L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France.
Cours : L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clémence Papin • 11 Octobre 2016 • Cours • 2 737 Mots (11 Pages) • 1 052 Vues
L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France.
L'historien a pour vocation de restituer le passé de la manière la plus objective possible. Il s'appuie sur une étude critique des sources (écrites, orales, archéologiques, etc.). Les mémoires veulent réhabiliter, "sauver de l'oubli", alors que l'historien qui veut comprendre et expliquer le passé peut nuancer ou s’opposer à ces mémoires. Il va donc s’agir de montrer l’évolution de la recherche historique au fil du temps
La mémoire est la présence sélective des souvenirs du passé dans une société donnée. La mémoire est souvent plurielle et conflictuelle : les différents groupes qui ont vécu des événements douloureux se font leur propre construction du passé et ces différentes visions peuvent s'opposer. Il y a donc plusieurs mémoires.
Introduction
Dans l’histoire des nations, il est des périodes, que l’on souhaite occulter car les actes des dirigeants ont été en contradiction avec les principes et les valeurs dans lesquels la population se reconnaît. C’est le cas des années 1940. En effet, durant ces « années noires », les Français se sont divisés. D’un côté, le gouvernement de Vichy qui représente le gouvernement légal de la France a collaboré avec l’occupant, allant jusqu’à participer à la traque des résistants et des citoyens français de confession juive. D’un autre côté, un pouvoir contestataire mais illégitime, celui de De Gaulle et de la résistance, s’oppose au régime de Vichy et aux Allemands. Grâce à l’action du général, c’est cette France qui l’emporte et qui place notre pays dans le camp des vainqueurs.
Comment les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont-elles évolué depuis 1945 ?
Comment l'historien peut-il expliquer que l'immédiat après-guerre n'ait pas permis l'émergence de toutes les mémoires ?
I/ L’historien face aux mémoires immédiates : 1945-1970, le temps du résistancialisme.
Résistancialisme : Sorte d’amnésie collective qui tend à ignorer ou minimiser le rôle de Vichy
A/ La nécessité d’apaiser les tensions et de restaurer la légalité de la République dans un pays meurtri et divisé.
(diapo1) En 1945, les Français sortent traumatisés de la Seconde Guerre mondiale avec le poids de la défaite militaire de mai-juin 1940, la présence de forces d’occupation, la collaboration menée par le régime de Vichy, les persécutions politiques et raciales et le rationnement alimentaire qui a été le quotidien des années noires pour beaucoup de Français qui sortent divisés du conflit dans un pays exsangue.
Au fur et à mesure de la Libération du territoire, (diapos 2-5) les violences se déchaînent lors de l’épuration sauvage où l’on traque les « collabos » dans un climat de tension extrême : environ 11000 personnes sont exécutées sans jugement par la foule et les résistants, tonte de femmes accusées de « collaboration horizontale »
Une épuration légale va rapidement être mise en place par le GPFR pour éviter au pays de sombrer dans le chaos et l’anarchie; 50000 personnes sont condamnées pour « intelligence avec l’ennemi »; 770 environ seront fusillées, ce qui est peu au total.
(diapo 6) Laval et Pétain sont jugés. Les deux seront condamnés à mort, Pétain à une voix près, mais ce dernier sera gracié par De Gaulle en raison de son grand âge et sa peine commuée en prison à vie.
B/ la construction du mythe d’une France unanimement résistante ou le triomphe du résistancialisme.
La priorité du général De Gaulle est de reconstruire l’unité nationale autour de sa personne en pansant les blessures : il faut oublier au plus vite ce qui divise. Pour lui, la République n’a jamais cessé d’exister : le régime de Vichy est « nul et non avenu » et constitue donc une parenthèse à oublier. (diapo 7) (Discours de l’hôtel de ville 25 août 1945 vidéo).
Il faut tourner la page. Deux mémoires dominent alors et ont pour point commun de glorifier la résistance. Tout d’abord, celle des gaullistes qui glorifient l’action du général et mettent en avant l’action militaire de la France résistante (film bataille du rail 1946, de René Clément-vidéo) tout en minimisant le rôle des alliés (discours de l’hôtel de ville 25 août 1945). Cette mémoire gaullienne se confond avec la mémoire d’Etat officielle qui est sélective et partiale. (diapo 8) On efface par exemple le rôle de la police de Vichy dans la rafle du Vel d’hiv.
En effet, en 1954, la guerre d’Algérie débute et on ne veut pas diviser les Français. (Diapo 9)Robert Aron écrit « l’Histoire de Vichy » en mettant en avant la théorie du Glaive et du Bouclier. Le bouclier consiste à considérer que Pétain aurait joué un double jeu pour protéger les Français « Je fais le don de ma personne » alors que De Gaulle aurait été le glaive, celui de la résistance contre l’Allemagne nazie.
Ensuite, il y a la mémoire des communistes (diapo 10), premier parti de France au sortir de la guerre, qui tente de se démarquer de la mémoire gaulliste en ce début de guerre froide en se présentant comme « le parti des 75000 fusillés » alors que les historiens avancent un chiffre de 30000 Français de tous bords exécutés par l’occupant.
Le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 va voir triompher cette mémoire gaulliste qui enterre Vichy sous une profonde chape d’oubli ceci d’autant plus que la France est grisée par l’euphorie de la société de consommation naissante. (diapo 11)Cette mémoire gaulliste connait son apogée en 1964 avec le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (vidéo discours de Malraux -sélection). Dans un long discours, Malraux, ministre de la culture glorifie l’action de Moulin et de la résistance ; il y a aussi la création du concours national de la résistance.
C/ Des mémoires refoulées et un pouvoir frappé d’amnésie.
Malgré l’émotion suscitée par le retour des survivants des camps (diapo 12), les responsabilités de l’administration de Vichy sont éludées. Par ailleurs, on ne croit souvent pas le récit des déportés qui semble tellement irréel, tellement inimaginable. La première édition de Primo Levi « Si c’est un homme » de 1947 ne connaîtra ainsi pas un grand succès. En réalité, moins on parlait du génocide mieux on se portait ; ainsi prit place le grand silence
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