Plan détaillé du "Discours sur la misère", Hugo, 1849
Commentaire de texte : Plan détaillé du "Discours sur la misère", Hugo, 1849. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nanou86 • 7 Février 2018 • Commentaire de texte • 2 301 Mots (10 Pages) • 2 777 Vues
Quel est ce texte? | Quelle est sa visée profonde? |
un discours éloquent et structuré politique poétique hugolien | prendre la défense du peuple accuser les députés passifs et leur faire prendre conscience de l'urgence développer une thèse : argument misère > anarchie |
LE DISCOURS POLITIQUE ÉLOQUENT D'UN POETE ENGAGÉ | UN COMBAT SUBLIME POUR LE PROGRES SOCIAL |
1- un discours politique ou "délibératif" - énonciation : je, "moi qui parle" / vous, apostrophe "messieurs", questions rhétoriques, "cette assemblée" ; présent d'énonciation - lexique juridique : "lois" lignes 34, 43 - ancrage précis : ligne 24, ligne 43 "lois contre l'anarchie" > visée claire = faire voter "les lois contre la misère" pragmatique du discours = site espacefrançais.com "acte de langage" : visée perlocutoire de la parole (quand dire c'est faire). Hugo voudrait que son "dire" conduise à un FAIRE instantané (insistance toute particulière sur cette oralité du discours dans le texte = anaphores "je dis" paragraphes 1 et 5, "j'insiste sur ce point l29, "je le répète en terminant" l40) Il s'agit d'agir sur l'interlocuteur, de le conduire à ressentir voire à agir de telle ou telle façon, ici en particulier l'émouvoir pour l'amener à voter ces lois pour abolir la misère. > Pour ce faire, Hugo met tous les atouts de son côté = la rhétorique, l'éloquence, l'art de persuader et de convaincre | 1- la défense du peuple - tableau des "misérables" (par. 2 à 4 et négations l. 30-34) > pathétique voire tragique (pitié et terreur cf "douloureux" l15) - peuple du côté du "bien" (un peu de manichéisme chez Hugo?) = ligne 35-36 = sainte trinité populaire, avec gradation "gens de coeur" = sémantisme religieux, le peuple est "juste et bon", angélique - le peuple est donc la victime innocente d'un ordre moral injuste et contraire aux lois de Dieu (ligne 22 ""des crimes envers Dieu", ligne 35 "lois évangéliques") > Hugo est son seul soutien, son porte-parole = par. 5 = devoir MORAL d'agir pour empêcher le peuple de souffrir, de mourir, pour éradiquer la misère = vocabulaire moral = verbe "devoir", les "torts". l'énumération ligne 19 concerne bel et bien Hugo |
2- un discours rhétorique structuré - les 5 parties traditionnelles du discours - le raisonnement inductif - l'expression de la thèse, avec l'argument final qui convainc (la misère source de "révolution", de désordre "matériel") > clarté de la progression > l'art de convaincre ne va pas sans l'art de la persuasion propre à l'exercice oratoire de l'éloquence Mais ce discours est surtout un texte littéraire voire poétique | 2- l'accusation des politiques au registre pathétique et tragique (voir II1) s'ajoute un registre polémique voire satirique - Hugo s'adresse à ses interlocuteurs comme à des individus a) ignorants, inconscients du pb : Hugo veut leur ouvrir les yeux sur une réalité qu'ils ignorent ou feignent d'ignorer - "voulez-vous savoir" (lignes 1-2). Il leur montre la REALITE qu'ils occultent, en insistant sur la DOULEUR (ligne15) qu'elle doit susciter chez eux. Il leur fait donc une leçon sociale et morale. b) responsables, et coupables, ils ne font pas leur "devoir" : Hugo se fait redresseur de "torts" (ligne 22) > par. 5 = Il va des faits aux causes, or c'est la "société" tout entière qui est coupable, et "l'assemblée" qui la représente, car elle n'agit pas, elle ne fait rien pour éradiquer la misère. par. 6 surtout = souligne l'inutilité des lois votées par les députés (l43 "contre l'anarchie", ie. lois qui ont rétabli 'l'ordre matériel", l29... après révolte de juin 48 et "parti de l'Ordre" au début de la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte) par anaphore de la négation "ne... rien". Hugo cherche donc à moraliser le monde politique, à le rendre plus "humain", "humaniste" (adj de sens fort = "solidaire" 21, "fraternelles" et "évangéliques" 34 - 35,), en soulignant le lien de cause à conséquence entre "l'homme malheureux" et "l'homme méchant". C'est en luttant contre les racines de la misère que les députés établiront pour longtemps un "ordre matériel" et politique stable, loin des dangers de "l'émeute" (l5) et de la "révolution". (analyse de la péroraison) Ici on retrouve une des grandes idées hugoliennes : la misère de quelques-uns finit par faire le malheur de tous. Un peu comme un enseignant, Hugo s'adresse à ses élèves en leur posant le problème à résoudre, en leur montrant qu'ils n'ont jusqu'ici rien résolu, et en leur donnant les moyens de le résoudre. |
3- le discours éloquent d'un homme, de lettres - Hugo = un homme, porte-parole de la "société" ligne 21 & un écrivain qui déploie toutes les ressources de l'éloquence pour mieux > double originalité du discours = Hugo parle comme homme et comme poète et non comme député d'un camp (lignes 25-26)
| 3- un appel sublime à l'abolition de la misère - transfiguration "sublime" (ligne 27) du combat à mener : le réalisme de l'ancrage socio-politique va de pair avec une représentation extra-ordinaire des forces en présence > étude des allégories : le monstre Misère secondé par la dévoratrice "usure" (l33) fait souffrir le "Peuple" et seule une "assemblée" "en marche" comme un seul homme ("une seule âme" ligne 27) peut lui venir en aide. Comme souvent chez Hugo, la force de la métaphore et la grandiloquence des images vient renforcer le propos. On assiste ici, au-delà de l'argumentaire, à une sorte de réécriture "sublime" de la lutte (sorte de gigantomachie qui peut relever du registre épique) - caractère sublime du ton : en rhétorique, le sublime désigne le ton propre aux sujets élevés, qui touche à la sensibilité et donne une idée de la grandeur. ligne 23 = un orateur "pénétré" (inspiré) qui veut "pénétrer" ses auditeurs. Force communicative du souffle littéraire et de l'éloquence (< I3), enjeux grandioses soulignés par les hyperboles et des images, en particulier à la fin : monde infernal "ténèbres" et "abîmes" dont il faut sortir définitivement. |
Ce texte est un coup de force politique : Hugo soulève en pleine Assemblée conservatrice le problème social de la misère, en appelant à davantage de moralité en politique. S'il parvient à soulever les coeurs, c'est grâce à l'ampleur de son discours qui n'a d'égal que le sublime de sa propre implication dans ce combat. SUBLIME, adj. et subst. B. [À propos d'une chose] Ce qu'il y a de plus élevé dans l'ordre moral, esthétique, intellectuel. L'idée du sublime; atteindre, toucher au sublime. RHÉT. Style, ton propre aux sujets et aux genres élevés. Le sublime est une catégorie du style qui touche à la sensibilité et donne l'intuition de la grandeur |
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