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Bonheur, Devoir et Liberté

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Par   •  30 Janvier 2022  •  Cours  •  2 075 Mots (9 Pages)  •  489 Vues

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Bonheur, Devoir et Liberté 

Introduction

Le bonheur se présente à nous aujourd’hui comme « un mot » tombé en disgrâce, comme un mot désuet. Quoi de plus ridicule que de se réclamer du bonheur comme valeur commune pour justifier une action ou de jouer à être heureux dans un monde dont on déplore la laideur et l’injustice. Ne dit-on pas d’ailleurs, depuis que la liberté comme idéal a succédé au bonheur dans la culture républicaine, que « chacun est libre de concevoir le bonheur à sa façon comme les moyens d’y parvenir, pourvu qu’il ne nuise pas à l’ordre social ! » Cependant, à l’encontre de ce préjugé facile, nos conduites témoignent d’une recherche désespérée du bonheur dans la quête du dernier gadget à la mode. Nicolas von Hartmann nous avait pourtant prévenu, l’histoire de l’occident est une variation autour du bonheur. Ce n’est donc pas parce que l’on s’interdit de parler d’une chose avec objectivité que cette chose ne nous travaille pas pour autant.

A l’encontre de cette conception moderne du bonheur, celui-ci s’est présentée durant toute l’antiquité comme une notion éminemment politique et ce, en un sens bien précis. S’il n’y a de politique possible qu’à partir d’une vie commune et d’un espace commun (la polis), c’est-à-dire par-delà les appartenances singulières, le bonheur a constitué comme tel cette motivation et ce dépassement possible de l’intérêt égoïste sans lequel aucune vie proprement humaine ne peut voir le jour. Pascal le rappellera de façon ironique dans sa pensée 425 (B) : "Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'il emploient ". D’une part le bonheur apparaît dans l’antiquité comme le souverain bien, c’est-à-dire comme le seul bien qui n’ouvre sur aucun autre désir que de s’y maintenir mais, plus encore, le bonheur apparaît comme ce bien commun auquel chacun aspire. Le bonheur joue ainsi un rôle politique puisqu’il désigne une communauté possible d’intérêt, de projet et de fins. L’eudémonisme antique, c’est-à-dire les philosophies qui ont fait du bonheur le but de la vie, voient dans l’accès à celui-ci, le projet commun sans lequel notre communauté serait semblable à celle des pourceaux. Derrière la notion de bonheur, on sous-entend l’idée d’un accord à établir afin de parvenir à une paix durable dans le cadre d’un accomplissement de soi.

Cette paix, cet accord et cet accomplissement se traduisent par une satisfaction pleine (contrairement au plaisir qui est toujours partiel), entière (contrairement à la jouissance qui présuppose la division et l'oubli de soi) et durable (contrairement à la joie qui est toujours éphémère). Contre l’étymologie (Le mot « Bonheur » signifie en effet étymologiquement : la fortune, la chance, les augures), les anciens font du bonheur le résultat d’une discipline, mettant en œuvre des exercices, qui nous permettent d’accomplir notre véritable nature en sortant de l’ignorance qui est notre condition et ainsi, de vivre en harmonie avec la nature (le cosmos=l’ordre) qui constitue le modèle d’organisation indépassable de la citée.

Cependant, la diversité des écoles antiques qui proposent un accès au bonheur laisse surgir un doute. L’impossibilité de s’accorder sur son contenu et sur les moyens pour y parvenir ne rend –t-elle pas utopique une telle démarche ? Le bonheur n’est-il pas un idéal de l’imagination, comme le formulera Kant au 18ième siècle, face à une réalité décevante ? C’est, qu’avec la révolution chrétienne, le bonheur n’est plus une valeur dominante, les lumières après la renaissance s’en souviendront, en récusant un bonheur qui serait privation de liberté ou de dignité. Plus encore, faire du bonheur un idéal politique et un enjeu de progrès, comme les lumières anglo-saxonnes le proposent à travers sa maximalisation (que le plus grand nombre soit heureux), n’est-ce pas encourir le risque d’un régime totalitaire ? « Le meilleur des mondes » est-il souhaitable ? Toutes les utopies qui ont fait du bonheur un idéal, n’ont-elles pas produit des régimes tyranniques ?

Notre conscience, par l’ouverture qu’elle produit et notre désir par les exigences qu’il fait valoir, ne rendent-il pas dangereuse l’idée du bonheur pour tous ? Le paradis sur terre, n’est-il pas la disparition de l’humanité ? A quoi bon être heureux, si cela a pour prix, la perte de liberté ? Allons plus loin, puis-je être heureux, si je suis libre et si ma liberté passe par la liberté d’autrui ? Ne faut-il pas être imbécile pour se satisfaire d’être heureux ?

Nous verrons dans un premier temps que les hommes ont tout d’abord pensé que le bonheur était possible durant notre vie terrestre par l’exercice de la vertu (Eudémonisme antique). Le second moment sera consacré aux conséquences de la révolution chrétienne à travers son incarnation partielle dans la philosophie des lumières (divorce de la vertu et du bonheur). Cela nous conduira dans un troisième moment à envisager une philosophie de la liberté (Sartre et l’existentialisme) comme alternative à l’optimisme libérale d’un Bentham et au pessimisme romantique d’un Schopenhauer.

I/ L’eudémonisme antique et la tentative de subordonner la liberté au bonheur :

A/ -L’épicurisme : le bonheur par la modération.

B/ -Le stoïcisme : le bonheur par l’adéquation.

C/ -L’aristotélisme : le bonheur par l’excellence.

II/La révolution chrétienne et ses conséquences : la fin des morales aristocratiques.

III/ Les trois grandes critiques du bonheur :

A/-La critique chrétienne : Pascal et la condition humaine.

B/-La critique républicaine : Kant et la raison critique.

C/-La critique post-moderne : Schopenhauer et la philosophie du soupçon.

IV/ L’existentialisme ou la liberté contre le bonheur :

Jean-Paul Sartre : L’existentialisme est un humanisme.

Conclusion : le triomphe de l’utilitarisme anglo-saxon et l’échec du projet républicain. (L’Homo Economicus comme modèle)

I/ L’eudémonisme antique : le bonheur est possible sur

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