Comment décider qu'un acte est juste ?
Dissertation : Comment décider qu'un acte est juste ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar magil94 • 24 Mars 2020 • Dissertation • 1 794 Mots (8 Pages) • 2 133 Vues
Comment décider qu’un acte est juste ?
L’homme est un être de conscience qui agit sur le monde parce qu’il est amené à prendre des décisions. Celles-ci peuvent être influencées par des jugements personnels, ce qu’admet la société ou par ce que permet la loi. Mais les actes qui en découlent, restent imputables au sujet qui les réalisent. Mais comment décider qu’un acte est juste ?
Ce que je peux considérer comme juste ne l’est pas forcément pour l’autre ou ne me place pas toujours en conformité avec la loi : voler pour donner au pauvre, c’est commettre un acte délictueux au regard de la loi, mais pour une cause a priori juste, alors est-ce condamnable ou réellement juste, ou pour le moins, excusable ? L’intention derrière l’acte suffit-elle pour déterminer que celui-ci est juste ? Y a-t-il des critères qui rendent un acte juste ou non, pas seulement pour soi, mais de façon universelle ?
La justice en termes de notion et en termes d’institution, peut peut-être apporter des réponses à cette question ou du moins orienter notre travail de réflexion pour déterminer s’il peut y avoir un point de vue acceptable par tous sur ce qu'il convient de juger comme un acte juste.
Par définition, la justice est le « caractère de ce qui est juste, légal, légitime ». Le concept de justice est un « idéal ou un principe normatif qui régit l’action ». Être juste peut se définir comme une vertu qui mène à réaliser la justice, à respecter l’ordre et les autres. Suffit-il de respecter la loi pour agir justement ou la notion de justice renvoie-t-elle à quelque chose de plus que le respect de la loi ?
Dans l’« Éthique à Nicomaque », Aristote défend une définition mixte de la justice : elle doit être commutative et préserver l’égalité dans les échanges pour être juste (je reçois exactement ce que je donne ou qu’on me prend) et distributive en fonction de critères de mérite, (je reçois la note qui correspond au travail que j’ai fourni pour ma dissertation, c’est le principe du « à chacun ce qui convient ») et de besoins.
Aristote refuse malgré tout l’idée d’une justice universelle et affirme qu’il est nécessaire que tous fassent preuve de vertu, aussi bien à l’échelle de l’état, des dirigeants, qu’à celle du citoyen. Être juste pourrait donc se définir comme une vertu qui mène à réaliser la justice, à respecter l’ordre et les autres.
L’ordre au sens de la loi est une « règle de fonctionnement obligatoire et générale qui s’impose aux entités qu’elle vise/une norme générale qui s’impose à l’homme individuellement et collectivement ».
L’état fait respecter la loi, l’institution judiciaire, le juge permettent de faire appliquer la justice et déterminent si un acte est juste au sens de la loi et du droit. La peine décidée doit permettre de « réparer » et rétablir l’équité. Un conducteur ivre qui provoque un accident corporel va être condamné à une peine de prison, il peut aussi devoir s’acquitter d’une amende et d’indemnités financières en vue de « réparer » le préjudice subi par la victime.
Dans la théorie qu’un acte est juste s’il est conforme à la loi, la question de comment décider qu’un acte est juste ne se pose plus puisque « Nul n’est censé ignorer la loi », et que la loi va définir ce qui est juste ou injuste (dans le sens de ce qui doit être condamné et/ou réparé) : voler est un acte injuste pour la victime du vol qui va être lésée de son bien, le voleur doit être puni !
Mais, tous les actes peuvent-ils être soumis au seul regard de la loi ? Si je prends plus de bonbons que mon petit frère, parce que je suis l’ainé et ai décidé que c’est mon droit, et qu’il crie à l’injustice, vais-je passer devant le juge ? Moi, je trouve juste d’avoir plus de bonbons, j’étais là avant, et il est plus petit, donc il a besoin de moins ! Mes parents en revanche vont m’expliquer en que ce n’est pas juste parce que dans cette maison, chacun doit avoir la même chose et je serai contraint de rendre les bonbons ou puni pour un mauvais comportement. Finalement, il existe des tribunaux (sévères) ailleurs que dans l’institution judiciaire, mais qui fonctionnent de façon similaire ! On rétablit l’équilibre et on est jugé et sanctionné.
Dans cet exemple il n’y a pas délit au sens de la loi, mais un rappel aux valeurs morales et à la « bonne éducation ». Ce qui est jugé est un comportement blessant et pas un délit (je ne vole rien, j’ai pris plus). Je me plie au jugement de mes parents, parce que je les respecte (et sinon je suis puni) et que je grandi avec les valeurs qu’ils m’inculquent (le partage équitable), même si au demeurant, je ne trouve pas ça toujours très juste…
Pour obtenir un ou des critères universels qui permettraient de décider si un acte est juste, il parait nécessaire d’envisager l’action par le filtre de concepts partagés et acceptés par tous. La loi participe à ces critères mais ne semble pas toujours suffisante.
Nous vivons en Europe, il existe des lois européennes communes, mais chaque pays à ses propres lois et modalités pour les appliquer, les faire respecter et juger de la peine. Si celle-ci doit rétablir l’équité, et se doit d’être juste, elle peut être différente d’un pays à un autre, pour le même acte. Un meurtre en France est punissable de la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. Au sens strict du terme, la réclusion criminelle à perpétuité, c'est-à-dire l'emprisonnement jusqu'à la mort du condamné, n'existe pas en France. Aux Pays-Bas, il n’existe pas de perpétuité avec possibilité de libération conditionnelle ou de quelconque aménagement de peine. Il n’existe que la « prison à vie » qui est appliquée à la lettre depuis l’abolition de la peine capitale en 1878. Du coup, certains actes sont universellement jugés comme injustes (le meurtre), quelque soit l’endroit où l’on se trouve dans le monde, même si la peine ou la façon dont la justice est rendue peut différer.
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