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Des Indes Néerlandaises à l’Indonésie. Faire du neuf avec de l’ancien ?

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Par   •  5 Novembre 2019  •  Cours  •  10 693 Mots (43 Pages)  •  487 Vues

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Des Indes Néerlandaises à l’Indonésie.

Faire du neuf avec de l’ancien ?

A.- Les Prémices : de la VOC au régime colonial

        En 1795, la France révolutionnaire envahit les Provinces-Unies et y instaure la République Batave. Le stadhouder Guillaume V, réfugié à Londres, confie les possessions de la VOC aux Britanniques qui occupent déjà divers points de l’archipel (Bancoolen à Sumatra depuis le XVIIe siècle et Penang depuis 1786) mais non Java (par souci d’économie et ne pas heurter trop violement les Hollandais). La VOC, compagnie à chartes privilégiée qui règne sur l’Insulinde depuis 1602 est dissoute en 1799 après une faillite retentissante. Après un épisode d’alliance franco-hollandaise (1805-1811) sous le gouvernement de Wilhem Daendelhs qui commence la première gestion étatique de l’archipel, forme une armée conséquente – futur embryon de la KNIL  - instaure un impôt sur le travail de la terre et construit la première grande route qui longe la côte septentrionale de Java afin de défendre l’ile d’une invasion britannique. Rappelé à Amsterdam, son successeur livre Java et Sumatra à Raffles (1811) qui en devient le lieutenant-gouverneur. Il met en exploitation Java et Sumatra sur le modèle anglo-indien du Bengale géré depuis 1757 par l’EIC.

B.- L'époque coloniale :

        La République Batave, à laquelle succède le royaume de Hollande, ayant été intégré dans le système français, l'Angleterre en profite pour attaquer partout ses possessions outre-mer (Le Cap, Ceylan, l'Insulinde). En 1811, ils prennent le contrôle de Java et de Sumatra. Sir Francis Raffles (1781-1826), sur le modèle déjà expérimenté au Bengale, y modifie le régime foncier et introduit l'impôt en numéraire, au lieu de l'impôt en nature. Dès 1814, toutefois, ils restituent Java au royaume des Pays-Bas de nouveau indépendant. La même année, la loi fondamentale du nouveau royaume des Pays-Bas attribue au roi, Guillaume Ier, le « contrôle exclusif des colonies », tandis que les Britanniques s’engagent à lui restituer les Indes Orientales (moins Le Cap, Ceylan et Malacca). Les autorités néerlandaises se réinstallent à Batavia (Djakarta) en 1816. En 1824, dans le cadre du traité de Londres, à lieu un nouveau partage territorial anglo-hollandais et en échange de la pleine souveraineté sur Malacca et la non ingérence dans les affaires de part et d’autres du détroit (en deçà de Singapour acquis par l’EIC en 1819), les Anglais se retirent de Sumatra et n’engageront aucune ingérence sur les territoires de leurs voisins. Désormais, les Anglais tiennent les détroits : Malacca, Singapour et Penang. Ils peuvent imposer leur thalassocratie. Leur but est évident : depuis 1793, avec l'ambassade de Lord Mac Cartney à Pékin, ils visent à obtenir l'ouverture au négoce international de l'Empire du Milieu.

        Dès lors, la Couronne des Pays-Bas, héritière des pouvoirs de la VOC, reprend à son compte sa politique d’expansion car si les cartes englobent un archipel de 13 000 iles et îlots, le pouvoir colonial est loin de s’étendre sur la totalité de ces territoires (voir carte) et la VOC avait déjà expérimenté toutes les formes de colonisation possible (développer). De fait, l’expansion du pouvoir colonial dans l’archipel indonésien se poursuivit de 1816 jusqu’au début de la Première Guerre mondiale Ce n’est qu’après les guerres d’Aceh (1873-1904) et de Bali (1906-1908), sans compter des campagnes de pacification qui s’étendent à Aceh jusqu’en 1811. Durant les décennies précédentes, les Compagnies des Indes Orientales et Occidentales utilisèrent des comptoirs fortifiés en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie. Elles n’agirent en tant que pouvoir colonial (administration directe) que dans un petit nombre de territoires tels que les Antilles néerlandaises, le Cap de Bonne Espérance, Ceylan, les îles Banda et, à Java, la région autour de Batavia (Djakarta), la capitale des Néerlandais en Asie. Après la perte du Cap et de Ceylan, ceux-ci commencèrent à accroître leur influence sur Java en améliorant l’infrastructure routière et le nombre des administrateurs coloniaux. Le développement de la colonisation territoriale directe réduisit l’influence de l’aristocrate javanaise traditionnelle et, à Sumatra, les Hollandais se heurtèrent aux autorités musulmanes des sultanats du sud. En même temps, ils durent engager deux conflits très lourds pour imposer leur présence. Le premier, appelé Guerre des Padri, encore appelée Guerre de Minangkabau, qui fut le nom donné à l'intervention de troupes coloniales néerlandaises à Sumatra. Troupes coloniales qui à partir de 1830 devient la KNIL (The Royal Netherlands East Indies Army (Koninklijk Nederlands Indisch Leger : KNIL). Les Padri, un groupe de musulmans influencés par les wahhabites lors d’un pèlerinage à La Mecque, bouleversent Sumatra pendant près de dix ans. Deux clans s’affrontèrent pour la domination du sud de l’ile et les Hollandais soutenaient depuis 1819 l’un des partis, dans la région de Minangkabau, ce qui leur donna motif à intervention (1821-1839) et à leur immixtion dans les affaires des Sultanats de l’ouest. Désormais, la population devait supporter une armée d’occupation, lever des coolies pour assurer les corvées de portage qui accompagnent les colonnes de pacification (guerre des races, Batak, Amboinais, Javanais contre Sumatrais etc.). En dépit des efforts hollandais et des renforts qui affluent suite à la fin de la guerre de Java qui libèrent les troupes, une nouvelle révolte enflamme Sumatra qui secoua toute la partie sud et occidentale de l’ile de 1839 à 1845.

