Comment peut-on dire que toute vérité est démontrable dans la mesure où pour être universelle, elle semble faire appel nécessairement à la raison, alors même qu’il existe des vérités de cœur qui s’appuient sur la confiance ? Autrement dit,
Dissertation : Comment peut-on dire que toute vérité est démontrable dans la mesure où pour être universelle, elle semble faire appel nécessairement à la raison, alors même qu’il existe des vérités de cœur qui s’appuient sur la confiance ? Autrement dit,. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar redadiaz • 17 Novembre 2017 • Dissertation • 1 410 Mots (6 Pages) • 1 225 Vues
INTRODUCTION
Il est commun d’entendre fréquemment dire que tous les hommes sont mortels. A priori cette assertion semble vraie dans la mesure où il est possible de la démontrer. En effet, il nous est possible de définir ce qu’est un homme, déterminer par quoi il se caractérise pour ensuite conclure aisément qu’il est fini et donc mortel. On peut comprendre à partir de cet exemple qu’un énoncé qui est démontrable est nécessairement vrai pour tous. Par conséquent, si l’on songe aux disciplines dites scientifiques, on peut déduire de la même manière que pour qu’une vérité soit vraie, elle doit être universelle. Or ne peut être universel que ce qui est démontrable et vérifiable par la raison. Il semblerait ainsi que toute vérité soit démontrable par principe. Toutefois, il arrive que parfois la vérité ne soit pas démontrable. C’est le cas, par exemple, de l’expérience religieuse. En effet, la croyance en un Dieu ou en des entités spirituelles est intimement personnelle et relève d’un acte de confiance qui précède, par définition, toute preuve. Même si une croyance peut être partagée par un grand nombre de personnes, elle ne nécessite pas l’aval de la raison : l’adhésion à une croyance passe par le cœur et on ne peut nier cet ordre de réalité. Dès lors, se pose le problème suivant : comment peut-on dire que toute vérité est démontrable dans la mesure où pour être universelle, elle semble faire appel nécessairement à la raison, alors même qu’il existe des vérités de cœur qui s’appuient sur la confiance ? Autrement dit, les vérités de cœur sont-elles démontrables de la même façon que les vérités de raison ? Afin de répondre à ce problème, nous allons dans un premier temps voir que l’expérience pose problème en ce qui concerne la vérité, dans un second moment nous allons étudier en quoi la raison permet de garantir la justification de la vérité, et enfin nous allons voir qu’il existe des propositions qui sont par principe indémontrables.
L’expérience semble être l’une des façons permettant d’approcher la vérité étant donné qu’elle s’appuie sur un souci de confrontation au réel. En effet, c’est notamment par l’expérience que se forme notre premier contact au monde, et c’est donc le premier moyen qui permet à chaque homme de se forger des connaissances dès la naissance. La raison, elle, n’intervient que bien après, lorsque le développement des facultés humaines est bien avancé. Par ailleurs, c’est sur l’appui de l’expérience que la raison pourra formuler ses premières déductions. En effet, Hume et Locke, en tant que défendeurs de l’empirisme, soutiennent que « la raison ne peut pas marcher à vide ». C’est donc à l’expérience qu’il faut se fier en priorité. Celle-ci passe avant même la raison qui n’est que subordonnée aux éléments qui sont issus de l’expérience. Par conséquent, la vérité ne semble pas être quelque chose susceptible d’être démontrée étant donné que l’expérience ne rentre tout simplement pas dans le cadre de la démonstration qui n’est rien de plus qu’un raisonnement conforme aux principes logiques.
On peut d’autant moins affirmer que la vérité est démontrable dans la mesure où l’expérience elle-même est problématique. En effet, elle ne permet pas de constituer une connaissance qui soit absolument fiable. En effet, pour connaître un phénomène, il faut parvenir à dégager la loi de causalité qui a présidé à sa production. Pour ce faire, on a tendance à s’appuyer sur l’expérience. Cette dernière nous permet de constater par exemple que tel évènement B succède, dans telle ou telle condition, à l’évènement A. Or, nous disent les empiristes, cette voie de connaissance n’est qu’hypothétique car on ne peut être certain que cet enchaînement sera toujours vrai à l’avenir : ce n’est pas, par exemple, parce qu’il a fait chaud dès lors que l’été est arrivé qu’il fera nécessairement chaud tous les jours de l’été. Par conséquent l’expérience nous conduit à un certain scepticisme qui semble ne pas pouvoir être dépassé et qui par contrecoup vient à nouveau contredire l’idée selon laquelle toute vérité est démontrable.
Au problème de la fiabilité de l’expérience, s’ajoute celui de la possibilité de pouvoir expérimenter en toute circonstance. En effet, il existe des domaines dans lesquels il est impossible de pouvoir réaliser une expérience et où il faut uniquement se fier à l’intuition, au sentiment ou encore au cœur. C’est notamment ce que nous dit Pascal lorsqu’il en vient à distinguer les vérités de cœur des vérités de raison. Pour lui, il est impossible d’en exclure une au profit de l’autre : il s’agit de deux ordres de réalités différentes. C’est ce que traduit sa formule « le cœur a ses raisons que la raison ignore ». La vérité de l’expérience religieuse s’affirme donc comme une expérience dont on ne peut, paradoxalement, pas faire l’expérience et dont on est encore moins en mesure de procéder à sa démonstration.
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