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La démocratie, une idée neuve en Europe,

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Par   •  2 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 247 Mots (9 Pages)  •  2 271 Vues

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Histoire, géographie, géopolitique, sciences politiques

Composition : la démocratie, une idée neuve en Europe,

Proposition de correction

        L’Europe est aujourd’hui un continent largement démocratique puisqu’on y trouve des république, des monarchies parlementaires et puisque l’union européenne qui regroupe 27 États du continent porte des exigences de démocratie. Ce régime politique dans lequel le peuple gouverne (en grec Δήμος le peuple et Κράτος le pouvoir) est donc très largement répandu. Il repose sur différents critères : non seulement la souveraineté populaire mais aussi le pluralisme politique, le respect des droits et libertés fondamentales ainsi que la séparation des pouvoirs. Comment l’idée de démocratie a-t-elle évolué en Europe de l’Antiquité à nos jours ? Nous répondrons à cette problématique en présentant tout d'abord la première démocratie européenne, née à Athènes au V° siècle av.j.-C, son fonctionnement et ses limites. Nous montrerons ensuite que l’idée même de démocratie a été discutée au moment de sa résurgence en Europe au XIX° siècle, avant de voir que le concept s’impose même s’il est remis en question aux XX° et XXI° siècles.

        L’idée démocratique est née à Athènes au V°s.av.J.-C., mais la démocratie athénienne est bien différente de nos démocraties modernes.

        Elle se met véritablement en place grâce aux réformes de Clisthène à la toute fin du VI° siècle av. J.-C. (508), qui réorganisent la division de l’Attique en tribus pour renforcer la solidarité entre les habitants de la cité d’Athènes et qui instituent la procédure d’ostracisme permettant d’exiler pour dix ans un homme politique qui aurait pris trop d’importance et qui apparaîtrait ainsi comme une menace pour la démocratie. Dans le petit État indépendant qu’est alors Athènes, il s’agit de protéger la démocratie après les années de tyrannie exercée par les Pisistratides. Dans le cadre de la cité-Etat athénienne, la démocratie est directe : les quelque trente mille citoyens athéniens (des hommes libres, nés de père citoyen et de mère elle-même fille de citoyen, ayant effectué l’éphébie et étant capables de défendre leur cité) participent directement au fonctionnement des institutions et notamment de la première d’entre elle, l’ecclésia. Cette assemblée des citoyens se réunit quarante fois par an sur la colline de la Pnyx, vote l’ostracisme, les lois, les déclaration de guerre et élit ou tire au sort les magistrats athéniens (bouleutes, héliastes, stratèges…) Tous les citoyens ont les mêmes droits politiques et sont égaux devant la loi : c’est le principe de l’isonomie ; tous ont le droit de présenter une proposition à l’ecclésia et de s’y exprimer : c’est ce que l’on appelle alors l’iségoria.

        Cependant, ce régime, s’il est le régime politique le plus large de toutes les cités grecques, est loin d’être égalitaire. Si les droits politiques ont été étendus aux thètes (les Athéniens les plus pauvres appartenant à la quatrième classe censitaire) grâce à la loi navale de Thémistocle, qui leur permet de prendre part à la défense de la cité en tant que rameurs sur les trières, la loi de Périclès de 451, établissant des conditions de naissance, a réduit le nombre de citoyens : seul un habitant de la cité sur huit est effectivement citoyen et les femmes, les métèques (étrangers domiciliés à Athènes) et les esclaves n’ont aucun droit politique (même si les femmes jouissent d’une forme de citoyenneté religieuse). Il s’agit donc d’une démocratie, mais d’une démocratie limitée.

        Dès l’Antiquité, ce régime démocratique a été critiqué : si le philosophe athénien du IV° siècle av.J;-C, Aristote le présente, dans la Politique, comme le meilleur des régimes, considérant que la somme de l’intelligence des citoyens garantit de bonnes décisions, tous les penseurs grecs ne sont pas de cet avis. Dès la fin du V° siècle av.J.-C., le Pseudo Xénophon, dans la Constitution des Athéniens, présente la démocratie comme le pire des régimes, imposant une forme de tyrannie de la masse (il parle de ploutocratie) sur les ”gens de bien”. Platon lui aussi considère, dans Le Politique, ce régime comme néfaste et lui préfère l’oligarchie (le gouvernement d’un petit groupe de personnes). A ces critiques il faut ajouter une forme de déviance de la démocratie athénienne à la fin du V° s et au IV°s, la démagogie permise par l’iségoria qui devient alors parrhésia (pouvoir de tout dire) : la cité est alors gouvernée par des orateurs-démagogues qui disent au démos ce qu’il a envie d’entendre et ne gouvernent pas dans l'intérêt de la cité.

        La démocratie disparaît en même temps qu’Athènes perd son indépendance : en 338 av. J.-C., Athéniens sont vaincus par Philippe II de Macédoine à la bataille de Chéronée et Athènes tombe sous domination macédonienne. Il faut attendre le XIX° siècle pour que l’idée démocratique resurgisse en Europe où elle est alors l’objet de débats.

        Le XVIII° siècle en Europe marque un basculement dans la conception de la démocratie. Les philosophes des Lumières, tels Rousseau ou Diderot, croient en l’émancipation de l’homme  qui, grâce à sa raison, peut être libre, et même libre de se gouverner. La révolution Française de 1789 permet de mettre en oeuvre l’idée démocratique tout en virant la voie au libéralisme. Cependant, si la France tente de mettre en place une forme de démocratie au début de la révolution par la constitution de 1792 qui institue un suffrage universel, celle-ci n’est pas appliquée puisque face aux menaces intérieures et extérieures qui pèsent sur la Révolution le régime sombre dans la Terreur. Néanmoins on y voit les débuts d’une démocratie représentative  permettant de déléguer le pouvoir à des élites politiques capables d’administrer les nation.

        Au début du XIX°siècle la science politique s’intéresse de nouveau à la démocratie. Ainsi, en 1819,  Benjamin Constant, un penseur libéral, donne à Paris une conférence qu’il intitule ”de la liberté des Anciens comparée à celle de modernes”, où il distingue la liberté chez les Grecs et les Romains qui se définit par la participation directe aux délibérations, et celle des modernes qui est centrée sur l’exercice de la liberté individuelle, le rôle de l’Etat étant alors de garantir la jouissance de ces libertés acquises au XVIII° siècle et affirmées dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen. Même s’ils reconnaissent la volonté générale et le régime représentatif comme fondements de l’organisation politique, les libéraux sont alors hostiles à la démocratie au sens plein du terme par peur du ”despotisme du nombre”. Le pouvoir, selon eux, ne peut être exercé que par des hommes instruits. Or l’instruction est alors le privilège des riches qui, de plus, en tant que propriétaires, ont seuls l'indépendance et la conscience de l’intérêt collectif nécessaires à l’exercice du pouvoir. Il s’agirait donc de favoriser un suffrage à la fois censitaire et capacitaire. C’est ainsi que, sous la monarchie de Juillet, une monarchie limitée par une charte constitutionnelle, le droit de vote est accordé non seulement aux plus riches mais aussi aux ”capacités”, certains magistrats et fonctionnaires ; en outre, en 1833 la loi Guizot impose à chaque commune de posséder une école, dans l’idée que l’instruction doit permettre le progrès social et donc l’accès au vote. On voit alors apparaître la notion de suffrage capacitaire.

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