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La mise en oeuvre du projet républicain

Synthèse : La mise en oeuvre du projet républicain. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Décembre 2020  •  Synthèse  •  4 390 Mots (18 Pages)  •  748 Vues

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Thème III) Chapitre 1 : La mise en œuvre du projet républicain (1871-1914)

 

PROBLEMATIQUES :  

  • Comment un régime installé dans l’urgence adopte-t-il un modèle républicain durable ?
  • Comment la république sort-elle renforcée des crises et des oppositions ?
  • Sur quoi s’appuie le « projet républicain » ?

  1. L’instauration de la République et de la démocratie parlementaire (1870-1875)

Comment les républicains parviennent-ils à l’emporter ?

A : Le retour délicat de la République en 1870

Contexte :

  • Le 8 mai 1870, Napoléon III était sorti renforcé d’un plébiscite qui lui avait donné plus de 7 millions de « oui » contre environ 1,5 millions de « non » venant confirmer l’orientation libérale de l’Empire. A Paris, cependant, une majorité républicaine s’était prononcée contre le régime. La déclaration de guerre à la Prusse, le 19 juillet 1870, à la suite d’un différend diplomatique détruit les ambitions de l’empereur. L’armée impériale est défaite à Sedan le 2 septembre 1870 : l’empereur est fait prisonnier et le territoire est envahi. Le Second Empire ne survit pas à ce désastre militaire et montre l’échec de la politique des nationalités menée par Napoléon III.

Proclamation de la IIIème République :

  • Dans la nuit du 3 au 4 septembre, dès l'annonce de la défaite, les députés du Corps législatif se réunissent au Palais-Bourbon. Ils dédaignent de confier la régence à l'impératrice Eugénie, confinée au palais des Tuileries, et s'interrogent sur la conduite à suivre. Les Parisiens envahissent bientôt le Palais-Bourbon et exigent l'instauration de la République. Comme pour les deux précédentes républiques, la Troisième République fut le résultat d’une action massive et déterminée du peuple pour affirmer sa souveraineté au lieu-même ou s’exerçait le pouvoir : le Palais-Bourbon (parallélisme avec le 24 mars 1848 au même endroit et la prise du Palais des Tuileries le 10 août 1792). Ces naissances de nos Républiques ne sont pas que symboliques mais montrent le peuple rassemblé (et armé s’il le faut) comme l’unique source de souveraineté. C’est l’originalité de la république française qui, en ce sens, se rapproche de la démocratie directe. C’est ce qui explique le lien indissoluble entre la république et la révolution française. La création de la République est un acte révolutionnaire qui abolit le passé, un acte d’autonomie fondatrice. Les députés craignent d'être débordés par l'insurrection. Jules Favre leur suggère alors de proclamer eux-mêmes la République à l'Hôtel de ville de Paris, comme en 1789 ou en Février 1848. Pour séduire et rassurer la foule, Jules Ferry a l'idée de constituer un gouvernement composé de députés républicains de Paris. Léon Gambetta et Jules Favre proclament la République au milieu d'une liesse générale quelque peu surréaliste au regard de la situation militaire du pays. Ils sont des députés modérés et devancent de peu les députés radicaux.

"Le peuple a devancé la Chambre qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République : elle est proclamée, et cette révolution est faite au nom du droit et du salut public. Citoyens, veillez sur la cité qui vous est confiée ; demain, vous serez avec l’armée des vengeurs de la Patrie." Ainsi s’exprimait Léon Gambetta place de l’hôtel de ville.

Rétablir l’ordre :

  • C’est une république issue de la défaite et la situation est extrêmement instable. Les républicains sont partisans de la guerre à outrance et l’objectif de ce gouvernement est de poursuivre la guerre contre la Prusse qui avance dans le territoire. Un gouvernement de « Défense nationale » est constitué. Gambetta se heurte à l’hostilité des campagnes et des modérés du gouvernement qui veulent la paix. Paris est encerclé dès septembre 1870 et, par des dissensus politiques et militaires et malgré un enthousiasme patriotique, les parisiens échouèrent à briser l’encerclement prussien. Le 26 janvier 1871, l’Armistice est signée. Le traité de Francfort du 10 mai 1871 confirme cette paix et oblige la France à céder l’Alsace et une partie de la Moselle et à verser une indemnité de 5 milliards de francs.
  • Ce sont les monarchistes, favorables à la paix, qui emportent largement les élections législatives du 8 février 1871, élus par une majorité de ruraux, et désignent Adolphe Thiers comme chef du pouvoir exécutif. On parle de la « République des Ducs ». Les républicains paient la volonté de Gambetta de poursuivre une guerre coûteuse et sans espoir alors que le peuple veut la paix.
  • Biographies à savoir :
  • Adolphe Thiers
  • Jules Favre
  • Jules Ferry
  • Léon Gambetta
  • Notions à savoir :
  • Républicains modérés et radicaux
  • Conservateurs
  • Monarchistes
  • Orléanistes
  • Légitimistes

La Commune de Paris, une tentative de République sociale (18 mars 28 mai 1871)

