Supplément au voyage de bougainville
Commentaire de texte : Supplément au voyage de bougainville. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar susajezu • 22 Juin 2019 • Commentaire de texte • 731 Mots (3 Pages) • 709 Vues
Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot, 1772
Texte 1
Chapitre I, « Jugement du voyage de Bougainville », de « A.- Ô Aotourou, que tu seras content de revoir ton père… » à la fin du chapitre (l.183-221 de l’édition Classico Lycée)
Montrer comment Diderot remet en cause le modèle européen
- Le regard de l’autre
1. Le point de vue des Européens Leur mode de vie est supérieur à celui des civilisations plus proches de la nature. A montre dès le premier chapitre qu’il paraît impossible à un Européen de remettre en cause le bien-fondé de ses mœurs et la supériorité de sa civilisation sur les sociétés plus primitives. Il exprime ce point de vue en s’étonnant des propos de B qui soutient que les Tahitiens ne comprendront pas les mœurs européennes et en auront une vision négative. Ainsi, A n’intervient que par des phrases interrogatives tant qu’ils évoquent ce point («Pourquoi peu de choses?», l.186; «Et pourquoi ne le croiront-ils pas?», l.189; «En vérité?», l.193). A incarne un personnage à la fois ignorant, il n’a pas lu le Supplément et en connaît moins sur Tahiti que B et critique car il met en cause la vision de B qu’il considère comme idéalisée et peu clairvoyante: «Est-ce que vous donneriez dans la fable d’Otaïti?», l.202. Par son attitude dubitative, il invite B à donner des précisions et à développer son point de vue.
2. Un regard critique sur la civilisation européenne. Alors que A n’émet que des questionnements, B ne propose que des réponses à ceux-ci comme le souligne la présence de locutions conjonctives causales en tête de ses phrases («Parce qu’il en a peu conçues...», l.187; «Parce qu’en comparant leurs mœurs aux nôtres...», l.190). Il défend ensuite son point de vue par une phrase exclamative : «La vie sauvage est si simple, et nos sociétés des machines si compliquées!», l.194-195 qui met en valeur son jugement, puis par des phrases déclaratives auxquelles l’emploi du présent de vérité générale confère l’aspect de véritables maximes: «L’Otaïtien touche à l’origine du monde et l’Européen touche à sa vieillesse. L’intervalle qui le sépare de nous est plus grand que la distance de l’enfant qui naît à l’homme décrépit.» (l.195- 198). B propose donc de projeter le regard des Tahitiens sur la civilisation européenne pour voir en quoi ses lois et ses mœurs sont loin d’apparaître comme naturelles et peuvent, au contraire, susciter de l’étonnement, de l’incompréhension voire même du mépris («Il n’entend rien à nos usages, à nos lois, ou il n’y voit que des entraves déguisées sous cent formes diverses, entraves qui ne peuvent qu’exciter l’indignation et le mépris d’un être en qui le sentiment de la liberté est le plus profond des sentiments.», l.198-201).
- La critique de la civilisation européenne
1. Les oppositions entre les deux civilisations. La différence entre la «vie sauvage» et les sociétés civilisées repose sur deux oppositions majeures. D’un côté, la vie des Tahitiens est placée sous le signe de la simplicité («La vie sauvage est si simple», l.194) et de la liberté; de l’autre, les sociétés civilisées sont présentées comme des «machines si compliquées» (l.195), dont les usages et les lois peuvent apparaître comme des entraves. Ainsi, les Tahitiens sont d’emblée décrits comme un peuple aux mœurs simples qui ne suivent que les lois de la nature et chérissent plus que tout leur liberté. Cette idée introduit déjà de manière discrète le fait que cette liberté s’exprime en particulier dans le domaine de la sexualité. Les Européens sont associés à une société complexe régie par des lois qui vont à l’encontre de leurs désirs. Cette vision des deux sociétés sera approfondie par la suite mais Diderot fait déjà état ici des principales divergences qui opposent ces deux peuples.
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