L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Cours : L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Balima50 • 2 Novembre 2016 • Cours • 1 047 Mots (5 Pages) • 974 Vues
L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE
Quel rôle les historiens ont-ils joué dans l’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale ?
I. LA CONSTRUCTION DU MYTHE RESISTANCIALISTE A LA LIBERATION ENTRE GAULLISTES ET COMMUNISTES
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Français sont divisés entre les anciens collaborateurs et les résistants. Lors de la libération, on trouve ainsi de nombreux tribunaux populaires qui provoquent l’exécution de près de 10 000 personnes à l’été 1944. On parle « d’épuration sauvage ». Le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) décide donc du désarmement des milices patriotiques. De plus, grâce aux élections municipales d’avril 1945, un retour à la légalité est effectué. L’épuration sauvage est remplacée par une épuration légale avec des tribunaux réguliers et des juges professionnels. Pétain est condamné à mort mais sa peine est commuée en réclusion à perpétuité.
Charles de Gaulle, alors président du GPRF, choisit d’oublier le régime de Vichy pour restaurer l’unité nationale et ainsi éviter une révolution ou une guerre civile entre les résistants et les collaborateurs. L’histoire officielle tire donc un trait sur le régime de Vichy en minimisant l’action des collaborateurs et la spécificité de la déportation des Juifs, ce qui amène au mythe résistancialiste.
Le mythe résistancialiste a été développé par l’historien Henry Rousso en 1987. Il évoque l’image d’une France unie et majoritairement résistante. Les crimes du régime de Vichy y sont peu abordés. Cette sacralisation de la Résistance est partagée entre les 2 grands partis de la Résistance : les gaullistes et les communistes, chacun cherchant à mettre en valeur son propre rôle. Le parti communiste prétend être le « parti des 75 000 fusillés » alors que les gaullistes mettent en avant l’appel du 18 juin 1940.
II. DES MEMOIRES CONCURRENTS (1947-1969)
En 1947, la naissance de la guerre froide met fin au consensus entre les communistes et les gaullistes. Le parti communiste refusant le plan Marshall (aide financière des États-Unis), il est exclu du gouvernement d’union. De plus, en 1946, De Gaulle se retire de la vie politique (jusqu’en 1958) puisqu’il refuse la nouvelle constitution. Le mythe résistancialiste est donc remis en cause dans les années 1950.
Le retour de la droite dans les années 1950 va favoriser l’affirmation d’un mythe pétainiste. A la fin des années 1940, et au début des années 1950, plusieurs lois d’amnistie minimisent la collaboration. De plus, en 1954, l’historien Robert Aron développe une thèse qui fera longtemps autorité (jusque dans les années 1970) : elle évoque une connivence entre De Gaulle et Pétain. De Gaulle représente l’épée de la France et Pétain, le bouclier, qui protège la population française des conditions d’occupation trop lourdes des Allemands. Laval est rendu responsable des erreurs du régime. Par ailleurs, le gouvernement n’hésite pas à censurer des œuvres artistiques, comme le film Nuit et Brouillard d’Alain Resnais qui présente un gendarme en train de surveiller un camp d’internement de Juifs.
Le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 marque le retour en force du résistancialisme.
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