Le Grand Paris

L’idée de « Grand Paris » est ancienne et a été maintes fois réactivée. Napoléon III imaginait déjà étendre la capitale de Saint-Germain-en-Laye, à l'ouest, jusqu’à Marne-la-Vallée, à l’est. L’expression peut alors désigner d’une part la métropole parisienne, et sa zone d’influence c’est à dire le bassin parisien, d’autre part c’est une expression reprise par Nicolas Sarkozy dans un discours à Roissy, en juin 2007. Il définit cette expression par un double objectif : « booster » la croissance de la première ville française confronté à la concurrence des autres villes mondiales, et réformer sa gouvernance. C’est donc un projet visant à transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole mondiale et européenne du XXème siècle en améliorant le cadre de vie des habitants, en corrigeant les inégalités territoriales et en s’approchant de la ville durable. Cependant des conflits géopolitique se mêlent aux objectifs d’aménagement de la ville. Nous pouvons donc nous demander quelles sont les limites de la puissance parisienne ? Quelles défaillances l’aménagement du territoire présente t-il ? Quelles alternatives le projet du Grand Paris propose t-il pour rallier puissance et qualité de vie au sein de la capitale ? Nous étudierons dans un premier temps la région riche et puissante qu’est la métropole du Grand Paris, mais nous verrons que cette puissance connait des limites et qu’une restructuration est en cours depuis quelques années, enfin nous nous concentrerons sur les conflits géopolitiques qui en résultent.

La métropole du Grand Paris : Une région riche et puissante

A/ Une ville mondiale

Une ville mondiale est une ville qui exerce des fonctions stratégiques à l'échelle internationale, un centre qui organise des flux et s'inscrit dans des réseaux. Elle doit aussi être un pôle de commandement dans la mondialisation.

En tant que ville-monde, Paris concentre les fonctions de commandement qui en font une métropole à part.

La région est particulièrement performante dans le domaine de la recherche et du développement - 40% de la main-d’œuvre nationale employée dans ce secteur,

- 17 universités,

- 350 établissements d’enseignement supérieur

Ces conditions sont particulièrement favorables à l’implantation des entreprises, en particulier dans les domaines de pointe (nanotechnologies, aéronautique, studios multimédias, etc.).

Paris concentre donc les sièges sociaux de 39 multinationales parmi les 500 plus puissantes du monde ce qui en fait le deuxième pôle d’implantation des plus grandes entreprises au monde, après Tokyo. La place financière de Paris est la deuxième en Europe, derrière celle de Londres. Le quartier des affaires de la Défense représente à lui seul 20 % du PIB de l'Île-de-France, et forme le premier quartier d'affaires du monde en cherchant à mettre en réseaux tous les quartiers d'affaires internationaux.

Paris a également un pouvoir de commandement politique : elle concentre les activités de tertiaire supérieur ce qui représente 40 % des cadres français et est un pôle très important de recherche et développement avec 59 % des chercheurs français.

La ville est au cœur d'un très important réseau de moyens de communication qui en fait la ville la plus accessible du monde, le hub parisien est au cœur de ce dynamisme : les aéroports de Roissy-Charles- de-Gaulle et d’Orly, le réseau de TGV et la plate-forme fluviale constituent le premier espace de déplacements et d’échanges en Europe continentale. Paris, pôle de commandement, est bien entendu le moteur de ces échanges. C’est également la première ville touristique au monde.

Paris, est donc avec New York, Londres et Tokyo l'un des quatre pôles dominant l'archipel mégalopolitain mondial, au cœur des échanges internationaux, avec un rôle important de centre d'impulsion mondial.

B/ La France et la macrocéphalie parisienne

À Paris 1/3 de la richesse est concentrée pour les 19% de la population française qui y vivent, quand les 81% de « provinciaux » doivent se partager les 2/3 restant

Le concept de macrocéphalie s'applique de façon figurée à la configuration d'un espace largement dominé par un pôle unique concentrant population, activités et fonctions au point de freiner voire d'empêcher l'affirmation de pôles secondaires.

Le poids de la métropole parisienne à l'échelle de la France est un exemple typique de macrocéphalie, la France étant un des rares pays d'Europe dont le système urbain est macrocéphale.

En conséquence de cette macrocéphalie française, Paris est à la fois un atout pour la France et un problème puisque cette concentration de population et de richesses s’est faite aux dépens des autres territoires français qualifiés de « provinces ». Le clivage majeur opposant Paris à la province est le plus important et le plus anciens du territoire, bien qu’il se soit fortement atténué. Le réseau urbain reste malgré tout fortement dominé voir écrasé par Paris.

En effet avec cette prééminence parisienne on assiste à des disparités croissantes entre des territoires inégalement riches et productifs et à une concentration de la production de richesse en Île de France c’est ce que décrit Jean François Gravier dans son ouvrage Paris et le désert français, publié en 1947 avec une vision critique de l’urbanisation en France, il parle « D’urbanisation foudroyante » et de paris qui à l’image d’un monstre « dévore le territoire français » cependant parler d’un « désert français » comme il le faisait n’est clairement plus d’actualité. Les grandes villes provinciales, en particulier les capitales régionales les plus peuplées ont réduit l’écart qu’elles avaient avec Paris grâce aux politiques de rééquilibre du réseau urbain des années 60-70

C/ Une puissance qui connait des limites

Malgré des atouts dans la compétition internationale, la métropole souffre de difficultés, de cohésion sociale et d’insuffisantes connexions entre le centre ville et son agglomération.

Un aménagement du territoire défaillant : barres d’immeubles

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