L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Cours : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar noemie04 • 30 Septembre 2019 • Cours • 2 047 Mots (9 Pages) • 492 Vues
CHAPITRE 1 :
L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France.
Il faut distinguer l’histoire des mémoires. La mémoire est subjective, alors que l’historien est objectif, il s’appuie sur des faits historiques. En France, la Seconde Guerre mondiale est un sujet politique. Le 27 mai 2015, François Hollande a fait entrer deux hommes et deux femmes résistants au Panthéon (Jean Zay, Geneviève De Gaulle, Pierre Brossolette et Germaine Tillion). Comment l’historien parvient-il à dompter les mémoires de la Seconde Guerre mondiale afin d’écrire une histoire dépassionnée ?
- Quelles mémoires ?
Types de mémoires :
*mémoires de la Résistance : FFI et FFL
*prisonniers de guerre (2 millions)
*STO / réfractaires
*déportés : civils, religions, politiques…
*victimes civiles et militaires de la guerre
* « malgré-nous » (Alsaciens et Lorrains obligés à faire leurs services militaires en Allemagne)
*collaborateurs
- L’historien, prisonnier de la mémoire officielle : 1944 – 1969.
- Le mythe d’une France unanimement résistante.
Le 6 juin 1944, débarquement en Normandie des troupes américaines. Le 19 août 1944, Paris se soulève, elle est libérée par l’armée française, le 25 août 1944.
Le 25 août 1944, le général De Gaulle fait l’éloge de la résistance. Il célèbre une France unanimement résistante dans le but de reconstituer l’unité nationale. H.Rousso appelle cette période le « résistancialisme », elle va donc s’imposer aux français de 1944 à 1949. Le « résistancialisme » se matérialise dans des films : la Bataille du rail en 1946, la Grande vadrouille en 1966. C’est aussi un lieu, le Mont Valérien, les « compagnons de la libération » sont enterrés là-bas depuis le 18 juin 1960. Et c’est aussi une cérémonie qui a eu lieu le 19 décembre 1964, ce jour-là les cendres de Jean Moulin sont déposées au Panthéon. Jean Moulin est proche du parti communiste et non gaulliste. De Gaulle fait faire à André Malraux l’éloge de Jean Moulin. Le concours national de la Résistance pour des écoliers, collégiens, lycéens a été créé par De Gaulle en 1966.
Le « résistancialisme » fait face au parti communiste, qui a été résistant de 1941 à 1944 avec sa propre organisation : le FTP. Le parti communiste a des martyrs lui aussi, en France des rues et des places ont leurs noms : Gabriel Péri, Colonel Fabien, Colonel Manhes et Guy Moquet. Ce parti devient les « 75 000 fusillés », aujourd’hui des historiens ont prouvés que ce chiffre a été exagéré car au total ils étaient 50 000.
- D’autres mémoires presque totalement refoulées.
En 1945, les prisonniers de guerre, les déportés et le STO rentrent en France. Chacun rentre chez soi et reprend son travail. Personne ne parle même les déportés ; parce que selon De Gaulle cela ne montrerait pas une France unie ; alors que selon Simone Veil c’est parce qu’ « on ne nous aurait pas cru ». C’est donc la période du « Grand Silence ». Les « malgré-nous » ont fait partie de la division SS « Das Reich » qui a participé au massacre d’Oradour sur Glane, le 10 juin 1944. La France a retrouvé vingt et un membres dont quatorze « malgré-nous », un procès va alors avoir lieu à Bordeaux en 1953. Ce procès créé une période de division pour les français : doit-on jugés les « malgré-nous » ? Une loi pour l’unité nationale est votée pour amnistier les Alsaciens et les Lorrains. Tous les présidents ou autres personnalités ainsi que les Alsaciens et Lorrains sont interdits d’aller à Oradour sur Glane.
Autre mémoire refoulée, celle des collaborateurs. Début août 1944, De Gaulle (président du GPRF) prend une décision : tout ce qu’a fait et vu Vichy est « nul et non-avenu ». Les collaborateurs, dont Pierre Laval, sont jugés et exécutés. Philippe Pétain prend perpétuité, il n’est pas fusillé parce que De Gaulle dit qu’il est trop âgé. Quelques années plus tard, l’extrême droite réapparaît. En 1954, Raymond Aron publie une thèse du « bouclier et l’épée », selon lui Pétain est le bouclier et De Gaulle est l’épée. Le maréchal Pétain a « protégé », c’est donc le bon Vichy. Alors que Pierre Laval est le « mauvais Vichy ». De Gaulle et Pétain ont une grande amitié, pour preuve De Gaulle a un fils nommé « Philippe » et qui a pour parrain le maréchal.
- Un travail quasiment impossible pour les historiens ?
En 1956, Alain Renais, un réalisateur français doit faire un documentaire pour le festival de Cannes : Nuit et brouillard. Ce film est censuré suite à une certaine image diffusée : un soldat français gardant un camp de déporté (c’est le total opposé du « résistancialisme »). A partir de 1969, départ de De Gaulle et arrivée de nouveaux personnages politiques. De Gaulle meurt en 1970.
- L’historien, acteur du réveil des mémoires (années 1970-1980).
- Les contestations de la mémoire résistante gaulliste.
En 1971, le président Pompidou, qui a été professeur de lettres et donc n’a pas participé à la guerre, possède en tant que président le droit de grâce. Il gracie Paul Touvier qui est un pétainiste et un collaborateur. Il était aussi chef de la milice de Lyon pendant toute la guerre, il a fait fusiller et tuer des personnes juives. En 1944, il échappe à l’arrestation grâce à l’église catholique, il va se réfugier en Espagne pendant ce temps il est condamné à mort par contumace. Touvier rentre à Chambéry après vingt ans (prescription, il ne peut être condamné). En 1971, la mémoire gaulliste est remise en cause avec un film : « Le chagrin et la pitié », documentaire sur la ville et les habitants de Clermont pendant l’occupation. Avec ce film, la population découvre qu’il y avait seulement une minorité de résistants et de collaborateurs et une majorité de gens passifs (ce qui est l’inverse de ce que De Gaulle avait proclamé). L’ORTF refuse de la diffuser. En 1975, le président est V. Giscard d’Estaing, il décide d’arrêter de célébrer le 8 mai par volonté de réconciliation avec l’Allemagne.
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