Comment la violence de guerre s’exerce-t-elle sur les civils ?

Séance 2 : Les civils victimes de la guerre

Comment la violence de guerre s’exerce-t-elle sur les civils ?

1. Des populations violentées

L’invasion. Sur tous les fronts, les populations civiles sont exposées à la violence de l’invasion. Les civils deviennent la cible de violences délibérées : exécutions, viols, prises d’otages, etc. Début août 1914, l’invasion de la Belgique donne lieu à des violences à l’encontre des civils : à Dinant, les exécutions de masse et l’emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674 personnes, soit 10% de la population. Au total, entre août et octobre 1914, 6 500 civils belges et français sont assassinés et 20 000 immeubles détruits.

L’occupation. Dans les territoires envahis, l’occupation revêt plusieurs aspects contraignants pour les populations locales, comme l’atteste le sort des habitants de Roubaix, ville occupée du 03 août 1914 au 15 octobre 1918 (doc 3 p. 268) :

• Contrôle de l’espace : territoire sous l’autorité de la Kommandantur
• Accaparement des ressources alimentaires : pénurie de pain et de charbon + inflation
• Déplacement et travail forcés : confection des sacs de sable et abattage d’arbres pour les tranchées allemandes 

Les bombardements. La radicalisation de l’activité guerrière intensifie les dommages subis par l’arrière-front : 

• Pratiquer la terre brûlée afin de gêner les troupes adverses et d’interdire une reprise rapide de la vie civile : Reims est détruite à 80% après plus de 1 000 jours de bombardement (doc 1 p. 268) ; le repli stratégique allemand de février 1917 s’accompagne de la destruction systématique des routes, des maisons, des usines, etc.
• Terroriser les populations : les bombardements d’artillerie à longue distance et les premières attaques aériennes font des espaces civils des espaces de combats (les bombardements de Paris du 23 mars au 09 août 1918 font 256 victimes et 625 blessés (info) ; en 1917, les raids allemands contre les quartiers industriels de Londres font 1 414 morts)

1. Des souffrances au quotidien

Pénuries et privations. La vie quotidienne devient éprouvante en temps de guerre. L’inflation est forte en 1916, le coût de la vie augmente, les prix sont multipliés par deux ou trois. En raison de la reconversion des industries dans l’armement et de l’occupation de régions de productions agricole et minière, les populations manquent de produits alimentaires et de charbon. Le rationnement est mis en place (doc 2 p. 263). En Allemagne, les ersatz, les produits de substitution^[1], ne satisfont que très partiellement les besoins quotidiens. Les privations contribuent au développement du marché noir. Parfois, l’incapacité de ravitailler les populations et l’effondrement de la production agricole débouchent sur des situations dramatiques : en Allemagne, durant l’hiver 1917-1918, la chute de la production de pommes de terre et de lait fait de la faim une expérience quotidienne. Au total, près de 750 000 décès civils sont imputables à la sous-alimentation et à ses conséquences.

Grèves et soulèvements populaires. La lassitude, le travail incessant et les faibles salaires suscitent des mouvements de grève, comme en France, en 1917, où les munitionnettes lyonnaises et les midinettes parisiennes, les ouvrières de la couture, cessent le travail et réclament une revalorisation salariale (doc 5 et 6 p. 269). En Russie, où la population est exsangue, le régime tsariste est incapable de surmonter les crises alimentaires et les contestations qui débouchent sur la révolution de février 1917 qui contraint Nicolas II à abdiquer (doc 1 et 2 p. 248).

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