  • Mars 1871 : les Parisiens se sentent trahis et humiliés. Le nouveau gouvernement français, à majorité monarchiste, a accepté la défaite de la France et a même autorisé un défilé symbolique de la Prusse à Paris et a accepté de verser d’énormes indemnités de guerre. Ces mesures économiques enfoncent un peu plus le peuple dans la pauvreté. Les Parisiens, qui se sont forgés une mentalité révolutionnaire pendant le siège de Paris sont en colère. La situation est explosive d’autant plus que les parisiens ont gardé leurs fusils et environ 300 canons
  • Matin du 18 mars 1871 : Adolphe Thiers envoie l’armée récupérer ces canons. Femmes, enfants, vieillards affluent pour faire barrage mais un général ordonne de tirer sur la foule mais les soldats refusent. Des barricades sont dressées partout dans la ville et ce général est exécuté. Le gouvernement et l’Assemblée fuient à Versailles et les Parisiens organisent des élections.
  • 26 mars : l’extrême-gauche obtient la majorité. Comme la municipalité de Paris s’appelait la « Commune » pendant la RF, on reprend ce nom. Elle est proclamée devant une foule enthousiaste. Ouvriers, artisans, journalistes, avocats, médecins républicains et socialistes ou anarchistes sont élus. Les « Fédérés » ou « Communards », c’est-à dire les partisans de la Commune réquisitionnent les ateliers de production et les ouvriers s’auto-gèrent. De nombreuses mesures sociales sont mises en place : gratuité des loyers pendant quelques mois, on envisage une justice gratuite, les salaires des instituteurs doublent, les écoles deviennent obligatoires, gratuites et laïques. On se méfie de la religion et les églises sont pour beaucoup réinvestis en club de discussion ou tous peuvent prendre la parole, hommes comme femmes.
  • 2 avril : le gouvernement organise une répression violente contre cette Commune et améliore son armée. Les combats font rage aux portes de Paris et les Communards vont de défaites en défaites.
  • 21 mais 1871 : les « Versaillais » rentrent à Paris, ce qui marque le début de la « Semaine sanglante » (130 000 militaires contre seulement quelques dizaines de milliers de fédérés). Quiconque a des traces de poudre sur les mains ou ressemble à un fédéré est fusillé. Les Communards mettent le feu à plusieurs bâtiments de Paris (Palais de Tuileries, Hôtel de Ville, Palais de Justice). Ultime bataille au cimetière du Père Lachaise : 147 000 Communards sont fusillés devant un mur du cimetière (« le Mur des Fédérés »).
  • 28 mai 1871 : Fin de la Commune. 43 000 hommes, femmes et enfants subissent des représailles et sont déportés en Nouvelle Calédonie, colonie française ou emprisonnés.
  • La Commune n’a duré que 72 jours mais hante encore toujours les esprits. Pour la gauche, elle est un mythe-fondateur. Marx et Hengels (Le manifeste du Parti Communiste, 1848) y voient la première dictature du prolétariat. Sa mémoire s’est transmise (chansons L’International et Le temps des Cerises) qui sont leitmotiv encore aujourd’hui de nombreuses manifestations en mémoire de la Commune et de son espoir de meilleurs lendemains.
  • Bios à connaître :
  • Louise Michel (militante et intellectuelle anarchiste et féministe, institutrice)
  • Jules Vallès (journaliste, écrivain et homme politique français d’extrême-gauche, fondateur du journal Le Cri du Peuple).
  • Gustave Courbet (peintre, artiste fondateur de la peinture réaliste, directeur des Beaux-Arts pendant la Commune.
  • Edouard Vaillant (homme politique socialiste, s’occupe de l’école pour qu’elle devienne gratuite et plus accessible aux filles. Après la Commune et un exil pour échapper à la peine de mort, il revient en France en 1880 et entre au SFIO. Il a œuvré en faveur de lois sociales, de l’amélioration des conditions ouvrières, de l’indépendance syndicale et de l’unité du Part Socialiste).
  • André Léo : autrice de livres sur les inégalités de genre notamment. Militante féministe et anarchiste. Adhérente de l’Association Internationale des Travailleurs et créatrice de l’Association pour l’amélioration de l’enseignement des femmes, originaire de la 1ère vague féministe en France. En septembre 1871, elle veut « dénoncer les horreurs commises et demander aux hommes qui se posent philosophes et législateurs, de mettre au ban de l’humanité, les immondes égorgeurs et calomniateurs de Versailles . » 
  • Notions :
  • Commune
  • Communards ou Fédérés
  • Anarchisme
  • Communisme
  • Versaillais
  • Syndicat

B : Le temps des incertitudes (1871-1879) :

Un ordre conservateur

« Paix », « ordre » et « travail » sont les mots d’ordre. Républicains et monarchistes sont de mèche au sujet de la répression de la Commune dans laquelle ils ont vu une aberration ou une utopie. L’opinion publique est en faveur des républicains qui prennent leur distance de l’insurrection. Les conservateurs monarchistes prétendent de voir en les républicains les fourriers du socialisme, du radicalisme et du communalisme et souhaitent un « ordre moral » à l’inverse d’un « ordre républicain ». Les dix premières années de la IIIème République sont conservatrices, voire austères et marquent un clivage entre républicains libres-penseurs et libéraux, avec un idéal séculaire issu de la RF et les partisans de l’« ordre moral » favorable à une Eglise toute puissante. Il y a aussi des « catholiques militants ». A l’Assemblée, la France traditionnelle revient aux affaires : les ruraux ont voté pour les notables, garanti d’ordre et de paix et la moyenne d’âge est de 53 ans. C’est ce que les historiens appelleront « La France des notable », période de 1871 à 1879 ou les juristes, les haut-fonctionnaires et les militaires dirigent le pays.

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