Écrire la magnière de Michel Butor

Henri, avocat célibataire de 38 ans du 5éme arrondissement à Paris, décide de sortir avec ses amis un Samedi soir. Cette soirée sera l’occasion pour Henri de se remettre en question et peut être de rencontrer la personne qui le fera sortir de cette effrayante routine.

Est-ce raisonnable de s’accorder une sortie ce Samedi alors qu’une montagne de travail vous attend ?  N’aurait il pas été plus judicieux de se coucher tôt, vous qui êtes fatigué, au bord de la rupture. Mais Anna est là… L’objet de toutes vos convoitises. Elle arriverait peut être à vous sortir de cette routine monotone et incessante qui vous prend au cœur si vous la défiez. Allez-vous lui parler ? Ecouter ses nombreux récits sur les baleines blanches d’Australie, ses multiples voyages en Afrique et ses périples dans les contrées éloignées de l’Amazonie. Cette fille n’est elle pas trop avide d’aventure, de sensation ? Une overdose d’exotisme ne serait-elle pas nocive ?                                                                                                                          Peut être que votre ex femme n’avait pas tort, vous êtes incapable de saisir la merveille de l’instant elle vous est inaccessible, vous ne savez pas l’accueillir vous ne savez pas en jouir et donc vous ne pouvez pas la faire partager.  Depuis qu’elle vous a quitté, cette sensation de vide est d’autant plus vigoureuse. Vous vous sentez petit à petit détaché de tout, comme si l’automne arrivait en vous et faisait tomber un à un les sentiments de bonheur et joie telles des feuilles mortes.                                                                                                                         Il est temps de se ressaisir, il faut à tout prix éviter cette dépression, cette longue et douloureuse descente aux enfers qui a été fatale à votre mère l’an passé. Vous remarquez alors Anna seule dans le sofa, elle vous parle de vous, elle vous pose la question fatale « Comment ça va ? » Vous vous êtes pourtant promis de ne plus mentir. Et puis au fond qu’est ce que c’est un mensonge ? N’est ce pas la clef du bonheur ? Se persuader que ça va, s’acharner à dire qu’on va bien pour enfin aller mieux ? Tout compte fait elle reparle d’elle, de ses voyages, de ses rencontres… Mais au fond, vous n’écoutez même plus, vous êtes obsédé par son charme, la finesse de sa bouche pulpeuse, la grâce de son nez, l’harmonie des courbes de son corps, le piquant dans ses yeux, ses cheveux ambrés dansant en symbiose avec la musique folk de Moriarty, la magie de ses long doigts vernis de jaune pâle et son rire percent aux notes joyeuses. Tout en vous vous pousse à l’embrasser, mais vous vous sentez trop frileux, vous préférez attendre encore et encore.

Puis vous vous souvenez ce que répétait souvent votre mère ; «Lorsque tu as plusieurs choix devant toi, prends toujours le chemin qui demande le plus d'audace ». Vous vous retournez alors.                                                                                                                                                  Vous ne cessez  de penser à elle, pas une seule minute sans que sa délicate voix n’imprègne votre esprit chamboulé par ce soudain désordre. Malgré cela, la peur de quitter cette routine si rébarbative d’un côté et si rassurante d’un autre vous effraye, seulement, il n’est pas question de faire demi tour.  Vous poursuivez alors cette longue route semée de doutes et d’embuches pour enfin atteindre la jouissance d’une vie rêvée Non sans sacrifices serte mais avec l’exaltation d’un bonheur pur et sans limites

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