Autoportrait à la colonne brisée – Frida Kahlo
Guide pratique : Autoportrait à la colonne brisée – Frida Kahlo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yealin Jin • 9 Octobre 2018 • Guide pratique • 2 497 Mots (10 Pages) • 3 695 Vues
Autoportrait à la colonne brisée – Frida Kahlo
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I / Présentation de l’œuvre
Auteur | Frida Kahlo |
Titre | Autoportrait à la colonne brisée |
Date de création | 1944 |
Dimensions | 40 x 34 |
Matière | Peinture à l’huile |
Lieu de conservation | Fondation Dolores Olmedo, musée de Mexico |
1. Les thèmes – « La souffrance » « L’autoportrait »
2. Contexte artistique -
Frida Kahlo était considérée comme une surréaliste mais elle-même ne se considérait pas comme une surréaliste. Elle disait: « Ils pensaient que j'étais une surréaliste, mais je ne l'étais pas. Je n'ai jamais peint de rêves, j'ai peint ma réalité ».
=> piste de recherches personnelles : présentation du courant surréaliste, trouver d’autres peintres appartenant à ce courant.
3. Contexte historique -
L’œuvre date de 1944, c’est-à-dire pendant la seconde guerre mondiale. Frida Kahlo et son mari Diego Rivera sont très impliqués dans le parti communiste mexicain, et cela se ressent dans certaines de ses œuvres. Toutefois, ce tableau est entièrement dédié à la douleur que ressent l’artiste. Il ne semble pas y avoir de référence quelconque.
4. Eléments biographiques -
Frida Kahlo, née le 6 juillet 1907 à Coyoacán au Mexique et morte le 13 juillet 1954, est une artiste peintre mexicaine qui a joué un rôle important dans le mouvement artistique mexicain de son époque. À l'âge de 6 ans, Frida est atteinte par la poliomyélite. Le symptôme principal est que sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Il n'atteindra jamais la taille qu'il devrait avoir. C'est ce qui lui vaudra le surnom de « Frida-la-boiteuse » par ses camarades de classe. En 1922, à l'âge de 16 ans, elle intègre l'Escuela Nacional Preparatoria, considéré comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. Elle souhaite alors devenir médecin. Malgré l’intérêt qu’elle porte aux beaux-arts, elle n’envisage pas de se lancer dans une carrière artistique.
Le 17 septembre 1925, Frida prend le bus pour rentrer chez elle après ses cours. Soudain, l’autobus sort de la route et percute un tramway. Plusieurs personnes trouvent la mort lors de l’accident. Frida, elle, est grièvement blessée. Son abdomen est transpercé par une barre de métal qui transperce également son vagin et l'empêche donc de donner la vie, sa jambe gauche subit un grand nombre de fractures, onze au total. Son pied droit est également cassé. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. L'épaule n'est que démise. Elle reste alitée pendant trois mois, dont un mois à l’hôpital. Mais environ un an après l’accident, elle doit retourner à l’hôpital, car on remarque qu’une de ses vertèbres lombaires est fracturée. Frida sera alors contrainte de porter durant neuf long mois des corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre. Pour l'aider, ses proches placent un baldaquin au-dessus de son lit avec un miroir pour ciel. Elle peut alors se servir de son reflet comme modèle, ce qui est probablement l'élément déclencheur de la longue série d'autoportraits qu'elle réalisera, sur 143 tableaux, 55 sont des autoportraits. Elle doit subir de nombreuses interventions chirurgicales qui l'obligent à rester couchée sur un lit d'hôpital.
En 1928, Frida Kahlo s’inscrit au Parti communiste mexicain. Elle s’intéresse particulièrement à l’émancipation de la femme dans la société mexicaine qui est encore très machiste. Elle a un désir de voyage, d'étudier, elle veut la liberté et le plaisir. Cette même année, Frida rencontre Diego Rivera (1886-1957) dans l'auditorium de son école (celui-ci y faisait une murale). En décembre 1938, Frida et Diego divorcent. Elle ressent de grandes douleurs dans la colonne vertébrale et contracte une mycose aiguë à la main droite. En septembre 1940, elle se rend à San Francisco pour être soignée par le docteur Eloesser. Pour le remercier de ses soins, elle peint pour lui Autoportrait dédié au Dr. Eloesser. En 1943, elle dirige une classe de peinture à l’académie des Beaux-Arts. Mais sa mauvaise santé l'oblige à enseigner chez elle. Des douleurs permanentes dans le pied droit et dans le dos l’empêchent de marcher correctement. Elle doit porter un corset de fer (que l’on retrouve dans La Colonne brisée). En juin 1946, elle subit une opération de la colonne vertébrale qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le bas du dos.
