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Racine, Phèdre, acte I, scène 3, commentaire

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Par   •  31 Mai 2020  •  Commentaire de texte  •  1 574 Mots (7 Pages)  •  1 295 Vues

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Jean Racine, Phèdre, 1677, scène de l’aveu, acte I, scène 3

Introduction

Dans la préface de Phèdre, Racine écrit que « Phèdre a toutes les qualités qu'Aristote demande dans le héros de la tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur. » En effet, « Phèdre n’est ni tout à` fait coupable ni tout à fait innocente ».

En jugeant son personnage dès la préface de son œuvre, Racine le fait immédiatement apparaître dans sa dualité. Comment cette apparente contradiction entre noirceur et innocence s’explique-t-elle à la lecture de la pièce ? Phèdre est coupable de son amour pour Hippolyte mais elle est innocente car elle est poursuivie par la vengeance implacable de Vénus. Dans cette tirade, Phèdre considère elle-même son amour comme un crime mais elle plaide en montrant combien elle lutte contre la fatalité. Tous ses efforts sont cependant vains, c’est pourquoi elle songe au suicide.

Problématique

Comment Racine construit-il cette révélation de Phèdre à sa nourrice pour inspirer à la fois la terreur et la pitié pour montrer que son personnage est à la fois coupable et victime ?  

[pic 1]

Composition

I –La première rencontre avec Hippolyte et le coup de foudre (v. 269 à 278)

II – Les moyens mis en place pour lutter contre la passion (V. 279 à 296)

III/ Un soulagement relatif et la deuxième rencontre avec Hippolyte (V. 297 à 306)

I –La première rencontre avec Hippolyte et le coup de foudre (v. 269 à 278)

🡪Au vers 269, on peut noter une volonté de l’héroïne de revenir en arrière pour expliquer les origines de son mal : « Mon mal vient de plus loin ».  Elle avoue ainsi à Oenone qu’elle aime Hippolyte depuis très longtemps et que son amour n’est pas né suite à la mort de son mari, dans un moment d’égarement.

🡪S’ensuit alors un déroulement chronologique : Phèdre évoque alors son mariage et les premiers moments de sa vie conjugale : vers 269 « A peine au fils d’Egée, / Sous les lois de l’hymen, je m’étais engagée / Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ». Les temps employés construisent cette révélation comme un basculement.  D’abord Phèdre revient dans le passé (plus-que-parfait : « je m'étais engagée » v.270). Ensuite elle poursuit avec un imparfait (« mon bonheur semblait » v.271). Puis le basculement lui-même est raconté au passé simple (« montra » v.272).

🡪On repère alors la simultanéité entre le mariage et son sentiment de bonheur ainsi que l’arrivée d’Hippolyte (V. 272) : « Athènes me montra mon superbe ennemi ». Son repos a été de courte durée.  L’objet de son amour est désigné avec la périphrase « mon ennemi » qui est aussi un oxymore. Cela révèle la complexité de ses sentiments : elle oscille entre passion et sentiment de culpabilité.

🡪Le coup de foudre a alors eu lieu de manière instantanée et irrémédiable, v. 272. On relève le procédé de personnification pour montrer que c’est le destin qui a placé Hippolyte sur son chemin et que leur rencontre était inévitable.

🡪Au vers 273 : description du coup de foudre qui commence par un regard. Cette description se fait par un alexandrin en rythme ternaire qui mime les 3 étapes successives du coup de foudre : « Je le vis, je palis, je rougis à sa vue ». Cette gradation ascendante montre la rapidité de la naissance de la passion amoureuse.

🡪 Au vers 275, elle montre sa vulnérabilité et son impuissance à lutter contre sa passion au travers une succession de tournures négatives : « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ». Elle perd toutes ses facultés sensorielles mais aussi physiques : « Je sentis tout mon corps et transir, et brûler ». On peut noter la puissance de la passion, à travers la métaphore de la flamme amoureuse qui consomme tout.

🡪 Du vers 277 à 278 : elle tient responsable Vénus de ce qui lui arrive : « Je reconnus Vénus, et ses feux redoutables, / D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables ». Elle montre alors son impuissance à échapper à cette passion. L’usage de l’adjectif à préfixe privatif « inévitables » le montre également.

II – Les moyens mis en place pour lutter contre la passion (V. 279 à 296)

🡪Phèdre expose maintenant les différents moyens mis en place pour lutter contre sa passion amoureuse. Du vers 279 au vers 288, elle présente ses différentes pratiques religieuses. On retrouve le champ lexical de la lutte : « vœux assidus » (v. 279), « bâtis » (v. 280), « orner » (v. 280), « encens » (v. 284) et « implorait » (v. 285).

🡪Toutefois, ses premiers efforts sont vains comme l’indique les adjectifs à préfixe privatif : «incurable » (v. 283) et « impuissants » (v. 283).

🡪Sa passion est plus forte comme l’indique l’emploi du verbe «adorais » (v. 286), synonyme de « vénérer un Dieu ».

🡪Phèdre est obsédée par Hippolyte : « et le voyant sans cesse » (v. 286) et « je l’évitais partout » (v. 289). La tournure exclamative témoigne montre que ses efforts sont à nouveau vains : « O comble de misère ! / Je le retrouvais dans les yeux de son père ».

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