Dissertation méthodologie histoire
Dissertation : Dissertation méthodologie histoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Asma Lou • 9 Septembre 2021 • Dissertation • 4 440 Mots (18 Pages) • 341 Vues
14
Un travail riche, approfondi, témoignant d’une bonne connaissance des textes et d’une bonne maîtrise de la construction d’une problématique, même si le plan n’est pas sans défauts.
Copie anonymée (2018) – Master LIJE – Introduction au conte
Depuis ces dernières années, différents domaines, autre que la littérature, ont pris le conte comme objet d’étude. Par exemple, la sémiologie, la sociologie ou encore la psychanalyse se sont intéressées à ce genre. C’est en lien avec ces différentes approches que Pierre Péju, dans « Le Merveilleux contre le mystère » in La Petite Fille dans la forêt des contes, écrit le propos suivant : « Le mystère, c’est ce qui pose que sous l’énoncé obscur se cache une explication évidente pour peu qu’on sache rationnellement la découvrir. […] Mais un conte, en tant qu’histoire ravissante, n’est pas mystérieux ; il ne renvoie pas à un secret à chercher, à une clef de l’énigme qui se révèle très vite n’être qu’un vulgaire passe-partout. […] Les faits les plus extraordinaires qu’évoquent les contes se présentent souvent avec un grand ‘’naturel’’, avec une évidence qui nous invite davantage à glisser horizontalement dans la mouvance des choses et des événements qu’à approfondir verticalement jusqu’à trouver enfin le socle sur lequel appuyer un besoin de comprendre. »
Ce propos se divise en deux temps qui s’articulent autour de la conjonction de coordination « Mais » marquant une opposition. La première partie donne une définition du « mystère » : c’est un sens implicite au texte, sens que le destinataire peut mettre à jour à condition de mener un raisonnement logique. Cette affirmation est ensuite mise en lien avec le conte dans la seconde partie du propos. Pierre Péju réfute la présence du mystère dans les contes. Le conte, « en tant qu’histoire ravissante, n’est pas mystérieux ». Le conte, c’est une histoire plaisante, qui charme son destinataire. Ce n’est pas une histoire où une enquête doit être menée afin d’élucider une énigme. Il continue son argumentation en parlant du merveilleux présent dans le conte. C’est un élément attendu, une « évidence » qui amène le destinataire à suivre le fil du récit vers la fin de l’histoire plutôt qu’à s’arrêter sur la présence d’un élément et à approfondir et comprendre la signification de sa présence. Ainsi, Pierre Péju défend l’idée que le conte n’est pas une source de mystères à éclaircir.
A la lumière de cette analyse, deux notions paraissent importantes : celle du conte comme « histoire ravissante » et comme genre non mystérieux. Ces notions supposent plusieurs questions : le conte n’est-il qu’une histoire ravissante ? N’y a-t-il pas de part d’ombre dans le conte ? Si oui, dans quelle mesure est-il possible de faire du conte une histoire rationnelle ?
Afin d’apporter une réponse à ces questions, nous irons d’abord dans le sens de Pierre Péju en montrant ce qui peut définir le conte comme une histoire ravissante. Puis nous discuterons cette notion et nous terminerons en abordant la question du conte comme un potentiel objet de mystères.
Dans un premier temps, nous allons montrer les raisons qui peuvent définir le conte comme une histoire ravissante.
Le conte est une histoire qui s’adresse et qui séduit un vaste public. En premier lieu, le conte est à destination d’un auditoire adulte. Il est raconté oralement lors de salons littéraires et mondains. C’est une mode, un divertissement voire un jeu. On peut penser ici à Straparola, conteur italien, et à son recueil de contes, Les nuits facétieuses, qui prennent place lors du Carnaval. Ils s’y mêlent des danses, des chants, des fables et des énigmes procurant du plaisir et divertissant les auditeurs. C’est par la suite, au XVIIème siècle, que les contes se sont aussi adressés aux enfants et ont été mis au service de leurs pédagogies. Le conte de La Belle et la Bête en est une illustration. Il a été repris par Mme Leprince de Beaumont, qui l’a intégré dans son manuel d’éducation Le magasin des enfants en 1757. Sous l’Ancien Régime, le conte écrit circule aussi bien dans les milieux ruraux populaires, dans les milieux urbains semi-cultivés et dans les milieux les plus élevés. Toutes les couches sociales sont atteintes aussi bien que toutes les générations. En effet, à l’origine histoire plaisante que le conteur raconte dans les salons, le succès du conte est toujours présent aujourd’hui. Son succès est intemporel comme en témoigne sa profusion éditoriale : une des raisons de leur publication régulière est sans doute les différentes illustrations qui en sont faites. Pour exemple, le premier conte écrit du Petit Chaperon Rouge apparaît dans Histoires ou contes du temps passé de Charles Perrault en 1697. De nombreuses versions, détournées ou non, ont depuis vu le jour : on peut mentionner, entre autre, la version illustrée par Alain Gauthier ou la version de Marjolaine Leray. De même, le succès du conte est universel : des contes nous viennent de tous les continents. On peut penser ici au recueil de contes des Mille et une nuits, d’origine persane et indienne par exemple. Le conte est aussi une histoire se prêtant bien à être mis en scène : il trouve aussi sa place au théâtre, à l’opéra ou au cinéma. On peut évoquer l’adaptation théâtrale de Cendrillon de Joël Pommerat, l’opéra Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck et la célèbre adaptation cinématographique de la Belle et la Bête de Jean Cocteau. Ainsi, une des premières raisons qui font du conte une histoire ravissante est qu’il s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Nous terminerons ici en citant ce propos de Charles Dickens : « Le Petit Chaperon Rouge a été mon premier amour. Je sentais que si j’avais pu l’épouser, ma vie aurait connu une pleine béatitude. » Cette citation illustre l’effet des contes sur son lecteur-auditeur, en l’occurrence ici l’auteur d’Oliver Twist, charmé par la lecture du Petit Chaperon Rouge. Nous allons maintenant voir ce qui peut être considéré comme ravissant dans l’histoire même.
Le conte présente des éléments merveilleux pouvant enchanter son public. Le conte est un genre relevant du merveilleux. Il repose sur un pacte féerique passé entre le conteur, l’auditoire ou ses lecteurs qui acceptent de croire à l’univers du merveilleux. Il est naturel comme le dit Pierre Péju, d’entendre, de lire ou de voir mettre en scène des histoires dans lesquelles des personnages surnaturels comme des fées ou des ogres
...