L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale en France
Cours : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Degrugillier sophie • 30 Avril 2017 • Cours • 3 343 Mots (14 Pages) • 893 Vues
L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale en France
Introduction :
La Seconde Guerre Mondiale est un événement marquant, un véritable traumatisme. Il laisse des traces dans le paysage (cf. patrimoine) mais aussi dans les têtes. Il laisse un souvenir qui se transmet, une mémoire. Cependant un souvenir est fluctuant, plus ou moins présent, évolue dans le temps. Des souvenirs peuvent se compléter, s’opposer. Là entre en scène l’historien, l’enquêteur qui cherche à comprendre le passé : il trouve sur sa route ces mémoires différentes, opposées, qui sont occultées ou cherchent à s’affirmer. Comment construire l’histoire en relation avec ces mémoires, matériaux et obstacles ?
Pour répondre à cette question, nous verrons dans une première partie comment ont éclos les mémoires du second conflit mondial et ce qu’elles représentent pour l’historien. Dans une seconde partie, nous montrerons comment ces mémoires évoluent, s’affirment toujours sous le regard de l’historien qui fait le récit de ces mutations et cherche à les expliquer.
I. L’émergence et l’historicisation progressive de mémoires diverses
A. Pourquoi la Seconde Guerre Mondiale a-t-elle durablement divisé la société française ?
1. Le traumatisme d’une défaite humiliante et de l’occupation…
Si la Première Guerre mondiale a été une expérience difficile marquant les mémoires, il s’agit d’une victoire. La Seconde Guerre est un événement plus complexe : à la guerre s’ajoute le traumatisme de la défaite et de l’occupation étrangère. La France s’est battue seulement six semaines avant de capituler. Elle a ensuite été coupée en différentes zones (zone libre, zone occupée, zone interdite, région rattachée au commandement militaire de Bruxelles, région rattachée au Reich, ou à l’Italie … (voir cartes).
2. …qui entrainent des choix différents, une coupure idéologique…
Le choix de la collaboration avec l’occupant :
- La collaboration d’État : le Maréchal Pétain, arrivé au pouvoir le 17 juin 1940, demande l’armistice à l’ennemi, cède à ses exigences (22 juin), crée l’Etat Français ou Régime de Vichy (11 juillet) gouvernement ultraconservateur d’extrême-droite, puis se met à collaborer sur tous les plans avec le Reich économiquement et politiquement (Montoire le 24 octobre, appel à collaboration le 30).
- La collaboration policière : Vichy livre Juifs et Résistants, avec la participation de l’administration française, de la police, de la Milice. Des communistes sont choisis par Vichy comme otages à fusiller (cf. Guy Môquet).
- La collaboration économique, la plus répandue : des entreprises françaises travaillent pour l’occupant, certains Français vont travailler volontairement en Allemagne ; on peut y ajouter les profiteurs du marché noir.
- Le collaborationnisme : d’autres font de la propagande pour Vichy et le Reich, quand ils ne s’engagent pas directement aux côtés des Allemands (division SS Charlemagne).
Le choix de la résistance :
- Résistance Extérieure : Pendant ce temps, la Résistance s’organise d’abord à Londres avec le Général de Gaulle et l’Appel du 18 juin ; celui-ci est ensuite aidé par des volontaires militaires et civils qui vont trouver le moyen de le rejoindre.
- Résistance Intérieure : la Résistance s’organise ensuite péniblement en France, d’abord dans la zone occupée, puis dans la zone libre moins touchée au départ. Elle est multiforme : manifestation des lycéens sur la tombe du soldat inconnu le 11 novembre 1940, distribution de tracts, recherche de renseignements, opérations de sabotage dans les mines, les usines, déraillements de trains, meurtre de soldats allemands ou de collaborateurs.
Elle est aidée par Londres, qui envoie des spécialistes en explosifs, fournit du matériel radio et des armes.
Malgré tout, la Résistance Intérieure concerne très peu de Français : peur des représailles, confiance en Pétain, manque de coordination des réseaux.
A partir de 1941-1942, la Résistance Intérieure s’étoffe : les communistes entrent massivement dans la Résistance où ils sont très actifs, l’URSS ayant été attaquée par Hitler le 22 juin 1941 ; en novembre 1942, contrairement à sa promesse Hitler fait occuper la zone Sud, à cause du débarquement allié en Afrique du Nord ; les gens refusent de partir au STO à partir de 1943 ; Vichy collabore de plus en plus ; les exactions de l’occupant exaspèrent; les victoires alliées en Sicile et en Italie, les premières victoires russes renversent la tendance et font croire à la Libération. De grands maquis existent dans le Sud de la France (Vercors, plateau des Glières par exemple). Des réseaux importants existent : les Francs-Tireurs Partisans (communistes), les Comités d’Action Socialiste, Libération-Nord, Libération-Sud, Combat, réseau du Musée de l’Homme (intellectuels) , Jeunes Chrétiens Combattants, Organisation juive de combat, Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) (affiche rouge du groupe Manouchian) etc.
La Résistance Intérieure est unifiée par Jean Moulin de 1942 à 1943 sous l’autorité du Général de Gaulle. En mai 1943, il crée le CNR (Conseil National de la Résistance) avant d’être arrêté et torturé à mort par les nazis.
La Résistance va participer activement à désorganiser les troupes allemandes lors des débarquements, à libérer les villes (Paris), et parfois des régions entières du pays.
3. …Et des situations singulières
- Citadins quotidiennement bombardés, surtout sur le littoral et souffrant énormément des pénuries,
- paysans qui arrivent à se ravitailler mieux et sont moins bombardés (pas d’objectif militaire pour les Alliés),
- prisonniers de guerre très nombreux,
- « Justes » qui aident des Juifs à fuir ou à se cacher
- résistants, socialistes et communistes, déportés en camp de concentration,
- Juifs et Tziganes (voir cours de 1ère) déportés en camp d’extermination,
- jeunes obligés de partir dans le cadre du STO (service de travail obligatoire),
- « Malgré-Nous : les Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, que ce soit dans la Wehrmacht, l'armée régulière allemande, dans la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande, dans la Kriegsmarine,
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