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Etats-Unis: tensions et contrastes

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Par   •  14 Janvier 2021  •  Dissertation  •  2 262 Mots (10 Pages)  •  1 267 Vues

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Histoire-géographie, Géopolitique, Sciences Politiques

Dissertation

Sujet :

 Les paradoxes et tensions de la gestion de l'environnement aux Etats-Unis depuis le XIXème siècle.

        Le 17 aout 2020, le président des Etats-Unis Donald Trump a ouvert des territoires protégés de l’Alaska à l’exploration et à l’exploitation pétrolière. Concrètement, cela signifie que l’administration américaine va vendre des permis d’extraction à des investisseurs privés le long du littorale du refuge national de la faune en Arctique, où vivent notamment des ours polaires. Cette décision de Donald Trump illustre l’ambiguïté de la politique environnementale de l’Etat fédéral américain (Etat composé de différents Etats fédérés qui bénéficient d’une large autonomie et d’une grande liberté d’action) qui oscille entre désir de préservation écologique et volonté d’exploitation économique des ressources naturelles du territoire. Aux Etats-Unis, la question environnementale est l’objet de tensions entre les nombreux acteurs qu’elle implique et de contrastes à travers son évolution depuis le XIXème siècle. L’environnement, c’est-à-dire la combinaison des éléments naturels socio-économiques qui constituent le cadre et les conditions de vie d’une population à différentes échelles spatiales, a été très tôt un sujet de tensions politiques et sociales aux Etats-Unis, a fortiori depuis la prise de conscience généralisée des années 60.

Quels sont les paradoxes et tensions de la gestion de l’environnement aux Etats-Unis depuis le XIXème siècle?

Nous répondrons à cette question en 2 parties. Dans un premier temps, nous verrons l’évolution de la conception et de l’exploitation du territoire américain depuis le XIX ème siècle, puis nous étudierons la position des différents acteurs au sujet de la question environnementale.

        Tout d’abord, le rapport des américains à leur environnement est intimement lié à l’histoire de la conquête du territoire. La pensée agrarienne de Thomas Jefferson, un des principaux rédacteurs de la Déclaration d’indépendance américaine et 3ème président des Etats-Unis, ancre la démocratie dans la terre même de la terre américaine. La wilderness (notion qui désigne la “nature sauvage”, qui n’a pas été modifiée de maniere significative et apparente par l’homme), offrirait donc ainsi des terres vierges en quantité illimitées aux petits fermiers pour assurer d’une part l’indépendance économique, de les mettre à l’abri des tyrans mais également d’assurer leur liberté et la démocratie.                 C’est dans cette vision des choses qu’aux premiers temps de la conquête de l’Ouest, l’immensité du territoire américain fit croire aux pionniers que les ressources naturelles dont regorgeait le sol et le sous-sol étaient étaient infinies. La conquête de l’Ouest se définit comme le processus de colonisation de l’immense territoire qui s’étend entre le Mississipi et l’océan Pacifique par des populations essentiellement d’origine européenne. Ce mouvement est initié par le gouvernement des Etats-Unis aux XIXe siècle au détriment des populations natives. En effet, les pionniers considèrent les populations autochtones comme des animaux sauvages, des prédateurs et des barbares que l’homme civilisé va devoir affronter, tel un défi, pour maitriser les espaces naturel perçus eux aussi comme menaçants. La nature est alors perçue dans sa dimension productive. La multitude de ressources naturelles dont elle recele encourage une exploitation prédatrice et intensive qui culmine au début de l’ère industrielle dans la seconde moitié du XIXème siècle. Les forêts fournissent le bois de construction utile à l’essor des villes; l’extraction intensive des ressources du sous-sol (charbon, fer) alimente l’essor industriel. Ainsi, la rapide détérioration des milieux naturels accompagne la progression de pionniers sur tout le territoire. La conquête agricole des Grandes Plaines conduit au massacre et à la disparition des grands troupeaux de bison (la loi de 1894 qui interdit la chasse au bison permettra cependant la survie de l’espece). A l’est, les paysages sont défigurés par l’expansion rapide des exploitations minières. Les grandes forets de l’Ouest sont massivement détruites: en 1900, il ne reste que 81 millions d’hectares alors qu’on en dénombrait 800 millions à l’arrivée des premiers colons.

        La tradition agrarienne de Jefferson se prolonge en 1862 avec le Homestead Act qui accorde la propriété privée a toute famille occupant une terre depuis plus de 5 ans, et le Reclamation Act de 1902 qui permet d’irriguer de l’Ouest pour la distribuer en théorie aux petits fermiers américains héritiers de Jefferson. Ces politiques s’appuient également sur le mythe de la “manifeste destiny”, une théorie du XIXe siècle selon laquelle les Etats-Unis seraient investis d’une mission divine d’expansion territoriale sur le continent, au nom de la supériorité de leur civilisation.Toutefois, cette vision ne fait pas l’unanimité, comme en atteste les idées de l’adversaire politique de Jefferson, Alexander Hamilton. Ce dernier prône lui le développement par la multiplication des manufactures, légitimant le pillage des ressources: le monde fut donné à l’homme par Dieu pour qu’il y règne en maitre.                 

        Au XIXe siècle, certains intellectuels et artistes sont séduits par la wilderness. C’est le cas pour Henry David Thoreau, chef de file du transcendalisme. Le transcendalisme est mouvement littéraire et philosophique américain qui met l’accent sur l’expérience individuelle, la contemplation d’une nature considérée comme une oeuvre divine. La nature prend ainsi dans les oeuvres une dimension romantique, esthétique et spirituelle. De plus, d’autres voient dans cette nature un élément constitutif de l’identité nationale comme ce fut le cas pour l’historien Frederick Turner.

        Ce transcendalisme a contribué à l’essor du premier mouvement de la protection de la nature aux Etats-Unis, la préservation, dont le personnage marquant fut l’écrivain John Muir. Celui-ci militait pour la protection intégrale des espaces inviolés notamment. Ce mouvement a permis de développer les premiers parcs nationaux, comme le Yellowstone en 1872 (premier parc national du monde) et celui de Yosemite en 1890. Le deuxième mouvement qui s’est développé est la conservation, incarné par Gifford qui prônait une gestion avisée des ressources (wise use), puis par Theodore Rooselvet. Il est effectivement le premier président américain a être réellement engagé dans la question environnementale. Durant son mandat, il créa de nombreuses forets nationales et des parcs nationaux, dans l’idée de garantir l’avenir des générations futures.

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