Voici le premier vers d’Alcools, choisi par Guillaume Apollinaire pour ouvrir son recueil : « A la fin, tu es las de ce monde ancien ». Pensez-vous que cette déclaration puisse caractériser le recueil entier ?

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Voici le premier vers d’Alcools, choisi par Guillaume Apollinaire pour ouvrir son recueil : « A la fin, tu es las de ce monde ancien ». Pensez-vous que cette déclaration puisse caractériser le recueil entier ?

Plan détaillé :

Introduction :

Apollinaire est fort souvent présenté comme un poète révolutionnaire qui rompt avec les traditions d’écriture et tend alors à s’éloigner du « ronron poétique ». Ainsi, le premier vers choisi par le poète pour ouvrir son recueil Alcools « à la fin tu es las de ce monde ancien » montre qu’à travers son recueil, Apollinaire indique son état par rapport à ce monde ancien, par rapport à ses souvenirs et par rapport à ce qu’il a vécu. C’est pour cela que nous nous demanderons si dans Alcools, Apollinaire innove totalement ou s’il s’inspire de la tradition pour la renouveler ? Nous verrons dans un premier temps que Alcools est une œuvre radicalement moderne. Puis nous montrerons qu’Apollinaire ne fait pas vraiment table rase du monde ancien dans son recueil. Enfin, nous démontrerons que Alcools est une œuvre qui renouvelle la tradition poétique.

Développement :

1. Alcools, une œuvre radicalement moderne…

1. La forme originale et innovante du recueil

• La modernité, c’est-à-dire l’opposée des règles traditionnelles de l'écriture, est présente sous deux formes dans le recueil.
• Tout d’abord, les formes qu’utilisent Apollinaire pour ses poèmes reflètent une certaine modernité.
• En effet, le poète refuse de ponctuer ses vers dans l’ensemble du recueil. Il n’y a aucun point, aucune virgule, ni parenthèse, ni guillemet. Ainsi, il laisse les mots rythmer la lecture des poèmes et les ambiguïtés causées par l’absence de ponctuation permettent aux lecteurs de laisser libre cours à leur imagination afin d’interpréter d’eux même le sens du poème. La suppression de la ponctuation permet également une certaine fluidité lors de la lecture des poèmes. Tous les poèmes du recueil sont concernés par cette innovation du poète. Cependant, l’absence de ponctuation dans le poème « Le Pont Mirabeau » est encore plus perceptible car selon l’interprétation du lecteur, le sens du poème peut totalement changer (=polysémique).
• Le poète n’hésite pas à recourir aux vers libres pour mettre en avant la modernité du recueil.
• Effectivement, les règles de versification traditionnelles ne sont donc plus respectées. Il parvient donc à abolir les contraintes d’écriture grâce aux formes qu’il choisit. Les vers libres permettent eux aussi une certaine fluidité dans l’œuvre. Cette innovation poétique aide le lecteur à donner de lui-même un sens aux poèmes. Nous pouvons utiliser comme exemple le premier poème « Zone » et le dernier « Vendémiaire » du recueil dont les vers sont totalement libres : ils sont sans strophes, sans rimes et sans unités métriques. Nous pouvons presque penser que ce sont des poèmes en prose. Dans « Zone », les vers peuvent être isolés ou regroupés. Il y a des vers longs et d’autres qui sont très courts.
• Apollinaire utilise également une versification traditionnelle qu’il alterne avec les vers libres, c’est un signe certain de la modernité et de l’originalité dans le recueil.
• Par exemple, « Crépuscule » (quatrains d’octosyllabes) et « Mai » (quatrains d’Alexandrin) sont des poèmes versifiés, tout est rigoureusement compté.
• On peut donc dire qu’Apollinaire bouleverse les codes poétiques traditionnels du XIXème siècle.

