Programme de Gotha

L’Allemagne connaît une industrialisation plus tardive que l’Angleterre et la France. Cependant elle les rattrape très vite et devient dans les années 1870 la deuxième puissance industrielle d’Europe. Cette situation entraîne une augmentation rapide de la population ouvrière. A la fin du siècle on pourra en effet compter qu’un tiers de la population active appartient à cette classe. Karl Marx et Friedrich Engels écrivent le Manifeste du Parti Communiste en 1848 dans lequel ils élaborent la théorie de la lutte des classes. Pour eux, la révolte des classes dominées contre les classes dominantes mène à la transformation nécessaire de la société. Il y aurait alors une révolution de la classe ouvrière contre la classe bourgeoise et celle-ci serait telle que la nouvelle société serait sans classe, une société communiste. Il va tout de même falloir attendre l’unification de l’Allemagne en 1871, divisé auparavant en de nombreux Etats, avec la proclamation de l’Empire allemand pour que le mouvement ouvrier s’unisse. C’est en 1875 que le mouvement ouvrier s’unit officiellement lors du congrès de Gotha. Nous allons donc pouvoir nous demander en étudiant le programme de Gotha rédigé par le mouvement ouvrier en 1875, en quoi ce texte est le fruit d’un compromis entre toutes les composantes du mouvement ouvrier allemand?

Au sein du mouvement ouvrier allemand se sont unifiés deux mouvements similaires et opposés en même temps, l’Association des travailleurs allemands ou ADAV et le Parti Social-démocrate ou SDAP. L’ADAV fondé par Ferdinand Lassalle suit des idées réformistes c’est-à-dire qu’il promeut les moyens d’actions légaux. Le SDAP, fondé par Wilhelm Liebknecht et August Bebel, est quant à lui un mouvement révolutionnaire qui se rapproche plus du marxisme. Ce mouvement ouvrier allemand, le SPD, est donc traversé par deux tendances opposées. En lisant le programme de Gotha nous pouvons remarquer que le SPD se rapproche plus des idéaux de l’ADAV, c’est-à-dire réformistes. Nous pouvons en effet lire : “Le Parti ouvrier socialiste d’Allemagne s’efforce, par tous les moyens légaux, de fonder l’Etat libre et la société socialiste” (l.13). Le mouvement ne souhaite donc pas agir de manière révolutionnaire mais réformiste comme le souhaitait l’ADAV. C’est donc un compromis de la part de la SDAP. Le parti souhaite la mise en place du suffrage universel, l’égalité de tous les hommes et une amélioration de la condition ouvrière. La SPD est donc un mouvement réformiste. Le SDAP s’est donc rallié aux manières d’agir de l’ADAV lors de leur fusion tout en combattant pour leurs idéaux communs. Nous pouvons tout de même retrouver un compromis de la part de l’ADAV puisque la SPD réclame un “droit illimité de coalition” (l.42) ce qui se rapproche des revendications de la SDAP.

Nous pouvons donc en conclure que les idées véhiculées par la SPD représentaient une réelle avancée sociale qui seront reprises en Europe au cours du XXe siècle; même si c’est encore loin des idées développées dans le Manifeste du Parti Communiste. Karl Marx montra en effet son désaccord dans Critique du programme de Gotha. Bismarck s’oppose avec force au socialisme créant des lois anti-socialiste, interdisant même la SPD en 1878. Il est obligé de concéder toute fois des avancées

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