Chapitre sur le désir et autrui.
Cours : Chapitre sur le désir et autrui.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Frank Bass • 15 Février 2017 • Cours • 460 Mots (2 Pages) • 655 Vues
Les Grecs ont toujours associé la perfection à la limitation d’un être pleinement achevé. Ainsi, la crainte de la mort, en tant que désir impossible d’une vie illimitée, vient au tout premier rang des désirs vains des hommes. Pour nous préparer à sortir de la vie, comblés comme un vase auquel on en pourrait plus ajouter la moindre goutte, il faut donc que nous comprenions le néant des désirs qui n’ont pas de but précisément assignable, pas d’objet nettement défini : on peut bien boire jusqu’à plus soif, manger à satiété, mais on ne pourra jamais être riche à souhait ou suffisamment glorieux.
Il convient donc de distinguer les désirs vains (qui consistent à vouloir toujours plus) et les désirs conforme à la nature, qui sont toujours bornés ; encore ceux-ci doivent-ils être répartis en désirs naturels et nécessaires (ex : faim, soif, qui provoquent la douleur s’ils sont insatisfaits) et en désirs naturels non nécessaires. Écoutons ce que crie la nature : elle ne réclame rien d’autre que, pour le corps, l’absence de douleur et pour l’esprit, un sentiment de bien-être dépourvu d’inquiétude et de crainte. L’observation des animaux et des petits enfants nous donne suffisamment à voir ce qu’il en est de la nature quand rien encore n’a pu être faussé en elle. Notons enfin que la satisfaction des désirs naturels peut-être dénaturée, c’est-à-dire variée à l’infini par de vaines recherches culinaires, vestimentaires ou architecturales.
C’est précisément parce que l’amour est insatiable que le sage ne saurait être amoureux. il préférera honorer, écrira Lucrèce, la Vénus des rencontres, la Vénus vagabonde : ainsi sera-t-il à même de goûter aux avantages des jouissances de Vénus mais sans donner prise à la souffrance qui leur sert communément de cortège. La douleur de ne pas se fondre dans l’autre et de toujours faire deux avec lui, l’exigence d’exclusivité qui accompagne l’amour, font que cette passion sera évitée par le sage qui lui préférera l’amitié, sentiment plus ouvert et bien moins débordant, comportant la mesure, et toujours susceptible de s’élargir encore à de nouveaux amis.
Les stoïciens (école philosophique de l’Antiquité grecque dont le nom vient de stoa - le portique - sous lequel le père du stoïcisme, Zénon de Citium, aurait enseigné) vont proposer une solution particulière au problème du désir : changer ceux qui nous rendent malheureux. Le seul moyen de contrôler le désir, selon eux, est de faire un effort de volonté. La volonté est la faculté qui nous permet de nous déterminer à faire une chose plutôt qu’une autre ; contrairement au désir, elle est orientée par la raison qui nous permet de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Si nous désirons changer ce qui est, alors que cela est impossible, nous risquons de nous sentir impuissant.
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