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Bergson, difficulté de la connaissance de soi

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Par   •  30 Décembre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 671 Mots (7 Pages)  •  4 396 Vues

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   Ce texte de Bergson, philosophe français du XIXème siècle, pose la difficulté de la connaissance de soi. Selon lui, connaître le monde extérieur, la matière, pour agir sur ce dernier répond à une nécessité, qui ne peut pas ne pas être. En revanche, la connaissance de soi, de son esprit, est secondaire, elle n’est pas vital : il répond plus un luxe. Mais alors pourquoi est-il plus difficile de se connaître que d’apprendre sur la matière ? Tout d’abord, Bergson nous expose un constat universel : il est plus facile de connaître la matière que nous-même. Le philosophe va ensuite exposer le paradoxe : l’Homme devrait logiquement connaître le mieux son esprit, car il lui est intérieur à lui-même. Ensuite, Bergson apporte des éléments de résolution à ce paradoxe ; l’esprit se tourne vers la matière, il s’y « sent chez lui ». L’Homme se tourne naturellement vers la connaissance de la matière, car elle répond à un besoin vital. L’esprit se met alors au service de cette connaissance pour améliorer son action sur le monde. Enfin, selon Bergson, une étude approfondie de soi, ne serait que secondaire, car elle ne répondrait  pas à une nécessité.

  Bergson développe un propos universel marqué par l’utilisation de « Tout le monde ». Son constat semble paradoxal : l’apprentissage de soi  est complexe, pénible, alors que celui du monde est facile, presque naturel. A l’extérieur de soi, la connaissance est d’une simplicité innée. En effet, le goût de la connaissance est donné à l’Homme dès la naissance. On pourrait presque parler d’instinct. Aussi, la matière a une dimension concrète, elle nous entoure dans la vie courante. L’Homme est en contact permanent avec cette matière par le biais de nos cinq sens. La matière répond à des lois, à des théories qui la structurent. Plus on grandi, plus on cherche à comprendre ce qui nous entoure.  La matière attise notre curiosité. On cherche une explication à tout : pourquoi  cet avion vole, comment cette maladie est apparue, comment fonctionne une éolienne ? La connaissance du monde extérieur devient alors naturelle, concrète et croissante. En revanche, à l’intérieur de soi, tout est plus complexe. Le « Moi » est ambigu, l’identité personnelle est difficile à établir. L’homme ne fait plus appel à ses sens pour déchiffrer son esprit : il devient abstrait comme un souffle de vent. Notre esprit a une dimension insaisissable, et presque  inaccessible. Aussi, nous sommes les seuls à avoir accès à cette connaissance du soi, qui devient ainsi un caractère individuel. Personne ne peut donc nous aider à nous comprendre. Plus on cherche à se découvrir, plus on se perd dans la connaissance de soi : j’ai l’impression d’être plusieurs moi. Au gré de mes sentiments, de mes émotions, de mon environnement, la connaissance de moi change constamment. Lorsque nous sommes en colère on utilise notamment l’expression « être hors de soi » ; mais, quand je suis dépassé par mes sentiments, je ne suis  plus moi ? Je suis Moi, mais aussi un autre moi ? Il est donc très difficile de comprendre les mécanismes de la connaissance de soi. L’introspection individuelle est quelque chose de presque insurmontable, qui nous demande de « remonter la pente de la nature ». Quand on cherche dans notre intérieur, on recherche l’origine du moi, de nos sentiments… On pourrait aller jusqu’à chercher ce qui nous pousse nous même à nous comprendre. La complexité se retrouve encore une fois : on recherche l’essence même qui fait de nous ce que l’on est. On cherche donc la source de notre esprit.

  Nous avons donc ici un paradoxe : Pourquoi mieux appréhender ce qui extérieur à nous qui est intérieur à nous ? L’Homme devrait se connaître le mieux. L’esprit est le plus proche de nous, nous sommes intérieur à nous même. Notre âme devrait nous sembler évidente à déchiffrer. Ici Bergson pose un problème : notre intérieur ne se livre pas à sa propre connaissance. Mais comment expliquer cette situation ? Bergson apporte un premier élément de réponse. L’esprit est étranger à nous même, il nous est presque inconnu. Cependant, la matière, ce que nous apercevons comme indépendant de notre esprit, apparait justement à l’esprit comme familière. Le paradoxe ? L’esprit se sent « chez lui » dans ce que l’homme perçoit comme indépendant de lui-même. L’esprit nous permet de penser, pas de penser sur lui, mais sur la matière. Il s’exprime dans la matière au détriment de l’esprit lui-même. C’est pourquoi l’Homme se tourne vers l’apprentissage du monde extérieur.

  Cette préférence naturelle pousse ainsi l’Homme à étudier le monde extérieur plutôt que son intérieur. Cette idée est accentuée à la ligne 10 : la connaissance du monde est une nécessité, qui ne peut pas ne pas être. Elle est essentielle, indispensable. L’esprit doit porter son regard sur le monde pour mieux l’appréhender et ainsi vivre tout simplement. Se contempler ne sert à rien, il faut agir sur le monde extérieur. Si je passais le plus clair de mon temps à essayer de réfléchir sur moi-même, je ne ferai plus rien autour de moi. Un Homme incapable de comprendre la nature hostile qui l’entoure est ainsi voué à la mort. L’Homme donne alors naturellement la priorité absolue à la connaissance de la matière pour répondre à la loi de la nature : survivre. D’autant plus que l’action de l’Homme st tourné depuis le début de l’humanité vers la matière. Sans cela, ni feu, ni toit, ni humanité. « Une certaine ignorance » peut s’avérer utile, afin de pouvoir s’exprimer et agir plus librement. L’Homme agit sur la matière, il la façonne. Un exemple très simple : l’agriculture. L’Homme cultive la terre pour lui donner plus de valeur, et ainsi pouvoir se nourrir. La survie initiale de l’humanité résulte alors de notre action sur la matière. Notre esprit s’adapte au monde extérieur, pour s’exercer dessus. Aussi, plus cette connaissance du monde est grande, plus on aura de facilité à agir de la bonne manière. L’apprentissage sur la matière a permis l’évolution de l’Homme, qui ne cherche plus tant à survivre, mais plutôt à vivre mieux. Le progrès, les nouvelles technologies, la découverte spatiale… n’aurait pu exister sans une compréhension du monde élevée. La vie est possible grâce à notre ouverture sur le monde ; se tourner vers la connaissance de soi est alors secondaire, car elle ne répond pas à une nécessité.

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