Avons nous besoin d'illusion ?

L’homme est à la recherche d’expériences multisensorielles par l’utilisation de casque à réalité virtuelle, d’hologrammes, d’images tridimensionnelles…. En décembre 2019 la ville de Paris accueille le musée de l’illusion pour permettre aux visiteurs de s’amuser, découvrir et surtout laisser grandir en eux cette envie d’être émerveillé, de rêver. Ce gout de l’illusion désigne celui qui se trompe ou est trompé autrement dit celui qui subit la méprise des sens ou de l’esprit et qui se laisse abuser par l’apparence. Avons-nous besoin d’illusions ? Autrement dit cette illusion est-elle nécessaire, est-elle une obligation à la vie ou à la survie d’un être vivant ? Pouvons-nous vivre sans illusions ? Est-ce que l’illusion nous aide à supporter ce qui a de cruel, d’inhumain dans la réalité ? Préférons-nous une réalité dérangeante à une illusion apaisante ? Sommes-nous toujours prêts à choisir la vérité contre l’illusion ?

Dans une première partie nous étudierons l’idéal de la sagesse qui consiste à vivre sans illusions. Puis dans une deuxième partie, nous montrerons que l’illusion a une fonction pratique et que le désir de vivre sans illusion est illusoire.

Dès son origine, la tradition philosophique cherche à dénoncer l’illusion comme un mal qui emprisonne les hommes, qui les détourne de la réalité et leur interdit de pouvoir connaître la vérité. Platon explicite cette idée dans le livre VII de la République à travers l’allégorie de la caverne. Il pose les problèmes de l’illusion et de la transmission de la connaissance pour trouver la vérité. Dans l’histoire de la caverne, le philosophe montre que les prisonniers ont pris conscience que ce qu’ils croyaient être réel n’étaient qu’illusion. Le monde de la caverne est le monde de l’apparence, du mensonge, du monde sensible tandis que l’extérieur est le monde de la lumière, de la connaissance, de la réalité c’est à dire le monde intelligible. Les hommes sont passés du monde des apparences, de l’illusion au monde sensible pour atteindre le monde des réalités, le vrai monde. Platon pense que nous sommes esclaves de nos croyances, de notre éducation, nous sommes donc prisonniers de nos illusions.

L’art produit lui aussi des apparences trompeuses il est donc moralement condamnable puisque les poètes créés des « fantômes » et non pas des choses réelles. Nous nous intéressons donc à des choses irréelles sans se préoccuper de notre réel malheur. L’homme doit donc faire un effort de lucidité et combattre l’illusion. Par la raison, faculté de penser clairement, l’idéal de vérité est accessible et nous permet de découvrir l’essence des choses, des phénomènes. Ainsi la philosophie comprend le sens des choses et s’oppose aux opinions, aux préjugés, aux croyances et aux illusions.

Un autre philosophe, Descartes pense lui aussi que c’est par la raison qu’on trouve la réalité au-delà des apparences illusoires. Nos sens sont trompeurs comme le prouve l’analyse du morceau de cire dans Les Méditations métaphysique II puisque nos sens ne nous donnent jamais une connaissance complète d’un objet. En effet Descartes cherche à bâtir une connaissance sure et certaine. Il ne faut pas que les fausses connaissances deviennent vrais. Il nous interroge donc sur la pertinence de la connaissance sensible. Que le morceau de cire soit fondu ou non fondu il reste le même alors que nos sens nous disent qu’ils sont différents. C’est donc par l’entendement, la raison et non par les sens (odorats, vue, ouïe et touché) que l’homme peut dire que ce morceau de cire est toujours le même. Par « l’inspection de l’esprit » l’homme conclue qu’il s’agit bien du même morceau de cire. On peut donc penser que les sens sont trompeurs. Pourtant il ne faut pas les ignorer mais plutôt les utiliser correctement en les associant à l’entendement pour construire une connaissance sure et certaine de la réalité.

Kant, dénonce lui aussi “les illusions de la raison pure”, qui naissent du désir de l’homme de pouvoir connaître des réalités qui sont au-delà de l’expérience : Dieu, l’âme, le monde comme totalité et la liberté.

Tous les hommes ne désirent pas la sagesse et l’illusion peut leur sembler préférable voir confortable, pourquoi sortir de la caverne, si personne ne nous contraint d’en sortir ?

L’illusion à une fonction pratique, le désir de vivre sans illusion n’est donc pas acceptable. En effet l’illusion est une croyance qui permet de donner à la réalité par nos désirs, nos rêves et nos espoirs un aspect réconfortant, paisible. L’homme est attaché à l’illusion qui lui procure force consolatrice et dynamisme ainsi il espère que le réel finira par se conformer à ses désirs. C’est ce que Freud démontre quand il dit que notre bonheur dépendant des illusions, c’est une satisfaction hallucinatoire de nos désirs irréalisables. Par l’illusion nous rendons ainsi la réalité supportable c’est d’ailleurs ce que fait la religion. De plus l’illusion à selon Freud une fonction créatrice qui peut donner la force de réaliser son rêve. Croire en ses rêves permettraient d’y accéder plus facilement. L’être humain, être d’illusion prend souvent ses désirs pour des réalités ainsi les désirs deviennent réalités.

Un autre philosophe, Nietzsche considère que les illusions ont des vertus salutaires qui permettent de supporter la vie puisqu’elles embellissent ce qui est injuste, inhumain et insupportable. En prenant ses désirs pour des réalités, les apparences deviennent alors réalités et l’homme est réconforté. La raison ne veut pas voir le monde des apparences, le réel est une fiction vitale donc une illusion. Le monde est un chaos en devenir, rien n’est logique même si l’homme essaie de le rendre logique. Ainsi le monde réel est une fiction qui nous donne une vision simplifiée de ce qui nous entoure, de la réalité. Cela revient à dire que la loi et les concepts de la science sont des inventions commodes et non des découvertes pour rassurer l’homme. Seul l’art permet de saisir la réalité. L’homme a donc besoins pour vivre d’illusion.

L’illusion a également une autre vertu celle de divertir. Elle

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