Gouverner la France depuis 1945
Cours : Gouverner la France depuis 1945. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar riton33 • 26 Janvier 2020 • Cours • 7 306 Mots (30 Pages) • 513 Vues
Enseignants
La nationalisation de la Compagnie du canal de Suez en 1956 s’inscrit dans cette logique d’émancipation de l’Egypte qui refuse la présence franco-britannique sur son territoire et souhaite désormais profiter pleinement des gains liés au canal tout en s’appropriant un endroit particulièrement stratégique. Les Etats-Unis, tout comme l’URSS, ont condamné la réponse militaire menée par les Français et les Britanniques. Les deux états européens incitent d’abord Israël à intervenir en octobre ; puis ils lancent une attaque au début du mois de novembre, avant de se retirer finalement en décembre. En effet, l’opération ne tourne pas à l’avantage des Européens qui sont contraints d’abandonner toute prétention sur ce passage stratégique, sous la pression des deux superpuissances. Moscou soutient dès lors fermement l’Egypte en lui procurant des armes tout en critiquant vivement l’attitude d’Israël. L’URSS cherche ainsi à se concilier tout le monde arabe en s’attachant le pays qui se présente comme son porte-parole. Bien plus tard, en 1979, l’URSS poursuit ses entreprises dans la région en soutenant un mouvement révolutionnaire au Yémen. Le Proche et Moyen-Orient constitue ainsi une région stratégique au lendemain de la seconde guerre mondiale ; cette région suscite la convoitise des deux grandes puissances qui s’affrontent dans la guerre froide, ce qui entraine des prises de position variées d’un état à l’autre. Cependant, la guerre froide n’est pas le seul facteur qui engendre des divisions profondes au sein de cet ensemble régional. II. Un espace marqué par des conflits religieux et identitairesAu cours de la guerre froide le Proche et Moyen-Orient s’apparente à une région entachée par des conflits religieux et identitaires dont les causes sont parfois largement antérieures à la seconde guerre mondiale et indépendante de la guerre froide. La configuration de cette région qui se présente comme une mosaïque de peuples et de cultures est à l’origine de tensions nombreuses. 1) « La question de Palestine » Henry Laurens« La question de Palestine », étudiée par Henry Laurens notamment, est un conflit qui envenime la région depuis un siècle. En effet, le conflit lié à la création de l’état d’Israël, qui pose aussitôt la question de la Palestine, trouve ses racines bien avant la seconde guerre mondiale. A la fin du XIXème siècle, le mouvement sioniste qui se développe porte en lui les germes de dissensions futures, puisqu’il revendique la création d’un état juif en Palestine. Ce mouvement nationaliste est notamment porté par Théodore Herzl qui suggère à la communauté juive du monde entier d’acheter des terres en Palestine, pour favoriser une implantation massive de fidèles dans ce qui représente le berceau du judaïsme. Il crée ainsi le Fonds pour l’implantation juive qui permet de multiplier les achats de terres en Palestine. La Grande Bretagne se montre prête à encourager la création d’un foyer juif en Palestine quelque temps plus tard : en novembre 1917, le ministre des affaires étrangères, Lord Balfour, déclare dans une lettre publiée dans le Time (quotidien anglais) que le gouvernement britannique est favorable à « l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif ». Pourtant 4
les velléités sionistes sont rapidement source de tension car la Palestine est peuplée de longue date par des populations arabes qui ne partagent pas la religion juive. Même si Lord Balfour s’engageait dans sa lettre à favoriser un état juif sans heurter les populations de confession différente, la situation est très tendue quelques décennies plus tard, lorsque les Britanniques se retirent peu après la seconde guerre mondiale : juifs et arabes de confession musulmane se disputent la terre de Palestine tout en cherchant d’abord à évincer la présence européenne. Il faut d’ailleurs reconnaître que la seconde guerre mondiale a aggravé la situation, puisqu’elle a hâté l’implantation juive. En effet, les juifs d’Europe victimes de la Shoah migrent massivement vers Israël, considéré désormais comme la seule terre d’accueil pour ce peuple persécuté. La création d’un foyer juif en Palestine divise la communauté internationale ; certains pays, comme les Etats-Unis encouragent la création d’un nouvel état, qui suscite tout de même un certain malaise chez les Européens : l’implantation juive en Palestine est en effet source de tension, mais il paraît difficile de s’affranchir des revendications d’une communauté victime d’un génocide perpétré en Europe. La situation est devenue si délicate en Orient que 3les Britanniques confient à l’ONU le soin de régler la question de la Palestine en février 1947. Le 29 novembre 1947, l’ONU propose un plan de partage censé satisfaire les revendications juives et arabes : Jérusalem devient un territoire international, bordé par un état arabe discontinu et composé de trois territoires, tandis que l’état juif est lui-même éclaté en trois parties. Les populations arabes refusent ce partage qu’elles considèrent illégitime (un foyer juif n’ayant pas de raison d’être en Palestine à leurs yeux) et désavantageux de surcroît. Il s’ensuit une guerre civile qui se solde par une reconfiguration territoriale, lorsque David Ben Gourion proclame l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 : les populations arabes de Palestine et des états voisins en guerre contre l’état juif naissant sont obligées de capituler, face à Israël qui trace les contours d’un nouveau territoire national, dont les frontières sont, de fait, les lignes de cessez-le-feu à la fin du conflit. Différents armistices sont signés entre février et juin 1949. Les juifs occupent désormais deux parties des territoires réservés aux ressortissants de la Palestine, telle qu’elle a été dessinée par l’ONU peu avant : la partie au nord et la partie au sud (exceptée la bande de Gaza) sont rattachées au territoire juif et les Palestiniens ne conservent qu’un territoire à l’Est, dénommé alors Cisjordanie. Cet épisode de guerre constitue le premier d’une longue série de guerres israélo-arabes. Les guerres qui se sont succédées ont toujours suscité l’attention de la communauté internationale et obtenu un écho dans la presse du monde entier, d’autant plus important
...