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Voltaire, Dictionnaire philosophique (1769), article « Torture »

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Par   •  9 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 525 Mots (7 Pages)  •  894 Vues

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Voltaire, Dictionnaire philosophique (1769), article « Torture »

        Introduction

  C'est au cours d'un dîner philosophique chez Frédéric II de Prusse à Postdam en 1752 que l'idée d'une encyclopédie de poche contre les sots et les dévots est venu à Voltaire alors qu'il souhaite faire le tour des connaissances humaines dans un ouvrage que l'on peut transporter avec soi. C'est ainsi que confortement à l'esprit des Lumières du XVIIIe siècle qu'il élabore l'article « Torture » qui fait partie de son dictionnaire philosophique paru en 1769. A l'aide des registres polémique et didactique il dénonce cette pratique inhumaine dans la France de son époque.
 Mais comment Voltaire fait-il pour s'attaquer à la justice de son pays qui cautionne et encourage les supplices physiques et moraux ?
 Dans un premier temps nous étudierons le constat ironique que développe Voltaire sur la pratique de la torture en France, puis nous analyserons sa démarche polémique afin de mieux montrer dans un dernier temps la dénonciation de la torture comme une pratique typiquement française.



        
Développement

           I/ Le constat ironique d'une pratique inhumaine légale        

                1) Une forme dictionnairique

  Dans ce texte, le lecteur s'attend à lire une définition de la torture dont le champ lexical est présent dans chaque paragraphe. Nous trouvons plusieurs occurrences (=fois) de ce substantif. En outre, la valeur explicative du texte se trouve dans se construction : cinq paragraphes juxtaposés, absence de liens logiques entre eux à l'image d'un article de dictionnaire qui enchaine définition et exemples. Cela dit, le texte va plus loin qu'un simple article de dictionnaire car il a une visée argumentative.

                 2) Définir mais aussi combattre la torture

  Le but de cet article n'est pas seulement d'expliquer ce qu'est la torture mais de discréditer ceux qui la pratique en France en démontrant que cela est une situation scandaleuse qui va à l'encontre des valeurs morales et sociales du pays.
 Voltaire va alors dire les choses comme l'adversaire pourrait les dire, l'ironie est omniprésente (pour éviter la censure). Il y a un décalage entre la caution historique (L1 : Romains) et la torture en France au XVIIIe siècle. On trouve une comparaison entre les esclaves romains et les prisonniers de l'époque des Lumières. On peut donc voir qu'il n'y a aucune évolution malgré le laps important qui s'est écoulé entre ces deux époques.
 Ensuite l'auteur dénonce la caution médicale (L7) qui ne fait qu'accroître la torture au lieu de soulager les maux du torturé. Il dénonce le fait qu'on puisse acheter le droit à la torture (L7) car l'acte de torturer devient donc volontaire et délibéré et se pratique dans les hautes sphères de la magistrature et de la médecine. Dans ce contexte, le mot "droit" (L7) devient ironique.

                3) La dénonciation de cette pratique cruelle

  Voltaire développe sa thèse en associant à la torture la notion de plaisir (=antithèse). Il étant sa critique au fait que la torture est infligée pour des raisons futiles et qu'elle est vécu comme une distraction. Face à un tel décalage entre ces deux réalités opposées que son le plaisir et la torture, l'auteur donne sa position par des exemples concerts et réels. Il lance une attaque virulente contre cette pratique inhumaine.

        II/ La démarche polémique de l'auteur

                1) Un véritable réquisitoire (=discours qui accuse) contre la torture

  Le raisonnement du narrateur est rigoureusement construit et fait appel, dans le quatrième paragraphe, à un exemple concret. Le paragraphe est narratif (passé simple + narrateur omniscient) et donne une impression d'objectivité. Il montre la condamnation en suivant un déroulement chronologique :
 • Présentation sous la forme d'une énumération méliorative (L13+14) avec la périphrase "
Petit fils d'un lieutenant général des armées" qui inscrit le personnage dans une lignée familiale noble. Par la suite, il y a une autre périphrase qui insiste sur la jeunesse et la formation intellectuelle ainsi que sur les projets d'avenir du condamné. (L13+14) Puis il y a une rupture avec la conjonction de coordination "mais" qui introduit un défaut tout en l'excusant (L14).
 • Présentation des accusateurs (au pluriel) "Les juges d'Abbeville" (L15) qui met l'accent sur la fonction des magistrats et non leur personne en elle-même. Cela les déshumanise et montre leur puissance par rapport au jeune chevalier. A la ligne 16, "
sénateurs romains" fait écho à la première phrase du texte et montre que les juges ne considère pas le chevalier comme un homme.
 • Présentation des actes de torture avec une gradation (L16+17) et l'hyperbole [     ] accentue la cruauté et le supplice du torturé. On se rend alors compte de la disproportion entre le délit commis (L14+15) et la sanction infligée.
 • Présentation de l'objectif des juges qui est de connaître combien de fois le condamné a commis ses délits comme on peut le voir à travers
le parallélisme (L17+18). Cela ridiculise le procès.

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