Parallèlement éclate la Guerre de Java, que les Indonésiens appellent Guerre de Diponegoro (du nom du prince Perang Diponegoro), qui se déroule de 1825 à 1830. Son point de départ est le refus du prince Diponegoro, fils aîné du sultan Hamengkubuwono II de Yogyakarta, de laisser les Hollandais faire passer la « grande route postale » (Groote Postweg) qu'ils sont en train de construire pour relier les extrémités occidentale et orientale de l'île de Java, à l'initiative du gouverneur général Daendels. Une des causes de cette guerre est le sentiment de trahison qu'éprouve une partie des princes du sang et de l'aristocratie javanaise (priayi) à l'égard des Hollandais qui semblent privilégier les intermédiaires indigènes allochtones, en particulier les Chinois (compradores et percepteurs). Ces derniers interdisent désormais aux aristocrates de robe de louer leurs terres à un prix trop élevé. Une autre cause est à trouver dans la question de la succession au trône de Yogyakarta. Diponegoro était l'aîné, mais sa mère n'étant pas reine, il n'avait donc aucun droit à la succession et n’aurait pas été reconnu par les Néerlandais. Au début, les campagnes de Diponegoro sont couronnées de succès. Il contrôle rapidement le centre de Java et assiège Yogyakarta. La moitié de la noblesse javanaise a pris son parti. La population le soutient. Mais Diponegoro a du mal à maintenir les effectifs de ses troupes. En revanche, l'armée coloniale hollandaise parvient à enrôler des soldats minahasa du nord de Sulawesi puis des Pays-Bas. Le commandant des troupes hollandaises, le général De Kock, parvient ainsi à mettre rapidement fin au siège de Yogyakarta. Diponegoro évite les batailles rangées et pratique la guérilla. Les embuscades, le paludisme et le choléra déciment les troupes métropolitaines. Ce n'est qu'en 1827 que les Hollandais remportent leurs premiers succès. La rébellion prend fin en 1830, lorsqu'ils arrêtent Diponegoro à Magelang, où ils l'avaient invité pour négocier un cessez-le-feu. Diponegoro est exilé à Manado dans le nord de Sulawesi (archipel des Célèbes), puis à Makassar dans le sud de l'île, où il meurt. Les Hollandais annexent les principautés javanaises de Yogyakarta et de Surakarta. Cette guerre, particulièrement meurtrière, causa au bas mot près de 200 000 victimes dû au conflit, dont 15 000 soldats, parmi lesquels 8 000 Européens, ce qui est considérable. La majorité des morts furent des paysans affamés par les destructions de récoltes. En effet, les représailles furent sanglantes, la ruine des plantations et la famine frappèrent durement la région Suite à ceci, les autorités coloniales comprennent la nécessité de former une armée de métier, implantée localement, recrutant majoritairement des troupes des iles des archipels avoisinants en jouant sur les divisions et surtout afin d’épargner les troupes métropolitaines qui forment les cadres de la KNIL formée en 1830. En 1900, elle comportait 13 000 européens et 17 000 soldats et sous-officiers indigènes : Malais, Javanais, Madurais, Amboinais, Bugis, Makassar, Dayak et, jusqu’en 1872, il y eut aussi la présence de troupes Ashanti venues de la possession de Saint-Georges del Mina, possession hollandaise, avant qu’elle ne fut ensuite intégré au Gold Coast britannique.  

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