a] poursuivie pratiquement à chaque vers  ́ « Las », « espace »(v.7), « a », « place »(v.8), « Las, las », « choir »(v.9), « marâtre », « Nature »(v.10) et « matin », « soir »(v.12). Son qui peut être perçu comme un cri de désespoir étouffé que vient renforcer l’interjection « Ô vraiment »(v.10) ainsi que la ponctuation exclamative. De cette façon, le registre devient pathétique, presque tragique face à la destinée inéluctable de la rose et à la douleur du poète traduites dans une hyperbole. De plus, ce dépit est encore accentué au vers 10 où la personnification péjorative de la mère Nature qui devient « marâtre Nature » rend compte de la tristesse et de l’injustice éprouvées par le poète ; au même titre que l’épiseuxe « Las, las »(v.9) qui nous fait part de la détresse de ce dernier. Par ailleurs, il poursuit la métaphore filée en assimilant les pétales de la rose à « ses beautés »(v.9) les mélangeant ainsi, comme il a pu faire précédemment, à celles de Cassandre et l’incluant dans cette détresse.

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