Charlemagne et les écoles
Commentaire de texte : Charlemagne et les écoles. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar galadio • 17 Mars 2019 • Commentaire de texte • 601 Mots (3 Pages) • 562 Vues
Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs et des Lombards, patrice des Romains, au nom du Dieu tout-puissant, salut.
Sache votre dévotion agréable à Dieu qu'après en avoir délibéré avec nos fidèles, nous avons estimé que les évêchés et les monastères qui, par la grâce du Christ, ont été rangés sous notre gouvernement, outre l'ordre d'une vie régulière et la pratique de la sainte religion, doivent aussi mettre leur zèle à l'étude des lettres, et les enseigner à ceux qui, Dieu aidant, peuvent apprendre, chacun selon sa capacité. Ainsi, pendant que la règle bien observée soutient l’honnêteté des mœurs, le soin d'apprendre et d'enseigner mettra l'ordre dans le langage, afin que ceux qui veulent plaire à Dieu en vivant bien, ne négligent pas de lui plaire en parlant bien. Il est écrit : “ Tu seras justifié ou condamné par tes paroles ”. Quoique, en effet, il soit bien mieux de bien agir que de savoir, cependant il faut savoir avant d'agir. Chacun doit donc apprendre la loi qu'il veut accomplir de façon- que l'âme comprenne d'autant plus l'étendue de ses devoirs que la langue se sera acquittée sans erreur des louanges de Dieu. Car si tous les hommes doivent éviter l'erreur volontaire, combien plus doivent s'en garder selon leur pouvoir, ceux qui ne sont appelés qu'au service de la vérité.
Or, dans ces dernières années, comme on nous écrivait de plusieurs monastères, nous faisant savoir que les frères qui les habitent multipliaient à l'envi leurs saintes prières pour nous, dans la plupart de ces écrits nous avons reconnu un sens droit et un discours inculte. Ce qu'une sincère dévotion dictait à la pensée, un langage inexpérimenté ne pouvait l'exprimer au dehors à cause de la négligence qu'on porte aux études.
C'est pourquoi nous avons commencé à craindre que si la science manquait dans la manière d'écrire, de même il n'y eût beaucoup moins d'intelligence qu'il ne faut dans l'interprétation des Saintes Ecritures. Bien que les erreurs des mots soient dangereuses, nous savons tous que les erreurs de sens le sont beaucoup plus.
C'est pourquoi nous vous exhortons non seulement à ne pas négliger l'étude des lettres, mais encore, avec une humble intention bénie de Dieu, à rivaliser de zèle pour apprendre afin que vous puissiez pénétrer plus facilement et plus sûrement les mystères des Saintes Ecritures. Or, comme il y a dans les livres sacrés des figures, des tropes et autres ornements semblables, il n'est douteux pour personne que chacun en les lisant ne saisisse d'autant plus vite le sens spirituel qu'il s'y trouve mieux préparé par l'enseignement des lettres.
Il faut choisir pour ce ministère des hommes qui aient la volonté, le pouvoir d'apprendre et le désir d'instruire les autres ; et que cela soit fait seulement dans l'intention pieuse qui inspire nos ordres. Car nous voulons que vous soyez, comme il convient, les soldats de l'Eglise, pieux au-dedans, doctes au-dehors, réunissant la chasteté d'une vie sainte et la science du bon langage, afin que tout homme qui vous visitera pour l'amour de Dieu et pour voir de près la sainteté de vos mœurs, en même temps qu'il sera édifié de votre esprit, s'éclaire de votre sagesse, la reconnaisse soit à vos leçons, soit à vos chants sacrés, et revienne joyeux rendant grâce au Seigneur tout-puissant. Ne négligez pas d'envoyer les copies de cette lettre à tous les évêques vos suffragants, et dans tous les monastères, si vous voulez jouir de nos bonnes grâces.
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