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« Télégramme de Dakar », Henri Michaux

Commentaire de texte : « Télégramme de Dakar », Henri Michaux. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  894 Mots (4 Pages)  •  868 Vues

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Commentaire

        « Télégramme de Dakar » est un poème écrit par Henri Michaux. Il provient d’un recueil intitulé Lointain intérieur, paru en 1938. L’écrivain belge, hormis les diverses ouvrages poétiques qu’il publie, rédige également des carnets de voyages, issus de périples réels ou imaginaires, que l’on pourrait étroitement comparer avec le texte étudié. Nous nous demanderons de quelle manière Henri Michaux parvient à nous embarquer avec lui dans son parcours tout en proposant une certaine modernité poétique. Tout d’abord l’analyse portera sur l’analogie entre le poème et le télégramme, contenue au sein d’une structure nouvelle. Ensuite nous étudierons la façon dont le poème nous atteint en tant que lecteurs, et comment celui-ci s’ancre en nous.

        D’abord, le poème présente une forme inattendue, il respecte la structure stricte d’un télégramme tout en contournant les règles de la poésie traditionnelle.

        Ainsi, « Télégramme de Dakar » montre un style télégraphique qui diffère de la structure ordonnée de la poésie classique. On retrouve une forte ponctuation qui hache le texte pareillement à un télégramme composés d’une alternance de traits et de points. Par exemple, ligne 11, on remarque cette même alternance entre l’adjectif et la virgule, « … bas, blafards, informes, ». Les phrases non verbales sont plus abondantes que les phrases verbales ; « sous des nuages pour glas » (ligne 15), ou « Baobabs baobabs baobabs » (ligne 24), montrant encore cette similarité. Ensuite, la plupart des noms sont complétés par un seul adjectif qualificatif, créant ainsi un groupe nominal simple à deux mots (« village endormi », ligne 21, « nuages bas », ligne 11), comme si l’auteur avait voulu exprimer seulement l’essentiel pour faciliter l’éventuelle rédaction d’un télégramme. On relève par exemple « Problème toujours là », (ligne 43), ou encore « Baobabs beaucoup baobabs ».

        De plus, le poème incarne une modernité peu commune pour l’époque. Les strophes habituellement égales ou presque égales les unes aux autres sont ici composées d’un seul vers parfois («village», ligne 31), jusqu’à 10 vers pour la strophe comprise entre les lignes 32 à 41. Ensuite, les vers au sein de ces strophes ne respectent pas chacun le même nombre de syllabes, mais sont incontestablement inégaux, on remarque ainsi que certains vers sont composés d’une seule syllabe («Noirs», ligne 32), contrairement à d’autres composés de 13 syllabes, par exemple « Têtes noires sans défense avalées par la nuit. ». Aucune strophe ne présente de rimes, instaurant ainsi une atmosphère d’indépendance entre les vers. Enfin, la nouveauté mise en avant par le texte est symbolisée par des sortes d’alinéas, présents par exemple aux vers 22, 31 ou encore 43.

        Bien que l’œuvre soit une comparaison qui transgresse les principes traditionnels de la poésie, elle stimule également nos sens à travers un univers naturel développé.

        Michaux parvient à mettre en scène son périple, ainsi les sens visuels et sonores du lecteur sont stimulés et la représentation de chaque vers devient possible. Le mot « baobab », outre sa tonalité mélodique, est répété 31 fois, apportant une certaine musicalité au passage. Des anaphores renvoient le lecteur au vers précédent comme aux lignes 39, 40, 41. Cela instaure un volume, lui-même fragmenté par le rythme haché qui caractérise le texte et qui permet au lecteur de se représenter les vers par des images brèves. Les exclamations de la quatrième strophe « Malédiction », « Malédiction sur CHAM », « Malédiction sur ce continent », participent à la dynamique sonore et à la possibilité pour le lecteur de s’imaginer la situation. L’auteur parvient également à exprimer son ressenti au travers d’un seul mot, qui semble incohérent sorti de son contexte, on relève par exemple « Noirs » qui constitue à lui seul un vers.

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