Atteinte d’une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième anniversaire. Les derniers mots de son journal furent « J'espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir… Frida ». Pourtant, en travers de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit « Viva la Vida » (« Vive la Vie »).
Introduction : « La colonne brisée » est une œuvre figurative peinte par Frida Kahlo en 1944, à la peinture à l’huile et de petit format (40 x 34 cm). C’est un autoportrait puisque Frida Kahlo se représente elle-même. Elle y met en valeur sa souffrance.
Plan proposé
- La composition (place occupée par le portrait, échelle des plans, couleurs et lignes dominantes)
- Le personnage (posture, gestes, regard, visage, vêtement)
- Le décor
II / Description et analyse de l’œuvre
- La composition
Description | Place occupée par le portrait | Le portrait occupe le centre et s’étend sur presque toute la verticalité du tableau. |
Echelle des plans | Le portrait est situé au premier plan. Au deuxième plan, apparaît une sorte de désert crevassé, sans végétation et à l’arrière plan, le ciel. | |
Lignes dominantes | Les lignes de ce tableau forment une croix. La ligne verticale et centrale correspond à la colonne vertébrale figurée par une colonne antique fissurée, brisée. La ligne horizontale est celle de l’horizon, situé dans le quart haut du tableau, au niveau du cou. | |
Couleurs dominantes | Les couleurs dominantes sont : - le jaunâtre du sol - la couleur chair de la peau - le blanc du tissu et du corset - le bleu foncé du ciel (du marron foncé apparaît dans les crevasses, autour de la colonne, sur les cheveux et les sourcils) | |
Interprétation | Frida Kahlo ne souhaite pas se dissimuler dans cet autoportrait, au contraire, elle souhaite s’exposer. Son sujet, c'est-à-dire elle-même et sa souffrance occupe donc le centre du tableau, tout l’espace vertical, le première plan. Les lignes du tableau peuvent figurer la croix du Christ, ce que rappellent aussi les clous. S’affiche-t-elle en martyre ? Sans aller jusque là, nous pouvons tout du moins évoquer le martyre que lui fait subir son corps, la douleur qui ne la quitte presque jamais depuis son accident en 1925 lorsqu’elle avait 18 ans. L’image de la crucifixion renvoie aussi à un corps immobilisé, comme il le fut, pour elle durant ces longs mois à l’hôpital. Cependant deux éléments positifs peuvent se dégager de ces lignes. Premièrement, alors que le décor est formé d’un entrelacs de lignes cassées ou courbes, la ligne droite de la colonne, malgré les brisures peut montrer qu’elle affronte la vie, qu’elle ne s’est ployée sous le coup des épreuves. D’autre part, son visage qui dépasse de la ligne d’horizon et échappe donc au désert crevassé, semble suggérer que grâce à ses facultés mentales, son imagination, elle peut s’évader de sa prison corporelle. L’analyse des couleurs semble confirmer cette double interprétation. D’un côté, le marronnasse du sol, le noir des crevasses figurent le marasme dans lequel son corps est plongé ; de l’autre, la couleur chaude, vivante, presque sensuelle de la chair, ainsi que le bleu du ciel un peu orageux, un peu brumeux mais vif tout de même suggèrent que la force de vie ne s’est pas éteinte du tout. Quand au blanc du linge qu’elle tient, il éclaire sans conteste le tableau. Mais si sa luminosité allège le tableau par contraste avec la densité et la saturation des autres couleurs, sa symbolique pèse lourd. Ce blanc lumineux est aussi vide. Celui qui occupera toujours son ventre, puisque l’accident a abîmé son bassin et son vagin. Frida fera de nombreuses fausses couches qu’elle représentera dans d’autres tableaux avec beaucoup de crudité. Il peut aussi rappeler ces années passées dans l’univers blanc de l’hôpital. |
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