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Être libre, est-ce faire tout ce qui me plaît?

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Par   •  5 Septembre 2022  •  Dissertation  •  4 237 Mots (17 Pages)  •  759 Vues

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SUJET DISSERTATION : Être libre, est-ce faire tout ce qui me plaît?[a]

Il serait difficile de nier que le concept de liberté correspond à l'idée de faire ce que l'on veut, ce que l'on désire ; l'absence de limites entre la volonté de chacun et l'accomplissement de cette volonté. Il semble également évident que dans le domaine de cette volonté se trouve la réalisation de ce qui nous apporte du plaisir ; après tout, qui ne désire rien? Qui ne voudrait pas faire ce qui lui plaît? En effet, le plaisir provient, naturellement, de la satisfaction des désirs, donc de faire ce que l'on veut. Suivant la notion de liberté selon laquelle rien de doit s'imposer entre la volonté de chacun de satisfaire ses désirs, faire tout ce qu'il nous plaît pourrait bel et bien être la définition de la liberté. Après tout, si on se voit empêché de suivre tout désir, peut-on se considérer libre?

On s'inclinait facilement vers la réponse négative face à cette question. Pourtant, il existe un aspect du concept de plaisir qu'il manque d'aborder et qui briserait cette conception de la liberté par rapport au plaisir : ce dernier provient de la satisfaction des désirs, et les désirs sont des impulsions incontrôlables ; qui peut choisir ce qu'il désire? Si la liberté revient à ne pas être contrôlé dans nos actions, et que l'on n'exerce pas de contrôle sur les désirs dont la satisfaction correspond à l'idée de la liberté, ne tombons-nous pas dans le piège d'une illusion de liberté? Ne serait-ce pas ces impulsions de désir qui nous contrôlent? Si la totalité des désirs est à satisfaire, et que l'on n'exerce pas de contrôle sur ces derniers, il semblerait bien que cela ne corresponde pas à la notion de liberté. Après tout, si cette satisfaction des désirs spontanés éprouvés nous est irrefusable, alors elle ne devrait pas correspondre à notre volonté ; la subordination par rapport aux plaisirs s'éloignerait de la liberté et se rapprocherait plutôt de la servitude.

Alors, faudrait-il se priver de satisfaire tout désir afin d'être libre? Ce défaire de la subordination par rapport à nos impulsions serait bien une forme d'auto-contrôle. Cependant, il faut bien noter qu'échapper à la satisfaction de tout désir, ne chercher à faire rien de ce qu'il nous plaît, s'avère être une nouvelle limite imposée à la volonté, et par conséquent de correspond pas à la notion de liberté. En effet, en maintenant la définition des désirs comme impulsions, certes, incontrôlables, et en maintenant également la définition de la liberté comme le contrôle des actions de soi, soit l'autonomie, alors le fait de ne pas pouvoir suivre désir quelconque dans la poursuite du plaisir est incompatible avec la définition de la liberté. Ce qui serait compatible, ce serait le fait de pouvoir choisir de suivre ces désirs ou non ; agir selon notre conscience. Peut-être faudrait-il ajouter à la définition initiale de liberté la notion de capacité : la liberté revient ici à la capacité de faire ce que l'on veut ; à la capacité de faire ce qu'il me plaît, et non pas à la nécessité impérative.

Autrement dit, nous nous demandons : la satisfaction des désirs cesserait-elle d'être notre volonté depuis le moment où on ne peut pas choisir de ne pas les satisfaire? Nos désirs, par nature, ne sont-ils pas notre volonté/ce que l'on veut? Il nous faudra voir la relation entre les désirs et la volonté. Peut-être que cette dernière, appartenant au domaine de la raison, se place par dessus les désirs, qui constituerait un domaine inférieur de la personne, et que la nécessité de satisfaire tout désir viendrait déplacer la volonté de sa place[b] et par conséquent annuler la liberté, soit la capacité de choisir ses actions.

Nous verrons donc en premier lieu de quelle façon « être libre » pourrait effectivement revenir à faire tout ce qu'il nous plait, du fait qu'être libre pourrait être simplement l'équivalent de suivre notre volonté sans limites et que la poursuite de tout plaisir peut constituer cette volonté. Il nous faudra prendre la direction opposée depuis le moment où on considérera, en deuxième lieu, que la satisfaction de tout désir et la poursuite du plaisir peut s'avérer être une contrainte à la liberté, puisque les désirs seraient par nature démesurés et par conséquent contrôleraient nos actions sans nous laisser l'option de décider de les poursuivre ou non. Nous pointerons cependant que cette objection ne manque pas à son tour de critiques, puisqu'il existera une incompatibilité entre la liberté comme capacité à choisir ses actions, et la privation totale de satisfaction des désirs, puisqu'il existe peut-être des cas où la satisfaction des désirs se voit subordonnée à notre volonté dès lors que l'on se débarrasse des notions de totalité et nous exerçons un choix conscient. Ainsi, nous serons amenés à nous interroger sur le lien entre les désirs et la volonté, et repérer en quoi l'un ne constitue pas nécessairement l'autre.  

Partons donc avec l'affirmative face à notre questionnement ; être libre, est-ce faire tout ce qu'il nous plait? L’opinion communément admise, ou au moins notre réflexe initial, est d'affirmer qu’être libre revient effectivement à se permettre de faire tout ce que notre volonté ou nos impulsions nous demandent ; faire tout ce que nous désirons, sans obstacles. Si nous imaginons le cas où une personne est empêchée de satisfaire ses désirs par quelque obstacle ou contrainte que ce soit, il ne sera pas extravagant de dire que celle-ci n'est pas entièrement libre ; par ailleurs, la personne qui poursuit et satisfait toutes ses passions sera considérée libre. La liberté revient-elle alors à la capacité de satisfaire ses désirs dans la recherche du plaisir, voire du bonheur, où plus on est en capacité de faire ce qui bon nous plaît, plus on est libres?

Il semblerait bien que ce concept de la liberté revienne à l'absence de limites imposées à la satisfaction des impulsions et désirs de l'individu. En effet, lorsque certains de ceux-ci se retrouvent bloqués ou réprimés pour quelque raison, qu'il s'agisse d'une contrainte imposée de l'extérieur comme le serait une interdiction ou qu'il s'agisse d'une peur venant de l'intérieur de soi, on se retrouve coincés, emprisonnés, empêchés d'exercer notre volonté.

C'est en suivant cette idée que Platon, à travers le personnage de Calliclès dans l'ouvrage philosophique Le Gorgias, explique de quoi s'agit la liberté. « Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer ». Telles sont les paroles d'un Calliclès passionnel dirigées à Socrate. La conversation elle-même tourne autour non pas explicitement de la notion de la liberté sinon celle du bonheur, mais il ne nous est pas compliqué de faire des liens : l'être humain, en tant qu'être passionnel, ne devrait jamais réprimer ses passions à la place de les satisfaire pleinement, car cela le mènerait au malheur ; peut-on être libre [c]en étant malheureux? Ce questionnement porte une résonance presque absurde ; la répression des passions, soit l'imposition de limites sur nos désirs et nos impulsions, est clairement un facteur de malheur dans lequel nous ne pouvons pas être -ou encore moins nous sentir- libres. Calliclès est ainsi un fervent défenseur de l'idée qu'afin d'être libre -et par extension heureux-, il est impératif d'assouvir pleinement nos désirs, de faire ce qui bon nous plaît sans limites.

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