Voltaire / article "torture"

COMMENTAIRE DE L’ARTICLE « TORTURE », DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE, VOLTAIRE

Intro : situer Voltaire dans le mouvement des Lumières et cette œuvre en rapport avec le but de L’Encyclopédie.

I) Un faux article de dictionnaire qui est en réalité un réquisitoire contre la torture

A/ Construction/Plan/fonctionnement du texte

Il n’y a ni définition ni étymologie du mot. Voltaire part d’exemples concrets (point de vue des magistrats et point de vue des victimes) et propose une mise en perspective de la pratique en Europe où plusieurs grandes nations ont aboli la torture. A chaque paragraphe correspond un point de vue différent qui fait avancer l’idée que la torture est ignoble (on peut ici travailler sur le plan)

opposition constante entre la pratique concrète de la torture et une certaine idée de la France

amène le lecteur à prendre parti avec Voltaire contre la torture

B/ L’implication de l’auteur = ce n’est pas un article objectif (analyse de l’énonciation)

L’auteur intervient avec un certain nbr de modalisateurs :

- il juge les magistrats qui ordonnent la torture et semblent y prendre du plaisir

Il suggère que c’est par sadisme qu’on achète une charge : la torture est assimilée à des expérimentations de la résistance du prisonnier avec l’aide d’un médecin

- ironie dans son jugement sur la réputation morale des Français : Les Français, qui passent, je ne sais pourquoi, pour un peuple fort humain. Il prend le contrepied de cet avis avec un superlatif qui exprime sa désapprobation : Elles ne savent pas qu'il n'y a point au fond de nation plus cruelle que la française. Au contraire il fait un éloge appuyé et hyperbolique de Catherine II de Russie (avec qui il correspondait comme Diderot), en la comparant à 3 grandes figures de législateurs mythiques ou historiques + emploi aussi d’un superlatif : la plus remarquable

-Il termine par une forme d’imprécation/ malédiction contre la France : malheur à..une nation encore conduite par d'anciens usages atroces

Voltaire exprime clairement son indignation en alternant ironie et attaques virulentes contre la justice et les lois françaises.

cet article ne vise pas à définir ou expliquer le mot « torture » mais à dénoncer la pratique et en réclamer l’abolition

II) Dénonciation d’une pratique barbare

A/ Le registre satirique : les magistrats

La satire consiste à se moquer de qq’un en exagérant les traits, en caricaturant.

Le portrait des magistrats qui torturent se fait en deux temps :

- La pratique de la torture expliquée du point de vue d’un magistrat de la tournelle dans une longue phrase qui met en évidence le caractère répétitif (le présent d’habitude), la longueur du supplice et la gradation (grande et petite torture), encore rallongé par l’intervention d’un médecin. La torture est une procédure judiciaire considérée comme normale, banale qui déshumanise la victime

- Après l’avoir montré « au travail », Voltaire nous emmène chez lui, le soir. La torture est banalisée dans la conversation entre époux et réactions de la femme d’abord révoltée, puis dès la 2e fois, elle demande des détails = curiosité morbide ( elle y a pris goût) que Voltaire, misogyne, prête

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