1. Les thèmes du recueil qui sont inspirés de la vie moderne

• La modernité est également présente au sein des thèmes du recueil. Ils sont inspirés de la vie moderne du XIXème siècle et du début du XXème siècle.
• En effet, en 1913, lorsqu’Apollinaire publie Alcools, l’Europe est engagée dans la deuxième révolution industrielle qui est marquée par l’automobile, la chimie, le pétrole et l’électricité. Le poète se trouve en fait dans un univers dans lequel des énergies sont produites afin de permettre la mobilité et la vitesse. Le paysage qui l’entoure se transforme et devient urbain. Ainsi, Apollinaire veut rester fidèle à un « esprit nouveau », à travers sa poésie il veut refléter le monde issu de la deuxième révolution industrielle. C’est pour cela qu’il évoque à de nombreuses reprises les nouvelles innovations techniques comme les automobiles, les avions... Il fait également entrer les objets du quotidien dans ses poèmes car pour Apollinaire, tout est potentiellement poétique comme par exemple dans le poème « Zone ».
• Nous pouvons prendre pour exemple les poèmes qui encadrent le recueil « Zone » et « Vendémiaire » car ils évoquent tous deux la ville de Paris.
• Effectivement, dans « Zone », Apollinaire fait l’éloge de la « rue industrielle ». Le poète ère dans Paris du matin au soir. Nous savons qu’il parle de Paris car il évoque la Tour Eiffel. Ce poème rend clairement hommage à la vie moderne et donc à la ville. Il y évoque les progrès techniques du XIXème siècle : le gaz, l’automobile, le pétrole et l’aviation. De plus, ce poème s’ouvre sur un vers qui montre que le poète a soif de modernité. Dans ce poème de nombreux thèmes qui renvoient à la modernité sont présents : la publicité, la présence des métiers nouveaux. « Zone » est en fait une célébration lyrique du monde moderne.  
• Dans « Vendémiaire », le poète s’adresse à Paris. En effet, Paris est personnifiée. Dans ce poème, il montre la réalité du monde moderne. Il y peint donc les avantages et les inconvénients de cette modernité.
• Il y a également d’autres poèmes qui mettent en avant la modernité du recueil. Comme par exemple l’évocations des monuments, dans « Le Pont Mirabeau » ou même l’évocation de villes étrangères comme Londres dans « La Chanson du Mal Aimé »
• Dans le recueil, d’autres thèmes qui témoignent de la modernité sont présent comme la vie nocturne, les cafés ou même la prostitution dans le poème « 1909 ».
• Nous pouvons donc dire qu’Apollinaire se fait le chantre de cette modernité et de l’univers urbain en général.

1. Apollinaire, un artiste d’avant-garde

• Apollinaire est considéré comme le père spirituel de la modernité en raison de toutes les innovations qu’il a intégrées dans ses œuvres.
• Premièrement, Apollinaire côtoie un environnement artistique à partir de 1904. C’est dans cet environnement qu’il fait la connaissance de Picasso, Max Jacob, André Derain, et Giorgio de Chirico. La rencontre entre Picasso et Apollinaire leur permet de mettre en commun leur envie de renouveler leur art respectif.  
• En 1907, Apollinaire fréquente le Bateau-Lavoir, connu pour être fréquenté par de nombreux artistes. Ainsi, son entourage lui permet d’avoir une nouvelle source d’inspiration.
• Alcools est composée selon une architecture cubiste car il s’inspire de ses amis artistes. En effet, nous pouvons remarquer l’absence d’un ordre chronologique, les poèmes sont un peu désordonnés. Apollinaire mélange les périodes et les influences.

Des poèmes écrits à des époques différentes se succèdent. En effet, le recueil s’ouvre sur « Zone » qui a été écrit juste avant la publication du recueil pour enchaîner peu après avec « La Chanson du Mal-Aimé » composé après la rupture d’Apollinaire avec Annie Playden. De plus, les poèmes d’inspiration symbolistes « Merlin et la vieille femme » côtoient ceux qui annoncent le surréalisme « La tzigane ». Cependant, il existe des jeux d’échos entre les textes, « Zone » et « Vendémiaire » en sont un exemple.

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