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La vie au compte gouttes au Yémen

Commentaire de texte : La vie au compte gouttes au Yémen. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  763 Mots (4 Pages)  •  744 Vues

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« Il tourne le robinet du tuyau d’arrosage […], puis met en marche la pompe électrique qui pallie les défaillances d’un réseau d’adduction à l’agonie. Dans un gargouillis, le tuyau crache péniblement quelques gouttes d’eau. Puis plus rien. Anouar As-Saooly arrête la pompe qui tourne à vide, et referme le robinet. “Il fallait venir hier, c’était le jour hebdomadaire de ravitaillement du quartier”, soupire cet ingé- nieur en hydrologie […] qui réside dans un quartier pourtant aisé de Sanaa, la capitale du Yémen. La veille, la famille d’Anouar a donc rempli les deux citernes dont elle dispose. L’eau recueillie, de qualité médiocre, n’est utilisée que pour les tâches ménagères. Pour la cuisine et l’eau potable, c’est uniquement celle des bouteilles ou des jerricans vendus dans le commerce qui est consommée. L’eau courante est depuis longtemps un mirage au Yémen, et pas seulement dans ses déserts et ses montagnes arides. […] Le partage d’une ressource de plus en plus disputée risque d’alimenter à l’avenir une série de guerres de l’eau opposant les campagnes aux villes, ou les régions les plus arrosées aux plus sèches. Un Yéménite dispose en moyenne de 120 m3 d’eau par an pour pourvoir à tous ses usages, contre 1 500 m3 pour la moyenne mondiale. Un chiffre déjà très faible, qui pourrait être divisé par deux d’ici à 2025. […] “Il y a cinquante ans, il suffi sait de creuser à 10 m de profondeur pour trouver de l’eau. Aujourd’hui, il faut descendre en moyenne à 500 ou 700 m. Dans certaines régions, les puits vont même jusqu’à 1 km.” Les nappes fossiles font encore illusion, mais pour combien de temps ? Le fort taux de croissance démographique du Yémen explique en grande partie cette soif inextinguible. La population du pays double en effet tous les quinze ans, alors que les précipitations sont limitées, que le pays est dépourvu de cours d’eau permanents, et que le prix de la désalinisation d’eau de mer reste prohibitif. La consommation dépasse donc, et de beaucoup, le stock renouvelable. Mais l’origine de la crise de l’eau au Yémen remonte aussi aux années 1970 et à la révolution des techniques agricoles. Dans ce pays désertique, les méthodes ancestrales privilégiaient un usage collectif des eaux de pluie, par la culture en terrasses ou dans le lit d’ouadis régulés par un maillage de petits barrages. À cette époque, la gestion communautaire vole en éclats avec la possibilité désormais donnée de creuser en profondeur et de pomper dans la nappe phréatique. Les autorités incitent à investir dans ces pratiques individualisées au nom de l’autosuffi sance alimentaire ou d’une agriculture érigée en symbole national. […] C’est ainsi que des cultures gourmandes en arrosage, comme la banane et la pastèque, font leur apparition, y compris pour l’exportation, même si cela revient dans les faits à exporter cette eau qui coule à fl ots. La surface cultivée avec la seule eau de pluie chute de 1 million d’hectares dans les années 1970 à 500 000 hectares en 2009. Dans le même temps, celle irriguée artifi ciellement passe de 40 000 à 500 000 hectares […]. La capitale du Yémen est particulièrement menacée par la pénurie. [Certains] responsables […] ont décidé de consacrer tous leurs efforts à une plus grande effi cacité du secteur agricole qui absorbe 93 % des ressources du pays. […] “Il

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