Requiem pour un rêve américain

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                Requiem pour un rêve américain

        “Tout pour nous et rien pour les autres, voilà la vile maxime qui paraît avoir été, dans tous les âges, celle des maîtres de l’espèce humaine” expliquait Adam Smith. L’économiste anglais publie « La richesse des nations » en 1776 où il explique que les inégalités existent depuis toujours, car les plus aisés ont cette volonté de conserver leur fortune et détenir le pouvoir directement ou directement. Le film-documentaire tourné et réalisé durant quatre ans par Peter Hutchison, Kelly Nykset et Jared P. Scott, a interviewé Noam Chomsky, l’un des intellectuels les plus influents de ces dernières décennies. Il tente d’expliquer comment dans une démocratie (du grec « demos » et « kratos », c’est-à-dire que le pouvoir appartient au peuple), une infime minorité, l’élite socio-politique, également appelé « Establishment » aux Etats-Unis, parvient à concentrer et confisquer richesses et pouvoir.

Intéressons-nous tout d’abord à cet intellectuel et répondons à la question : qui est Noam Chomsky ?

                Noam Chomsky

D’origine juive, Noam Chomsky suit des études littéraires puis devient linguiste et professeur dans la très prestigieuse université du MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Noam Chomsky s'engage également publiquement en politique, notamment contre la guerre du Viêt-Nam dont il est l'un des principaux opposants. Ses sujets de prédilection : la guerre et la paix, l'intelligence, la créativité, l'humanité, les sciences sociales... dépassent très largement la linguistique. Avec plus de 30 livres et 700 articles, il est l'un des auteurs les plus cités.

Très connu pour son activisme politique et notamment sa critique de la politique étrangère des Etats-Unis et des médias, Noam Chomsky se définit lui-même comme un anarchiste socialiste. Chomsky considère que le mot "terrorisme" permet aux gouvernements de se dédouaner de la dimension terroriste de leurs propres politiques. Il est également un fervent défenseur de la liberté d'expression. 

En ce qui concerne les médias, Noam Chomsky a cherché à révéler les processus par lesquels ceux-ci tendent à enfermer les sociétés démocratiques dans une contrainte idéologique. Il montre comment les médias inondent l'électorat sous un flot d'informations beaucoup trop dense pour qu'il puisse servir de support à la réflexion et qui conduit à des analyses à sens unique, fondées sur des présupposés jamais remis en question. Démythifiant la prétendue neutralité des médias, Chomsky dévoile leur servilité envers le pouvoir.
Très apprécié à l'extrême gauche, Noam Chomsky est soumis à de vives critiques de la part des libéraux et des partisans de la droite américaine. Cependant, reconnu comme l'un des plus grands intellectuels vivants, Noam Chomsky a reçu de nombreux diplômes honorifiques des plus grandes universités du monde.

Afin de mieux comprendre la vision de Chomsky étudions tout d’abord les bases du modèle et du « rêve américain » (ou American Dream ») d’un point de vue originel de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, en expliquant à partir de quelles actions et principes se sont bâtis ses idéaux. Nous étudierons ensuite ce qui les a pervertis en reprenant chaque principe évoqué par Chomsky.

1. Les bases du modèle américain

        Depuis leur création en 1776, les Etats-Unis apparaissent comme un modèle pour l’ensemble des pays du monde. Ils sont un idéal que le monde essaie de suivre et d’imiter. La Déclaration d’Indépendance américaine affirme ainsi :« Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. ». Cela montre bien à quel point les Etats-Unis incarnent dès le XVIIIe siècle un idéal sur le plan socio-politique. En s’inspirant du mouvement des lumières en Europe, les Etats-Unis sont devenus un modèle sur le plan des libertés individuelles, alors que dans le même temps, une majorité des pays européens sont encore des monarchies absolues.

        Les Etats-Unis se sont également imposés comme un modèle économique au XIXe siècle. En effet, en 1800 le PIB du pays est de l’ordre de quelques centaines de millions de dollars. 100 ans plus tard, en 1900, les Etats-Unis sont devenus la première puissance économique mondiale avec un PIB de l’ordre de 200 milliards de dollars. Ce bouleversement économique, qui constitue l’un des piliers de ce modèle américain, est notamment dû à la révolution industrielle du pays qui a transformé le pays durant ces 100 ans. En effet, le capitalisme mais également de nouvelles techniques de travail tel le tayloro-fordisme ont révolutionné le pays. Le travail est le seul moyen de s’enrichir. N’importe quel travailleur peut désormais gagner correctement sa vie. Les conséquences de cette transformation sont la baisse des prix et donc l’augmentation du pouvoir d’achat, de meilleures conditions de travail mais surtout la consommation de masse. C’est ainsi que les Etats-Unis, en plus de s’imposer en tant que modèle économique, se sont également imposés en tant que modèle culturel pour le monde entier. Les produits américains ont commencé à être exportés sur tout le globe au XXe siècle, ce qui a très largement participé au rayonnement américain et à la diffusion de l’’’American Dream’’.

D’autres facteurs tel le ‘’Self-made man’’  et la création de firmes transnationales d’une extrême puissance ont contribué à accentuer ce mythe. Qui n’a jamais voulu être aussi riche et puissant que Rockefeller, Ford ou Bill Gates de nos jours ?

        Au XXe siècle, ce mythe du rêve américain s’est lentement dissipé. De 1900 à 1929, les Etats-Unis ont continué à s’enrichir, devenant de jour en jour, de plus en plus puissant. Mais la crise de 1929, liée aux spéculations financières, a fait basculer ce modèle américain, qui contre toute attente contenait bien des failles. Cette crise a alors eu des impacts sur le monde entier, montrant bien l’influence qu’avait ce pays su le reste du monde. Durant le XXe siècle, les Etats-Unis ne réussiront jamais à recréer véritablement ce mythe même si certaines périodes de prospérité tel les Trentes Glorieuses ont permis aux Etats-Unis de s’affirmer en tant que leader économique mondial. Les Etats-Unis sont en effet une Hyperpuissance, qui inspire et influence le reste du monde à la fois sur un plan politique, culturel, économique et militaire.

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